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Un appui précieux dans sa lutte contre le cancer

Elles rient, se taquinent et se racontent des anecdotes. Pourtant, ce qui les réunit n’est pas réjouissant. Il s’agit du cancer le plus meurtrier au Canada, le cancer du poumon. Marcelle est la patiente et Vivianne est son infirmière pivot, un poste qui s’inscrit au coeur des nombreuses innovations du Centre de navigation du cancer du poumon du Centre universitaire de santé McGill.

« Je n’ai ni père, ni mère, ni frères et soeurs, et pas de famille éloignée. Les seules personnes sur qui je peux compter sont mes quelques amis qui habitent tous à l’extérieur de Montréal », raconte la sexagénaire, Marcelle Desrosiers. « Viviane est un ange pour moi. Je peux l’appeler en tout temps. Elle est là pour répondre à mes questions et m’orienter vers la bonne personne, au bon moment. »

Marcelle Desrosiers a hésité avant d’accepter de débuter les traitements. Au fil de ses recherches, elle constate que ses chances de survie après cinq ans sont de 16 pour cent et que les traitements de chimiothérapie et de radiothérapie seront pénibles. « J’ai consulté une brochure intitulée “Vivre avec un cancer avancé”. Dans ma tête, cela rimait avec “mourir”.»

Malgré tout, rassurée et épaulée par son infirmière pivot, elle prend finalement la décision de porter des timbres pour cesser de fumer et de se battre pour vivre.

Le traitement du cancer du poumon implique en moyenne le support de 10 professionnels par patient, une réalité qui peut compliquer considérablement la coordination des interventions. « Cela est très angoissant pour les patients. Avant l’arrivée du Centre de navigation, ceux-ci se promenaient souvent d’un spécialiste à l’autre sans point de repère. Il arrivait même qu’après plusieurs semaines, certains patients ne sachent pas qui était leur médecin parmi tous les spécialistes qu’ils voyaient », explique Viviane Amos.

« Depuis deux ans, le Centre de navigation du cancer du poumon vient simplifier les choses, avec une série d’initiatives simples et efficaces », ajoute Andréanne Saucier, la directrice associée en soins infirmiers de la Mission des soins de cancer et services respiratoires. Elle rappelle qu’il y a 500 personnes qui reçoivent un diagnostic du cancer du poumon chaque année au CUSM.

Les résultats du Centre de navigation sont au rendez-vous. En plus de réduire l’anxiété chez les patients, l’initiative aura permis une réduction du temps d’attente de 18 jours entre la date de référence initiale et le début des traitements, soit une baisse de 24 %.

« Bien que cette réduction puisse sembler relativement petite, ces 18 jours ont un effet direct sur les chances de survie du patient. Le cancer du poumon compte parmi les plus virulents et chacune des journées gagnées a une importance cruciale pour le patient », insiste le Dr David Mulder, directeur du centre. 

Outre le travail des infirmières pivot, le succès du Centre de navigation du cancer s’explique également par la mise sur pied de différents outils, inspirés des principes de la méthode Toyota. Dès le départ, une clinique de recherche permet au patient suspecté d’avoir un cancer du poumon d’obtenir un diagnostic rapide. Ensuite, le guichet unique, une centrale d’assistance téléphonique facile d’accès, permet de gérer Ies rendez-vous médicaux et offre un support au patient pour toute autre difficulté. À ce jour, les 1 214 patients sont identifiés par une base de données qui permet de surveiller les délais de traitement ou les périodes d’attente, en temps réel.

Enfin, une évaluation continue du programme permet d’identifier les lacunes et d’agir sur celles-ci.

Le cancer du poumon

Parmi tous les cancers, le cancer du poumon est le plus meurtrier au Canada. En 2012, on estime que 20 200 personnes en décèderont au pays. Pour la même année, plus de 8 000 nouveaux cas seront diagnostiqués au Québec seulement.

« Nous croyons que ce centre représente une percée importante dans l’amélioration des soins pour les personnes atteintes du cancer. Le défi principal du système de santé est d’optimiser les processus de travail et de réduire le gaspillage des ressources. C’est exactement ce que nous faisons avec le Centre de navigation », s’enthousiasme le Dr Mulder. Marcelle Desrosiers a complété son trentième traitement de radiothérapie au début du mois de juin dernier. On estime que 75 % de ses tumeurs cancéreuses ont maintenant disparues. « J’ai eu d’autres problèmes de santé importants dans le passé et je peux vous assurer que le Centre de navigation du cancer fait la différence. Pendant toute la durée des séances de radiothérapie, j’ai dormi en moyenne 18 heures par jour. Sans Viviane, je ne sais pas comment j’aurais fait ! »

L’implantation du Centre de navigation du cancer du poumon a été rendue possible grâce à la participation de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal et la Fondation de l’Hôpital général de Montréal, appuyée notamment par la Fondation Jarislowski. Un guide de référence, visant l’exportation du projet vers le traitement d’autres cancers et d’autres centres hospitaliers sera publié sous peu.