Le Dr Peter Chan : un ardent promoteur de la santé des homme

L'urologue Dr Peter Chan s'est donné comme mission de sensibiliser les hommes sur l'importance de leur santé.

Enfant, Peter Chan rêvait de servir sa communauté comme travailleur social. Bien des années plus tard, c’est à titre d'urologue au CUSM qu’il réalise ce rêve d'une multitude de façons.

Plus jeune, Peter Chan croyait que la meilleure façon d’aider les gens était de devenir travailleur social. En tant qu'immigrant de Hong Kong ayant grandi au Canada, M. Chan a constaté lui-même les défis auxquels se heurtent les gens d'origine ethnique ou culturelle différente. Cependant, ce sont ses confrères étudiants au premier cycle qui l'ont orienté vers la médecine. « Plus j’avançais dans mes études, plus j’étais inspiré par certains de mes confrères étudiants plus âgés. Ils m'ont dit qu’un médecin réussissait à rejoindre de nombreuses communautés, disposait d'une certaine autonomie et jouissait d’une grande diversité dans son travail. »

Pour le Dr  Chan, le fait de devenir médecin plutôt que travailleur social ne constituait pas un abandon de son inspiration initiale, mais bien une façon d’intégrer ses objectifs. Pendant sa première année de médecine, le Dr Chan s'est rendu en Haïti en compagnie d'étudiants bénévoles afin de lutter contre la crise du VIH qui frappait ce pays. Cette expérience lui a montré l'importance de l'éducation, de la santé communautaire et de la prévention, mais aussi de la nécessité de tenir compte des différences culturelles concernant certains aspects très personnels, ou même tabous, des soins de santé.

Après l'obtention de ses diplômes de premier cycle, de médecine et d'études supérieures à l'Université McGill, le Dr Chan a poursuivi un programme de fellowship en médecine de la reproduction masculine et en microchirurgie à l'Université Cornell et une formation en génétique moléculaire à l'Université Rockefeller. En 2002, à son retour à Montréal, il a commencé à travailler au CUSM. À peine une décennie plus tard, les répercussions de son travail sont extraordinaires. Formateur dévoué, il enseigne aux étudiants du baccalauréat de même qu'à ceux des cycles supérieurs à McGill, en plus de donner aux médecins de famille du Québec des ateliers de formation continue sur différents sujets liés à la santé des hommes. La portée de l'enseignement du Dr Chan dépasse largement nos frontières grâce à un cours sur l'infertilité donné aux participants à la conférence annuelle de la prestigieuse American Urological Association, ainsi qu'au Japon et en Chine où il enseigne la microchirurgie à des médecins.

Même si l’enseignement occupe une grande partie de son temps personnel et l’oblige à réduire le nombre de patients qu’il reçoit ici, le Dr Chan estime que c’est tout de même un compromis raisonnable. « Je peux traiter 100 patients ici, et c’est tout. Ou je peux traiter 10 patients et partager mes connaissances avec 100 médecins, qui traiteront à leur tour 100 patients chacun. » Le décompte fait, le Dr Chan enseigne à cinq fois plus de médecins chaque année.

Malgré ses nombreuses activités d’enseignement, il réussit encore à aider directement des centaines de patients de la région montréalaise chaque année. Récemment, il a tenu la septième journée annuelle sur la santé des hommes. En tout, plus de 250 hommes ont subi ce jour-là un examen médical complet gratuit et au moins 1 000 personnes ont visité les différents kiosques présentant de l’information sur divers aspects de la santé des hommes. Depuis le lancement de cette activité, le Dr Chan et son équipe ont examiné environ 1 000 hommes. Dans la moitié des cas, on a recommandé aux patients de consulter leur médecin pour des examens supplémentaires.

