Du 11 au 17 mai 2015, c'est la Semaine de l'infirmière
Des soins généraux aux soins spécialisés, la profession d’infirmière comporte de multiples facettes, toutes aussi importantes les unes que les autres. Les infirmières qui mènent des activités de recherche sont bien actives au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), mais leur travail demeure parfois méconnu. Pour démystifier ce champ professionnel et rendre hommage à nos infirmières passionnées par l’amélioration des soins aux patients, nous vous en présentons six.
Sonia Castiglione
Sonia Castiglione est conseillère en prise de décisions fondée sur des données probantes au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). « À ce titre, dit-elle, j’aide les infirmières et les groupes interdisciplinaires à utiliser dans leur pratique les meilleures données issues de la recherche afin d’offrir aux patients les meilleurs soins qui soient. »
Ce poste relevant des soins infirmiers est unique au CUSM et au Canada, et il favorise le développement d’une culture qui s’appuie sur les données probantes, une culture qui amène les équipes à constamment remettre en question leurs façons de faire et à demeurer à l’affût des données issues de la recherche afin d’adopter les meilleurs pratiques en matière de soins aux patients.
« De façon générale, poursuit Mme Castiglione, il faut compter de 15 à 20 ans avant que la recherche n’influence la pratique. C’est beaucoup trop long. Mon rôle consiste donc à essayer de réduire ce délai et d’accélérer le processus. Je contribue également à une utilisation plus efficace et plus efficiente des données issues de la recherche afin qu’elles servent plus rapidement dans la pratique. »
Avec le transfert des services pour adultes et des services pédiatriques au site Glen du CUSM, Mme Castiglione croît que les équipes pour adultes et pédiatriques seront mieux en mesure d’apprendre les unes des autres et d’adopter les meilleures pratiques en matière de soins de l’enfance à l’âge adulte. « Travailler ainsi en collaboration favorisera l’amélioration de la pratique auprès des patients de tous les groupes d’âge » conclut Mme Castiglione.
Joanne Power, infirmière clinicienne spécialisée
Depuis 2009, Joanne Power travaille comme infirmière clinicienne spécialisée en oncologie gynécologique au Centre universitaire de santé McGill auprès de patientes atteintes d’un cancer gynécologique et leurs familles.
« J’aime mon travail d’infirmière clinicienne spécialisée, car il comporte plusieurs facettes, que ce soit l’engagement auprès des patientes et de leurs familles, l’enseignement auprès du personnel, des patientes et de leur famille et le développement de ressources éducatives, explique Mme Power. Et il y a tout le travail administratif au sein des divers comités représentant les soins infirmiers ou le CUSM, et enfin tout le volet de la recherche. »
La première expérience de Mme Power en recherche a eu lieu alors qu’elle préparait son mémoire de maîtrise, qui portait sur l’amélioration de la communication entre l’infirmière et la patiente relativement à l’évaluation et à la gestion des symptômes chez les femmes suivant des traitements de chimiothérapie pour un cancer des ovaires. À titre d’infirmière clinicienne spécialisée, elle est également engagée dans la supervision des projets de recherche d’étudiants en maîtrise de l’Université McGill.
L’un de ces projets de recherche consistait à évaluer les besoins d’information des femmes qui reçoivent un traitement de chimiothérapie consécutif à un cancer des ovaires ou de l’endomètre. « Nous leur fournissions beaucoup d’information, mais nous ne savions pas si cette information répondait réellement à leurs besoins, affirme Mme Power. Nous avons constaté des différences entre les patientes quant à la nature de l’information qu’elles désiraient obtenir et le moment où elles voulaient l’obtenir. Dès lors, nous avons travaillé de concert avec le Bureau de l’éducation des patients pour développer un site Web à l’intention des patientes et de leurs familles. »
Après la mise en ligne de ce site Web, nous devions évaluer dans quelle mesure il répondait aux besoins des patientes et l’équipe a alors mené un projet de recherche pour vérifier dans quelle mesure l’information présentée était pertinente et utile aux femmes qui avaient reçu un diagnostic récent de cancer des ovaires. Nous avons obtenu des fonds de l’Association canadienne des infirmières en oncologie et du Département de la recherche en soins infirmiers du CUSM. « La collecte des données s’est terminée en février et maintenant, nous sommes à l’étape la plus intéressante du projet, l’analyse. »
« La supervision des étudiants de maîtrise est fort intéressante; c’est une situation gagnant-gagnant : eux ont ainsi l’occasion de faire de la recherche supervisée, et nous l’occasion de mettre en pratique immédiatement les résultats de ces recherches. En conclusion, il est important de favoriser une culture de recherche afin de comprendre non seulement le comment mais aussi le pourquoi de nos interventions; cela profite autant à nos patientes qu’à leurs familles. »
Anita Mehta
Anita Mehta est infirmière clinicienne spécialisée, codirectrice du programme d’oncologie psychosociale au CUSM et professeure adjointe à l’École de sciences infirmières Ingram de l’Université McGill. Bien que son travail consiste principalement à trier les consultations envoyées au programme et à soutenir les patients et les membres de leur famille qui souffrent de détresse, d’anxiété et parfois de dépression à cause du diagnostic de cancer, Mme Mehta fait également de la recherche.
