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N'oublions pas la tuberculose !

Les Canadiens ont souvent tendance à ignorer la tuberculose : après tout, croît-on, c’est une maladie qui se traite facilement et qui ne touche que les pays en voie de développement… La tuberculose demeure pourtant une menace mondiale comme nous le rappelle en ce 24 mars la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose. Un tiers de la population mondiale est porteuse de la tuberculose et 1,3 million de personnes meurent de cette maladie chaque année selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Actuellement, le traitement de la tuberculose pharmacosensible exige une éreintante prise d’antibiotiques pendant six mois. Si le traitement prescrit n’est pas le traitement qui convient au patient, si les médicaments prescrits ne sont pas de bonne qualité ou encore si le patient néglige de prendre les médicaments tels qu’ils ont été prescrits, des souches pharmacorésistantes de la tuberculose peuvent alors apparaître. Dès lors, le traitement de ces souches résistantes est beaucoup plus long, plus toxique et présente moins de chances de succès. Chaque année, de nouvelles souches pharmacorésistantes apparaissent et, au cours des dernières années, plusieurs rapports ont fait état de souches résistantes à plus d’une dizaine d’antibiotiques. Or, comme on développe très peu de nouveaux antibiotiques contre la tuberculose, ces souches résistantes constituent une réelle menace et compromettent le traitement et le contrôle de la maladie. 

Compte tenu des millions de personnes qui voyagent dans le monde entier chaque année, le risque de contracter la tuberculose et sa forme pharmacorésistante n’est pas limité aux pays éloignés. Souvenons-nous de cet incident de 2007 alors qu’un citoyen américain atteint d’une tuberculose résistante à plusieurs antibiotiques avait prix sept vols qui l’avaient conduit dans six pays en 12 jours, s’arrêtant notamment à Montréal et risquant de contaminer des milliers de personnes. Les Canadiens, et les autorités du pays, ont donc un intérêt certain à contribuer à la lutte contre la tuberculose, tant au pays qu’à l’étranger. 

Depuis de nombreuses années, le Canada combat avec succès la tuberculose, mais cela ne nous autorise pas à considérer cette maladie comme une maladie du passé, comme c’est encore trop souvent le cas. Dans certaines régions du Canada, l’incidence de la tuberculose est l’une des plus élevées du monde. En 2012, nous avons connu deux flambées épidémiques de tuberculose au Nunavut et au Nunavik. Dans ces régions du Canada, l’incidence de la tuberculose augmente chaque année depuis 10 ans. Sir William Osler, le plus éminent chercheur dans le domaine et professeur à la faculté de médecine de l’Université a décrit la tuberculose comme « une maladie sociale qui a des conséquences médicales ». Plus que jamais, nous devons nous rappeler ces mots et accroître nos efforts pour éradiquer cette « peste blanche ».

Team

Dr Marcel Behr
Directeur, Centre international de TB McGill
Microbiologiste en chef, Centre universitaire de santé McGill (CUSM)
Chercheur, Infection et immunité, Institut de recherche du CUSM

Dr Dick Menzies
Directeur associé, Centre international de TB McGill
Institut thoracique de Montréal, Centre universitaire de santé McGill (CUSM)
Chercheur, santé respiratoire, Institut de recherche du CUSM


Centre international de TB McGill : www.mcgill.ca/tb