Le jour du Souvenir
Si vous aviez arpenté le pavillon Livingston de l’Hôpital général de Montréal il y a 50 ans, vous auriez vu des chaises confortables, des vases remplis de fleurs, un plancher noir et blanc bien ciré et un essaim de jeunes infirmières élisaient domicile dans ce pavillon leur domicile pendant leurs années de formation.
L’aspect du pavillon a beaucoup changé depuis, mais le passé demeure, sous forme de plaques et de peintures en souvenir de ceux qui nous ont aidés à faire de nous ce que nous sommes aujourd’hui, y compris ceux qui se sont battus pour notre pays pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale.
Une plaque à la mémoire de Nora Livingston, pionnière de la formation en soins infirmiers et fondatrice du pavillon Hall, est fièrement accrochée dans le corridor, et un étalage présente la classe de soins infirmiers qui célébrera ses 50 ans de promotion cette année.
Vous remarquerez aussi une plaque sur laquelle figure la liste des 105 diplômées en soins infirmiers de l’HGM qui ont servi pendant la Première Guerre mondiale. Sur une deuxième, on lit plutôt la liste des infirmières qui ont servi pendant la Seconde Guerre mondiale, deux fois ce nombre. L’une d’elles est Sarah Edith Young, surintendante des soins infirmiers de 1919 à 1927, dont le portrait est accroché dans le corridor. Elle porte son uniforme cérémonial de service bleu. Madame Young intègre l’hôpital général canadien no 1 en 1916, a été stationnée en Angleterre et en France et s’est vu décerner la « Croix rouge royale » pour services exceptionnels. Vous pouvez lire l’histoire de quelques-unes des pionnières des soins infirmiers, en anglais, dans le site Web des anciennes infirmières de l’HGM.
On peut également découvrir le passé des infirmières de l’HGM en lisant The War Diary of Clare Gass, le compte rendu révélateur d’une diplômée en soins infirmiers de l’HGM qui a servi quatre ans comme lieutenant et infirmière militaire du service de santé de la Force expéditionnaire du Canada en France.
Madame Gass a travaillé avec le docteur John McCrae, médecin de l’Hôpital Royal Victoria et de l’Hôpital général de Montréal. Le lieutenant-colonel McCrae a été nommé chirurgien de campagne dans l’artillerie canadienne, où il était responsable d’un hôpital de campagne pendant la deuxième bataille d’Ypres, en 1915. Le lieutenant Alexis Helmer, ami et ancien étudiant du docteur McCrae, a été tué pendant cette bataille. C’est sa mise en terre qui a inspiré au docteur McCrae la rédaction du poème désormais célèbre mondialement, In Flanders Fields (qui existe en deux traductions, Au champ d’honneur et Les cimetières flamands), le 3 mai 1915. Ces coquelicots ont éclos sur quelques-uns des champs de bataille les plus sanglants des Flandres, pendant la Première Guerre mondiale, leur rouge éclatant évoquant de manière poignante le sang répandu pendant la guerre.
L'Hôpital Royal Victoria et l'Hôpital général de Montréal ont envoyé un contingent de personnel médical au front durant la Première et la Deuxième Guerre mondiale. Durant la Première Guerre mondiale, 125 infirmières et infirmiers de l'Hôpital Royal Victoria ont été envoyés à la guerre. Lors de la Seconde Guerre mondiale, 180 ont été envoyés.
Nous côtoyons de nombreux héros, et bon nombre nous ont précédés. Nous vous avons donné un simple aperçu de quelques-uns des pionniers du CUSM qui ont fait des sacrifices et servi leur pays. En ce jour, prenez quelques instants avec nous pour vous souvenir de ces braves hommes et femmes et pour les saluer.
Les cimetières flamands
Sous les rouges coquelicots des cimetières flamands,
Qui parmi les rangées de croix bougent dans le vent,
Nous sommes enterrés. Et dans le bleu des cieux,
Les alouettes encore lancent leur cri courageux
Que plus personne n’entend sous le bruit des canons.
Nous sommes morts : il y a à peine quelques jours,
Nous connaissions les joies de la vie, de l’amour,
La fraîcheur de l’aurore, les lueurs du ponant.
Maintenant nos corps sans vie reposent en sol flamand.
Nos mains inanimées vous tendent le flambeau :
C’est à vous, à présent, de le tenir bien haut,
De contre l’ennemi reprendre la querelle.
Si vous ne partagez des morts la foi rebelle,
Nos corps ne pourront pas dormir paisiblement
Sous les rouges coquelicots des cimetières flamands.
Traduction de J.P. van Noppen