Le Projet Cliniques Partenaires : une alliance gagnante

Une nouvelle initiative relie le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) à cinq groupes de médecine familiale montréalais afin de faciliter les soins aux personnes souffrant de maladies chroniques. 

Équipe du projet Cliniques Partenaire

Équipe du projet Cliniques Partenaire

Le Projet Cliniques Partenaires, une initiative du Ministère de la Santé, vise à assurer que les patients du CUSM aux prises avec des maladies chroniques puissent être inscrits rapidement auprès d’un médecin de famille près de chez eux. À l’aide des Guichets d’accès pour la clientèle orpheline (GACO), le projet offre une solution efficace pour les patients qui consultent des spécialistes pour des soins non complexes.

Le projet, instauré en 2015, sera en fonction durant les quatre prochaines années. Il se concentre actuellement sur les patients vivant avec des maladies telles que la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), l’asthme, les problèmes cardiaques (hypertension, insuffisance), le diabète et les maladies du sang (anticoagulothérapie). Des efforts sont également faits pour inclure des patients ayant survécu au cancer et n’ayant pas de médecin de famille.

Diagramme du projet Cliniques Partenaires

Assurer le succès

Vous cherchez un médecin de famille? Cliquez sur le lien ci-dessous pour inscrire votre nom sur la liste d’attente officielle du gouvernement. Chaque demande est évaluée et priorisée selon l’état de santé.

www.gamf.gouv.qc.ca

Le Projet Cliniques Partenaires implique la collaboration du personnel à tous les niveaux. Lorsqu’un patient se présente à la clinique, le personnel de bureau et les infirmières travaillent à évaluer son admissibilité, en commençant par la question-clé : « avez-vous un médecin de famille? » Le triage s’effectue d’après une liste de critères cliniques prédéterminés ainsi que le lieu de résidence du patient. S’il est jugé admissible, le patient est informé du nouveau programme.

La relation entre le patient et le spécialiste tient un rôle important dans le processus. Le spécialiste discute de l’option avec le patient et prend ultimement la décision de rédiger une référence, ayant son bien-être comme premier objectif. Une fois la référence transmise à l’un des GACO, les patients devraient obtenir un rendez-vous avec un médecin de famille dans l’une des cliniques partenaires à l’intérieur de 50 jours.

LE RÔLE DU MÉDECIN DE FAMILLE 

Le médecin de famille joue un rôle très important dans la vie du patient. Kathy Riches, infirmière clinicienne à l’Institut thoracique de Montréal du CUSM, travaille avec des patients asthmatiques. Selon elle, les soins et l’expertise du médecin de famille ne se remplacent pas par ceux d’un spécialiste, surtout dans le cas de patients vivant avec une maladie chronique :

« Dans mon travail au quotidien en tant que clinicienne, il m’importe de savoir que les patients ont un médecin de famille qui veille à ce qu’ils reçoivent des soins complets. Ils [les médecins de famille] abordent des aspects qui ne sont pas traités ici au CUSM, tels que les autres comorbidités qui peuvent affecter l’asthme. Le reflux gastrique, l’obésité et le stress et l’anxiété en sont des exemples. Il est extrêmement important de bénéficier d’une perspective globale. Les patients sont rassurés quand un médecin s’assoit avec eux pour parler de l’ensemble de ce qui se passe. »

Les patients qui ne relèvent pas des zones géographiques desservies par le projet ne sont pas laissés pour compte. Les infirmiers cliniciens du CUSM se donnent comme priorité d’aider les patients à trouver un médecin de famille. Kathy affirme que l’initiative lui a procuré des outils pour pouvoir aiguiller ses patients dans la bonne direction.

 

Le Dr James Martin, Directeur du département de médecine de l’Université McGill et Chef du département de médecine au CUSM, croit que bien que le projet présente des défis, il s’agit d’un bon concept. Il pourrait bénéficier aux patients en les aidant à mieux gérer leurs maladies.

« Cela pourrait engendrer la possibilité d’intervenir avant que leur état de santé se détériore, et ainsi leur éviter de revenir à l’hôpital », dit-il. 

Le bon patient, au bon endroit, au bon moment 

La notion de prévention est un élément clé de l’objectif global du projet. L’infirmière clinicienne Kathy Riches croit que l’examen général fait par un médecin de famille est une composante centrale des soins préventifs. Cela remet en question l’idée qu’une visite chez un spécialiste peut remplacer l’examen d’un médecin de famille.

« Il s’agit d’avoir le bon patient, au bon endroit, au bon moment, et ainsi de rendre le processus plus facile et plus efficace pour tous les participants, » explique Carole Lapierre, Chef de projet et Adjointe à la Directrice des services professionnels du CUSM. « Si l’on considère l’alliance qui va se former au fil du temps entre les médecins de famille, les équipes interdisciplinaires des GMF et les équipes de spécialistes du CUSM, nous sommes en train de travailler à une combinaison des soins qui est essentielle pour notre communauté, et qui pourra assurer que nos patients soient entre bonnes mains. » 

Une fois qu’un patient est référé à un médecin de famille, sa relation avec le CUSM ne se termine pas pour autant. Plutôt, cela crée un pont entre les différentes lignes des soins de santé. L’objectif actuel est de se rendre à 1 000 patients inscrits par an, objectif que Carole croit réalisable si tout le monde y met du sien. 

« C’est un projet qui a beaucoup de potentiel. J’espère pouvoir présenter des résultats très encourageants dans six mois. »

Témoignage de patient : Cheryl-Anne

Dès que Cheryl-Anne a commencé à se sentir mal, elle savait que quelque chose n’allait pas et a pris rendez-vous avec son médecin de famille. « Après avoir discuté de mes symptômes, il a recommandé que je sois vue par un spécialiste, » dit-elle. « On m’a éventuellement diagnostiqué une leucémie chronique. »

Cheryl-Anne s’estime chanceuse, car on l’a traitée avec un nouveau médicament qui a bien fonctionné. Il importait cependant, comme pour toute prise de médicaments, d’être bien suivie pour non seulement évaluer leur efficacité, mais aussi pour gérer les effets secondaires pouvant survenir. Il peut être difficile pour les patients souffrant de maladies chroniques de distinguer les symptômes causés par la maladie de ceux causés par la médication. C’est pourquoi Cheryl-Anne croit que même en consultant un spécialiste, il valait mieux rester en contact avec son médecin de famille. Elle a bénéficié d’une vue d’ensemble sur son état de santé tout en épargnant une visite à l’hôpital, puisque son médecin de famille pouvait assurer le suivi nécessaire. Cheryl-Anne s’est trouvée à travailler à la fois avec son spécialiste et son médecin de famille pour gérer son état, formant ainsi un lien entre les deux.

Pour Cheryl-Anne, ce pont entre les différentes lignes de soins lui a permis de prendre son état de santé en charge de façon plus aisée, devenant elle-même semi-experte en leucémie chronique et ses effets. Le Projet Cliniques Partenaires vise à créer ce sentiment d’autonomisation et de contrôle pour d’autres patients vivant avec des maladies chroniques, et à assurer qu’ils reçoivent un spectre complet de soins.