Mars est le mois de la nutrition

En tant que Nutritionniste clinique membre du personnel du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) qui travaille avec des patients atteints du cancer des voies digestives supérieures, des patients en chirurgie générale et des patients en traumatologie, Eleanor Eckert est considérée comme étant un membre essentiel de l’équipe de soins de santé. 

Eleanor Eckert
Eleanor Eckert, Nutritionniste clinique membre du personnel du Centre universitaire de santé McGill

« Ça fait 30 ans que je travaille ici et j’ai vu évoluer l’appréciation de notre rôle de nutritionniste dans le domaine des soins de santé », explique Eckert. « Auparavant, nous étions les pourvoyeurs de repas et de quelques instructions portant sur le régime. Maintenant, le rôle du nutritionniste est devenu une partie intégrante du plan de traitement. Le domaine des soins de santé a réalisé qu’il peut effectuer les meilleures chirurgies du monde, mais si le patient ne s’alimente pas correctement, c’est très documenté, il est alors susceptible de subir toutes sortes de complications, comme une plaie qui tarde à guérir ou un séjour hospitalier prolongé. »

Eckert est une nutritionniste dédiée au programme de cancer de l’œsophage du CUSM, le plus important programme du genre au pays. Dans le cadre de son travail, elle prend soin des patients tout au long de leur trajectoire au sein du centre de soins de santé.

« Les patients présentent habituellement un problème relié à l’alimentation dû à leur diagnostic de cancer des voies digestives supérieures », explique Eckert. « Je les suis à partir de leur diagnostic, tout au long de leurs traitements de chimiothérapie et de radiation, jusqu'à la chirurgie et la période de récupération. »

Selon Eckert, plusieurs patients ne sont pas en mesure d’avaler de la nourriture solide et certains d’entre eux ne sont qu’en mesure de consommer des liquides. Ils ont généralement perdu beaucoup de poids et continueront d’en perdre s’il n’y a pas d’intervention nutritionnelle. Heureusement, Eckert reçoit ses patients rapidement et, dépendamment du degré de sévérité de leur problème de déglutition, elle leur offre différentes options nutritionnelles. Dans chacun des cas, Eckert détermine d’abord les préférences et les aversions des patients et dépendamment du stade de leur déficience déglutitionnelle, ils reçoivent des recommandations très spécifiques.

« Le but est que les patients consomment des quantités suffisantes de nourriture, donc cela peut vouloir dire changer la texture des aliments, ou dans certains cas extrêmes, insérer temporairement un tube à l’hôpital ou de façon plus permanente pour la maison », dit Eckert. « Pour les gens qui ne sont qu’en mesure de consommer des liquides, nous nous assurons qu’ils sont riches en nutriments pour que leurs besoins en matière d’énergie et de protéines soient satisfaits. On a alors recours à des suppléments nutritionnels commerciaux comme le Ensure et le Boost, ou d’autres variétés denses en nutriments, selon le statut et la tolérance du patient. »

Les patients peuvent également faire leurs propres variétés de lait frappé, de lait de poule ou d’autres aliments riches en nutriments à la maison. Il se peut qu’ils aient aussi besoin de suppléments. 

Pour les patients en chirurgie générale ou en traumatologie, l’approche d’Eckert dépend de leurs problèmes de santé. S’ils ont récemment subi une chirurgie affectant leurs voies digestives supérieures, ils recevront du counseling en matière de nutrition et au sujet de leur nouvelle anatomie. S’ils ne sont pas en mesure de manger pour quelconque raison, si par exemple leurs voies digestives ne sont pas fonctionnelles, ils recevront une alimentation parentérale totale. C’est-à-dire, ils seront nourris directement via leur circulation sanguine de façon à complètement contourner les voies digestives, jusqu’à tant qu’ils soient en mesure de recommencer à manger normalement ou jusqu’à ce qu’ils puissent être nourris par gavage. L’alimentation parentérale totale et le gavage offrent tous les deux une alimentation complète, incluant des acides aminés, des matières grasses, des glucides, des vitamines et des minéraux; tous les éléments essentiels à la survie.

L’alimentation parentérale totale est perfusée via un cathéter spécial qui est le plus souvent inséré dans le bras, alors que le gavage est administré via un tube inséré dans le nez jusqu’à l’estomac ou jusqu’au petit intestin, ou via un tube implanté directement dans l’estomac ou dans le petit intestin de façon chirurgicale.

Tout au long de ce processus, Eckert est toujours très consciente d’à quel point ce genre d’épreuve peut changer la vie d’un patient, donc elle lui explique qu’il faut procéder dans l’espoir d'éventuellement reprendre un régime normal, maintenir un poids santé et retrouver un mode de vie régulier.

« J’adore mon travail », dit-elle. « Surtout lorsque j’ai la chance de suivre les patients de leur diagnostic à leur congé et d’être témoin de leur progression. C’est très gratifiant de savoir que je contribue à faire une différence. »