En tête-à-tête avec nos chercheurs étoiles—Dr Madhukar Pai

Entrevue avec le Dr Madhukar Pai, directeur, programmes de santé mondiale, Université McGill

Coresponsable du programme de maladies infectieuses et d’immunité en santé mondiale, IR-CUSM 

Directeur adjoint du Centre international de la tuberculose McGill

Professeur adjoint au département d’épidémiologie, de biostatistiques et de santé au travail, Université McGill

 

Dr Pai, l'été dernier, vous avez été nommé directeur des programmes de santé mondiale à l'Université McGill. Quels sont vos objectifs maintenant que occupez ce nouveau poste?                            

 À l’Université McGill et à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), nous avons toutes les cartes en main pour devenir des leaders en matière de santé mondiale et de recherche translationnelle. Dans tous les secteurs de la santé, on met maintenant l’accent sur l’application de la science fondamentale pour obtenir des outils (ex: diagnostics, médicaments) utilisables en milieu clinique, sur l’épidémiologie translationnelle pour la mise en place de politiques à l’échelle de la population, sur la santé mondiale translationnelle qui cherche à établir un pont entre la science et la gamme de soins offerts.

Je suis très heureux d'avoir l’occasion d’offrir des conseils de gestion dans ces domaines. En tant que directeur des programmes de santé mondiale, je déploie tous mes efforts pour créer un nouveau programme de santé mondiale sérieux et dynamique, qui inspirera les étudiants à relever les défis du domaine et qui favorisera l’établissement de partenariats entre les membres du corps enseignant.  

Pouvez-vous nous en dire plus sur vos nouvelles responsabilités? 

  • Les programmes de santé mondiale s’articulent selon trois axes majeurs :
  • L’enseignement et la formation 
  • La recherche 
  • Les politiques, partenariats et plaidoyers  
  • Lorsque nous aurons bien cerné nos forces (ex. la tuberculose, le VIH, les maladies tropicales négligées comme les infections parasitaires), nous allons faire la promotion de notre expertise d’un bout à l’autre du réseau McGill à titre de niche propice à la formation et à la recherche. Les thématiques émergentes pourront potentiellement inclure la traumatologie, l’environnement, la santé mentale et les maladies non transmissibles; tous des domaines qui deviendront de plus en plus critiques dans le futur, alors que les pays en développement font une transition en matière de santé et que les maladies non transmissibles deviennent la cause principale de la détérioration de la santé.

    Nous sommes maintenant en train de cibler nos forces principales et les thématiques potentielles qui sculpteront l’avenir de ces trois catégories de programmes.  


Êtes-vous prêt à assumer toutes ces responsabilités? Comment vous allez procéder?

Fort de mes années de recherche sur la tuberculose, de mon expertise en matière de santé mondiale et de mon expérience sur le terrain en Inde et en Afrique du Sud, je suis prêt à assumer toutes ces responsabilités. Par contre, je n’y arriverai pas en travaillant seul. La réalisation des objectifs en santé mondiale repose sur le travail d’équipe. Je compte donc sur le soutien de mes collègues de la Faculté de médecine de McGill, de l’université, de nos hôpitaux d’enseignements et de l’IR-CUSM (notamment de ceux qui travaillent au Programme de maladies infectieuses et d’immunité en santé mondiale). 


Quels conseils offririez-vous aux étudiants qui envisagent une carrière dans votre domaine de recherche?

De nos jours, tous les étudiants s’intéressent profondément à la santé mondiale. Ils se sentent interconnectés de plusieurs façons et se perçoivent eux-mêmes comme des citoyens du monde. C’est un comportement qui est beau à voir et qu’il faut alimenter. Selon moi, les étudiants représentent notre plus grande contribution et notre meilleur espoir. Si de plus en plus de jeunes gens s’enthousiasment au sujet de la santé mondiale, les effets positifs viendront naturellement.

Je suggèrerais aux étudiants de se renseigner sur les grands noms en santé mondiale (ex. Bill Foege, Paul Farmer) à qui l’on doit des contributions remarquables. Leurs œuvres sont absolument inspirantes.

Les programmes de santé mondiale offrent déjà plusieurs possibilités de voyage et de formation et j’espère réussir à faire converger plus d’investissements dans ce secteur, notamment afin d’élargir les perspectives de recherche sous mentorat et de financer/créer/multiplier des bourses de recherche. J’encourage tous les étudiants à visiter la page web des Programmes de santé mondiale (http://www.mcgill.ca/globalhealth/) et à s’impliquer activement dans les événements organisés (course, compétitions, etc.). 

De nombreuses autres possibilités de formation seront offertes. Par exemple, nos collègues en épidémiologie et en biostatistiques travaillent présentement sur une « Option de santé mondiale » (Global Health Option) qui sera offerte à tous les diplômés accédant aux cycles supérieurs. De plus, des efforts sont également déployés dans le but d’offrir des stages d’été dans le domaine des maladies infectieuses et de la santé mondiale, grâce au succès du programme d’été offert par le Centre international de TB McGill.


Quelles sont les qualités requises pour devenir un leader en santé mondiale? 

Au sens large du terme, la santé mondiale vise à construire un monde en meilleure santé. Chacun d’entre nous peut choisir de contribuer, peu importe sa discipline, formation ou spécialisation. En plus d’exceller dans son domaine de choix, l’optimisme est aussi une qualité indispensable; il faut croire qu’il est possible de faire une différence. 

La persévérance est également essentielle. Ce n’est pas facile d’améliorer la santé dans des contextes souvent pauvres en ressources; il faut s’y consacrer à long terme. Pensons aux nombreuses années de travail ardu qui nous ont permis d’éliminer la variole et d’éradiquer presque complètement la polio. Des travailleurs de la santé mondiale ont dû consacrer l’ensemble de leur carrière à ces causes. 

Évidemment, le travail d’équipe est crucial. Il faut plus d’un individu pour obtenir des résultats d’une telle envergure. Bill Foege a fait un discours génial intitulé What Makes Global Health and the People Who Practice It Special?, qui mérite d’être visionné : http://www.youtube.com/watch?v=6vQ6ICu7N2Q 


En tant que chercheur dans le domaine de la tuberculose, qu’est-ce qui contribue à façonner votre vision et votre expertise au sein de vos nouvelles fonctions?

À travers mon parcours professionnel, j’ai formé du personnel et travaillé dans plusieurs contextes pauvres en ressources, et j’ai réussi à élaborer un programme de recherche riche et bien financé, grâce à des subventions versées entre autres par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), la Fondation Gates et les Grands défis Canada. J’ai également travaillé à titre de conseiller pour diverses agences internationales (ex. Organisation mondiale de la santé, partenariat Halte à la tuberculose) et de nombreux donateurs (Fondation Gates, Fondation Clinton, UNITAID). 

J’espère que toutes ces expériences m’aideront à bâtir un programme de santé mondiale solide, pour que le réseau McGill, incluant l’IR-CUSM, puisse accéder au premier rang de ce secteur et ainsi permettre à nos nombreux programmes de recherche et d’enseignement de rayonner internationalement.