Le programme québécois de procréation assistée fête ses deux ans

Chaque semaine, des centaines de couples se rendent au Centre de reproduction McGill dans l’espoir de réaliser leur voeu le plus cher : devenir enfin parents. Il s’agit souvent d’un ultime effort après l’échec d’un long parcours du combattant pour tenter de concevoir de façon naturelle. Ici non plus, ils n’ont aucune garantie de réussite. Le traitement de l’infertilité demeure une épreuve physique et émotionnelle ; heureusement, dans bien des cas, il ne représente désormais plus un gouffre financier.

Depuis août 2010, le gouvernement québécois subventionne les traitements de fertilisation in vitro (FIV), une première au Canada. Les couples infertiles du Québec peuvent maintenant profiter de trois cycles de FIV financés par le gouvernement, au lieu d’avoir à payer jusqu’à 15 000 $ par cycle. « Ce programme devrait servir de modèle au reste du pays », dit le Dr Hananel Holzer, directeur médical du Centre de reproduction McGill, établi à l’hôpital Royal Victoria. « Il s’agit déjà d’une grande réussite. »

Le nombre de cycles pratiqués par le Centre a plus que doublé, à 2 000 par an, tandis que le taux de réussite a légèrement diminué. Ce recul est en grande partie attribuable à une nouvelle règle qui vise à réduire le nombre de naissances multiples en limitant le nombre d’embryons par cycle de traitement. Ainsi, le nombre de naissances multiples a reculé de 20 %, ce qui,selon le Dr Holzer, entraînera deséconomies pour le système de santé.« Avant le programme de subventions gouvernemental, c’était l’inconvénient de lafIv », dit-il. « Les couples aiment l’idée d’avoirdes jumeaux ou des triplets, mais oublientque ceux-ci présentent un risque beaucoup plus grand de naissances prématurées et de problèmes de santé, ce qui est très coûteux pour le système. »

La préservation de la fertilité des personnes aux prises avec le cancer est subventionnée ; c’est l’un des volets du programme du CUSM dont le Dr Holzer est le plus fier. Avant de subir des traitements contre le cancer qui pourraient les rendre infertiles, les patients peuvent faire congeler du sperme, des ovules ou des embryons, et Québec défraie ces coûts. « Il s’agit souvent de jeunes qui n’auraient vraiment pas les moyens de préserver leur fertilité », dit-il. « C’est extraordinaire qu’on puisse désormais leur donner la possibilité de devenir parents. »

Au Centre de reproduction McGill,la prochaine étape consistera à investir 2 millions de dollars dans un programme de rénovations afin d’être en mesure d’offrir un plus grand nombre de traitements, ce qui devrait entraîner plus de naissances. Le gouvernement a demandé aux cliniques publiques et privées de la province de réaliser 7 000 cycles de fIv d’ici 2014.

Bien que les Québécois aient maintenant accès plus facilement aux traitements de fertilité, leurs chances de mener à terme une grossesse demeurent cependant les mêmes: les femmes de moins de 35 ans ont 50 % de chances de donner naissance, mais cette probabilité chute à 5 % lorsqu’elles atteignent 42 ans. Une statistique dont les couples devraient être plus conscients, estime le Dr Holzer. « Pendant des années, la carrière venait avant la famille, mais il faut dire aux gens que dame nature fonctionne autrement. En tant que société, nous devons réfléchir à cette réalité.