 

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L'organisation de cette activité exige une planification complexe et un travail acharné. Le Dr Chan s’empresse de souligner l'aide et les longues heures de travail de son infatigable adjointe, Lina Ordonselli. Ensemble, ils réunissent une équipe de bénévoles comptant plus de 30 médecins, infirmières, chercheurs, employés administratifs et étudiants qui donnent de leur temps et partagent leur expertise pour assurer l'immense succès de cette activité. Inspiré par le désir du Dr Chan de communiquer avec les hommes de façon aussi positive, le comédien Joey Elias a accepté de contribuer à faire connaître l'activité de cette année, en se prêtant lui-même à une panoplie de tests comprenant notamment la vérification du taux de cholestérol et de testostérone, de l'indice de masse corporelle et de la tension artérielle. M. Elias, qui vient tout juste de franchir le cap de la quarantaine, reconnaît qu'il était un peu inquiet à l’idée de subir son premier toucher rectal. Mais grâce à l'humour désarmant et au dynamisme du Dr Chan, il se savait entre… bonnes mains. Par le truchement de l'humour, M. Elias a exprimé au public son anxiété, tout en insistant sur l'importance de cet examen. « Ce n'était pas si pénible. Et ces 10 secondes, si désagréables soient-elles, pourraient me sauver la vie », a-t-il conclu.

Depuis l'époque de son baccalauréat, le Dr Chan effectue également des recherches sur la reproduction masculine. Plus récemment, il a participé, à titre de directeur ou de codirecteur, à plusieurs projets de recherche financés par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) portant sur un vaste éventail de questions liées à la santé des hommes. Son principal champ d'intérêt demeure toutefois la protection de la fertilité des garçons et des hommes – particulièrement ceux qui luttent contre divers types de cancers. Il a élaboré son propre projet d’étude protéomique financé par les IRSC qui porte sur les effets de la chimiothérapie sur le sperme.

Dans la même veine, le Dr Chan manifeste sa frustration de voir que le fardeau de la gestion de l’infertilité tend à retomber sur les femmes. « Dans la grande majorité des cas, et peut-être injustement, les femmes se demandent si elles sont la cause du problème. Et elles ne sont pas les seules à jongler avec cette éventualité, puisque leurs partenaires masculins se demandent également si le problème vient de leur côté à elles. Ils ne commencent jamais par se demander si l’infertilité pourrait se situer de leur côté », soutient le Dr Chan. Il indique que, chez la moitié des couples de la difficulté à concevoir, on constate que c'est l'homme qui doit être traité.

Même s'il aborde son travail avec tout le sérieux qui se doit, le Dr Chan affiche une compassion amicale envers ses patients, ce qui contribue à les mettre à l'aise. Cette sensibilité axée sur la personne et non pas uniquement sur le patient est une qualité qu’il essaie d’inculquer à ses étudiants. À titre de Mentor dans la tradition d’Osler de McGill, le Dr Chan a agit comme mentor pendant quatre ans auprès de six étudiants de McGill en médecine. « Quelques soirs par mois, nous nous rencontrions pour parler de la médecine en général. J’ai mis l'accent sur les aspects plus humains de notre profession plutôt que sur les aspects techniques, qu'ils auront l'occasion d'apprendre. Je voulais qu’ils valorisent la bonne communication avec leurs patients, ce qui est un peu étrange pour un chirurgien, car nous ne sommes habituellement pas réputés pour nos habiletés de communication patient-médecin. »

Le DChan est catégorique, les hommes doivent mieux s’occuper de leur santé. « Trop d’hommes se croient invincibles. S’ils ont une crise cardiaque ou un accident de voiture, ils reconnaissent volontiers la nécessité de consulter un médecin. C’est une affaire d’HOMME. Cependant, lorsqu’il est question d’urologie, rien n’est plus intimidant que de parler de sexe, de subir un toucher rectal ou d'aborder le sujet de l’infertilité. Les hommes pensent qu'ils perdent leur masculinité lorsqu'ils doivent discuter de ces sujets. »

Il soutient que les hommes qui négligent leur santé risquent de subir des conséquences dévastatrices. « Nous vivons dans un pays qui offre un accès gratuit aux soins de santé et où il est possible de se faire soigner sans se ruiner. Un problème de santé traité à temps est beaucoup plus facile à régler et exige moins de ressources publiques. »

Le Dr Chan, qui a une formation de pianiste classique, joue du piano et assiste à des concerts pour se détendre. Il adore également les « films de filles » émouvants. Il plaisante, pensez-vous? « Pas du tout! Je les aime vraiment! » Ses yeux brillent d’excitation. « Avez-vous vu N’oublie jamais (The Notebook)? » Vérification faite auprès de Lina, son adjointe, celle-ci confirme l’information en riant. « Ouais. Il adore ce film. Il l’a probablement vu au moins 85 fois. »