Nos chercheurs du Centre international de TB McGill mènent un combat contre la tuberculose du Grand Nord Canadien jusqu’au « Sud »

TB Centre
Credit: Amrita Daftary

La Journée mondiale de lutte contre la tuberculose a lieu le 24 mars. La tuberculose est une maladie qu’on peut prévenir et guérir, mais qui continue d’infecter neuf millions de personnes et causer 1,5 million de décès chaque année, à travers le monde, selon les derniers chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Depuis trois ans à Montréal, des chefs de file de la recherche sur la tuberculose travaillent en étroite collaboration sous l’égide du Centre international de TB McGill pour mieux comprendre, diagnostiquer et traiter la tuberculose et d’autres maladies mycobactériennes.

La tuberculose est causée par la bactérie Mycobacterium tuberculosis, qui touche surtout les poumons. L’infection est transmise par l’air. Lorsque la tuberculose est en phase active, les symptômes (toux, fièvre, sueurs nocturnes, perte de poids, etc.) peuvent demeurer légers et inexistants pendant de nombreuses semaines. C’est pourquoi certains attendent avant de se faire soigner, ce qui favorise la transmission des bactéries. Sans traitement approprié, jusqu’aux deux tiers des personnes atteintes de la tuberculose en mourront.

Impliquer la communauté pour améliorer le diagnostic précoce de la TB

La tuberculose se manifeste dans toutes les régions du monde, mais c’est l’Inde qui en porte le fardeau le plus lourd, sans compter que bien des cas demeurent non diagnostiqués. Pour aborder ce problème de santé publique, un groupe dirigé par le Dr Madhukar Pai, directeur associé du Centre international de TB McGill, mène un projet de recherche novateur qui vise à inciter les pharmaciens à améliorer le dépistage précoce de la tuberculose. Le projet financé par IC-IMPACTS est en cours de mise en œuvre à Patna, au Bihar, une des régions les plus pauvres de l’Inde.

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Crédit: Amrita Daftary.

« Les pharmacies représentent le premier point de contact pour beaucoup de patients non diagnostiqués, et sont le meilleur point d’entrée vers des services de dépistage, explique le Dr Pai. La participation des pharmaciens pourrait accélérer le cheminement vers un diagnostic de tuberculose et favoriser un dépistage précoce. »

Pour la Dre Amrita Daftary, pharmacienne et chercheuse qui a grandi en Inde et qui coordonne le projet IC-IMPACTS depuis son lancement en décembre 2015, il s’agit là du type de projet novateur et dynamique indispensable pour déceler les cas de tuberculose.

« Nous n’en faisons pas assez pour dépister les personnes atteintes de la tuberculose en Inde. L’attente est longue au sein du système de la santé, la stigmatisation autour de la maladie entraîne des retards de dépistage, et personne ne veut en parler publiquement, explique Dre Daftary, scientifique au Centre international de TB McGill. Il est essentiel de mettre à profit les capacités de tous les types de dispensateurs de soins et des personnes qui participent au continuum des soins de la tuberculose. »

L’équipe de recherche recrutera 105 pharmacies dans trois régions de Patna. Les pharmaciens sont formés pour trier les patients qui toussent ou présentent des symptômes associés à la tuberculose, afin de les diriger immédiatement vers un service de dépistage et les référer à des services cliniques où ils auront, entre autre, accès à des radiographies pulmonaires gratuitement. Les résultats des deux premiers mois de mise en œuvre dans 30 pharmacies sont très prometteurs. Sur les 247 radiographies pulmonaires qui ont été demandées, 88% ont été faites et 57% d’entre elles présentaient des anomalies. Sur les 109 personnes qui ont été référées à un docteur, 97% sont allées consulter et 30% de cas de tuberculose ont été rapportés, pour lesquels les traitements ont été débutés.

« Nous sommes en train de mettre en place quelque chose de vraiment nouveau, parce qu’en temps normal, les pharmaciens dirigent rarement leurs patients vers des services de dépistage, mais leur recommendent plutôt des médicaments sans ordonnance, explique Dre Daftary. Nous les incitons à profiter davantage du lien solide que les patients entretiennent avec eux. »

Grâce à une collaboration avec un organisme non gouvernemental indien, World Health Partners, les données des patients qui vont à la pharmacie ou chez le médecin sont automatiquement enregistrées dans un système de santé électronique. Ils ont ainsi accès à des tests de dépistage et de diagnostic gratuits, et ils sont traités gratuitement s’ils sont atteints de la tuberculose.

« Nous croyons que notre intervention sera un projet pilote efficace qui pourra prendre une grande expansion en Inde, où des initiatives novatrices s’imposent de toute urgence pour atténuer les répercussions de la tuberculose », conclut le Dr Pai.

Réduire le temps de diagnostic et traiter la tuberculose dans les communautés reculées

Les chercheurs du Centre international de TB McGill utilisent une innovation du même genre dans l’Arctique canadien, où la tuberculose demeure un problème de santé majeur au sein de la population autochtone.

En effet, le Dr Kevin Schwartzman et la Dre Olivia Oxlade, avec leurs collègues ont récemment publié un système de prévision informatisé de données préalablement crée par le centre de recherche au Nunavut, utilisant GeneXpert, une technologie de pointe conçue pour effectuer un test rapide automatisé en vue de diagnostiquer la tuberculose. Ce système leur a permis de prédire les impacts cliniques de l’utilisation de GeneXpert au sein de la population autochtone avec beaucoup de cas de  tuberculose et également de déterminer  les coûts sur le long terme associés à l’utilisation de cette machine.

« Nous avons découvert que la machine GeneXpert, qui assure un diagnostic de tuberculose rapide et plus sensible, pourrait accélérer d’une semaine le diagnostic et le traitement chez les personnes atteintes d’une tuberculose contagieuse, explique le Dr  Schwartzman, qui dirige la division respiratoire du Centre universitaire de santé McGill. L’utilisation de GeneXpert dans des communautés pourrait modifier la donne pour diagnostiquer et traiter la tuberculose. 

Selon le Dr  Schwartzman, si cette technologie pourrait également être utilisée pour aider les équipes cliniques à décider si elles doivent donner congé aux patients hospitalisés qui ont des symptômes suspects de tuberculose plus tôt en raison d'un diagnostic plus rapide, il est fort probable que le système de santé réalisera des économies.

« Selon ces observations, cette technologie pourrait être utilisée dans les communautés éloignées de l’Arctique pour réaliser des économies et des gains substantiels à long terme en matière de santé, ajoute le Dr  Schwartzman. Elle pourra réduire notre dépendance envers les résultats de tests qui doivent être envoyés dans le sud par avion pour être analysés, ce qui entraîne des temps d’attente. »

L’équipe de recherche entend se pencher sur d’autres méthodes pour réduire et prévenir la tuberculose dans les communautés de l’Arctique.

 

Liens utiles

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Centre international de TB McGill

IC-IMPACTS: ENGAGING COMMUNITY PHARMACISTS IN INDIA TO ENHANCE EARLY DETECTION OF TUBERCULOSIS

 

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