Mme Mehta et son équipe ont récemment terminé un projet de recherche qui consistait à créer un outil de dépistage adapté aux membres de la famille des patients atteints de cancer (son domaine de compétence), afin de mieux évaluer leur détresse. « C’est la pratique clinique qui nous a donné cette idée, explique-t-elle, car l’outil de dépistage que nous utilisions auprès d’eux était conçu pour les patients cancéreux et ne leur convenait donc pas tout à fait. »
« Notre travail n’est pas facile, mais c’est très gratifiant de sentir qu’on peut vraiment changer quelque chose dans la vie d’un patient », déclare-t-elle. Alors qu’elle parle de transformer sa passion en pratique, elle ajoute : « Je trouve que lorsque des personnes passionnées travaillent ensemble, elles ont tendance à veiller les unes sur les autres, et alors tout devient possible. »
Dre Virginia Lee
Infirmière de recherche et directrice adjointe par intérim de la recherche en sciences infirmières au CUSM, Virginia Lee travaille à améliorer la qualité de vie des patients à toutes les étapes du traitement du cancer. Dans le cadre de l’un de ses projets de recherche, elle œuvre avec des infirmières en oncologie et l’équipe interdisciplinaire en oncologie de l’Hôpital général de Montréal à améliorer les soins aux patients nouvellement diagnostiqués.
« Le début du traitement du cancer est source d’un immense stress chez les patients. En plus d’en affronter les conséquences affectives et physiques, ils doivent apprendre à se retrouver dans le système de santé. Dans notre recherche, nous sondons les patients et les dispensateurs de soins pour comprendre comment mieux préparer et soutenir les patients, explique Mme Lee, qui est également boursière du Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS). Grâce à ce qu’ils nous apprennent, nous imaginons, mettons à l’essai et évaluons des interventions que nous pouvons mettre en pratique auprès d’autres patients si elles sont efficaces. »
Mme Lee est également professeure adjointe à l’École de sciences infirmières Ingram de l’Université McGill, où elle communique aux étudiantes sa passion pour la recherche. « Nous voulons que les infirmières fassent preuve de curiosité à propos de ce qu’elles font et des raisons pour lesquelles elles le font, explique-t-elle. Les soins viennent tout naturellement à bien des infirmières, mais il est essentiel de procéder à une évaluation systématique et rigoureuse de nos actions pour continuer à prodiguer les meilleurs soins. »
Anne Choquette
Anne Choquette est conseillère cadre en soins infirmiers spécialisés au service d’hémato-oncologie de l’Hôpital de Montréal pour enfants. Grâce au Eureka! Fellowship in nursing research, une bourse de recherche décernée par le CUSM, elle s’est consacrée durant un an à une étude qui portait sur le retour à l’école d’adolescents ayant subi des traitements de cancer.
« Pendant un an, j’ai interviewé 11 adolescents cancéreux et leurs parents. Avec l’aide de mes mentores Janet Rennick et Virginia Lee, toutes deux infirmières de recherche au CUSM, nous avons analysé les résultats et formulé des recommandations, qui ont été présentées à l’équipe et qui pourraient bientôt être publiées dans un journal », explique-t-elle.
« Dès le début, l’équipe et mes supérieurs m’ont soutenue. Des médecins ont approché les familles pour le recrutement des participants et accepté de prévoir du temps pour les interviews lors des rendez-vous des adolescents à l’hôpital. Ce fut une expérience extrêmement enrichissante. »
Mme Choquette mentionne que le fait de travailler avec des jeunes patients et de faire partie d’une équipe dévouée nourrit sa passion et sa motivation. Elle se concentre actuellement sur le déménagement au site Glen, mais espère bien mener une 2e partie de l’étude à court ou moyen terme.
Janet Rennick
L’infirmière de recherche Janet Rennick est l’une des premières dans son domaine à avoir étudié les conséquences psychologiques chez les enfants d’une hospitalisation à l’unité de soins intensifs pédiatriques (USIP). Ses recherches découlent de son travail d’infirmière au Hospital for Sick Children (SickKids) de Toronto et d’infirmière clinicienne spécialisée à l’Hôpital pour enfants de Montréal (HME).
« J’ai constaté que le séjour de l’enfant à l’USIP marque souvent le début d’un processus de convalescence long et complexe et que les parents sont souvent très inquiets des effets de cette expérience sur leur enfant », déclare-t-elle.
Mme Rennick est l’investigatrice principale d’une étude quinquennale financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) visant à dépister les enfants vulnérables et à préparer des interventions pour promouvoir leur bien-être psychologique pendant et après une maladie grave et une hospitalisation. Mme Rennick est également conseillère en recherche au sein du service de soins infirmiers de l’HME et professeure adjointe à l’École de sciences infirmières Ingram et au département de pédiatrie de l’Université McGill.
« Nous venons de terminer un projet pilote au cours duquel les parents devaient faire la lecture à leur enfant et lui faire écouter de la musique à l’USIP. Les parents et les infirmières ont réagi avec enthousiasme, affirme Mme Rennick en souriant. Mon travail est très valorisant. »