La chirurgie minimalement invasive au CUSM, plus qu'une procédure
L’an dernier, le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) célébrait ses 20 ans de chirurgie laparoscopique. Il a été l’un des premiers établissements hospitaliers au Canada à pratiquer la cholécystectomie (ablation de la vésicule biliaire) par laparoscopie. Au cours de ces deux décennies, la chirurgie peu effractive, communément appelée chirurgie minimalement invasive ou chirurgie laparoscopique, a connu une expansion fulgurante au CUSM et elle est maintenant pratique courante pour certaines des procédures abdominales les plus complexes, notamment pour le cancer et les greffes, parfois avec l’aide de la robotique. Elle est en fait devenue la plateforme d’innovation de l’ensemble du département de Chirurgie.
« La CMI est plus qu’une façon de faire une opération de la vésicule biliaire ou des poumons, bien qu’elle en soit une étape très importante », dit la Dre Liane Feldman, directrice de la division de chirurgie générale au CUSM et titulaire de la chaire Steinberg-Bernstein de Chirurgie minimalement invasive et d’Innovation. « La CMI fait partie de notre philosophie d’amélioration des soins au patient. Les soins préopératoires et postopératoires jouent également un grand rôle dans l’ensemble du processus, sans oublier les blocs opératoires de pointe, un enseignement de qualité supérieure et l’intégration de la recherche et de l’évaluation à tout ce que nous faisons. »
LE CUSM, un pionnier de l’enseignement de la CMI
L’un des avantages d’un programme de CMI aussi fort est de doter le CUSM d’une base de dossiers lui permettant de pouvoir former la prochaine génération. En chirurgie colorectale, par exemple, trois chirurgiens se consacrent à la CMI. En Amérique du Nord, la pénétration de ce type de chirurgie en résection colorectale stagne autour de 15 pour cent des cas. Le CUSM se situe à 80 pour cent. Compte tenu de ce fort volume, l’expertise s’est grandement développée, ce qui fournit ainsi un milieu de formation riche aux résidents et aux boursiers de recherche.
« Enseigner la CMI, c’est-à-dire développer la compétence et la confiance des résidents pour qu’ils utilisent ensuite cette technique chirurgicale en pratique indépendante, est une partie importante de notre mission en Chirurgie », dit la Dre Feldman. « Nous avons aussi un programme de bourses de recherche en CMI. Au cours du processus d’agrément, nous avons été fiers de voir l’évaluateur affirmer que notre programme était l’un des plus forts en Amérique du Nord. »
Selon la Dre Feldman, la recherche sur la formation chirurgicale est bien intégrée au programme. « La façon d’enseigner ces nouvelles compétences et la façon de développer l’expertise technique sont des aspects clés de la diffusion de ces nouvelles technologies en toute sécurité au bénéfice du plus grand nombre de patients, » dit-elle. En outre, il est important de faire de la recherche et de l’évaluation à l’égard de cette technique et de ces procédures nouvelles. « Il y a toujours de nouvelles façons de faire et une nouvelle technologie, mais il nous faut évaluer ces innovations avec rigueur et faire avancer les connaissances dans ces domaines. »
Les soins préopératoires, peropératoires et postopératoires
Le processus des soins périopératoires, c’est-à-dire la délivrance de soins avant, pendant et juste après l’intervention chirurgicale, forme une composante très importante de la CMI. « L’objectif de la CMI est de réduire au minimum les incisions pour diminuer une partie du traumatisme chirurgical, » dit la Dre Feldman. « Mais nous devons également réaliser qu’en nous concentrant exclusivement sur ce qui se passe en salle d’opération, nous ne maximiserons pas les avantages de la CMI. »
Pour que les aspects périopératoires de la CMI soient aussi pris en compte, on a constitué une équipe pluridisciplinaire chargée d’élaborer des pistes de soins en vue d’améliorer le processus du rétablissement. Dans ce cadre, on fait de la recherche pour tenter de quantifier ce type d’avantages pour les patients. Par exemple, que signifie se remettre d’une opération? Comment mesurer cette dimension? Et quels effets ces interventions ont‑elles eu sur le rétablissement?
« Une étude, sous la direction du Dr Franco Carli, du Département d’anesthésiologie, a évalué si le recours à un programme d’exercice avant l’intervention avait un effet sur le rétablissement au terme d’une chirurgie du côlon. Nous avons appris que cela améliorait la qualité de vie avant l’intervention chirurgicale et le rétablissement chez des patients dont l’état physique s’était amélioré. Mais l’exercice n’était pas suffisant pour aider tous les patients. Nous commençons donc maintenant un nouvel essai qui fait appel à l’exercice, à la nutrition ainsi qu’à une intervention psychologique avant l’opération comportant notamment des exercices de visualisation et de relaxation. »
Notre raison d’être : nos patients
Former la nouvelle génération, rester à l’avant-garde de la technologie et des procédures et évaluer sans cesse pour s’assurer d’obtenir les meilleurs résultats chez les patients, telle est la philosophie de la CMI (Voir « Confidence d’un patient de la CMI, Serguei Moskovitch… », page 5 et « La CMI transforme l’avenir d’une jeune fille en à peine plus d’une heure, » à droite). « Nos patients et leur famille sont notre raison d’être », dit la Dre Feldman. « Tout ce que nous faisons, c’est pour eux. Une intervention chirurgicale importante est une expérience qui change la vie de quelqu’un. »