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Un traitement risqué contre la sclérose en plaques redonne la vie à un médecin

Alexander Normandin en était à sa 3e année d’études en médecine à l’Université McGill lorsqu’il a appris qu’il était atteint de sclérose en plaques, une maladie dégénérative imprévisible qui s’attaque au système nerveux central.

Doc with patient
Dr Alexander Normandin (droite), dont la vie a été sauvée par un traitement de greffe de moelle osseuse et qui pratique maintenant lui-même la médecine.

« J’étais tellement absorbé par mes études, que je n’ai pas porté attention aux premiers signes », explique Normandin. « Mais, après quelques réveils avec la tempe engourdie, je me sentais comme si mon visage était paralysé, j’étais fatigué et j’avais des problèmes d’équilibre et de coordination. J’ai appris par la suite que j'étais atteint d'une forme très agressive de sclérose en plaques et que je serais probablement en fauteuil roulant d’ici l’année suivante. La nouvelle a été extrêmement brutale. » 

Normandin a été retenu comme candidat pour une greffe expérimentale de cellules souches de moelle osseuse à l’Hôpital général d’Ottawa, un traitement développé en collaboration avec les médecins de l’Institut et Hôpital neurologiques de Montréal (le Neuro). Il est alors devenu le 19e patient sur seulement 24 patients participants et sa greffe a eu lieu en 2008. La procédure comporte des risques parce que le système immunitaire est anéanti par la chimiothérapie et programmé à nouveau à l’aide des cellules souches du patient.  

Aujourd’hui, Normandin est médecin de famille, sa sclérose en plaques s’est stabilisée et il n’a même plus besoin de prendre de médicaments. La procédure semble avoir interrompu l’évolution de la maladie. 

Les nouvelles recherches sur ce traitement appuient ces résultats. Tous les patients participant à l’étude qui ont reçu la greffe expérimentale de moelle osseuse n’ont vu aucune nouvelle avancée de la maladie. L’étude publiée dans le journal Annals of
Neurology et menée par le Dr Amit Bar-Or du Neuro, démontre qu’il n’y a aucune nouvelle lésion dans le cerveau des greffés. L’étude compare également le système immunitaire du patient avant et après le traitement. Les résultats témoignent d’une réduction de la fonction d’un sous-groupe de cellules T immunitaires, ce qui pourrait être une cible biologique potentielle pour les futures thérapies moins risquées que la greffe de moelle osseuse. Les médecins expliquent que les résultats demeurent cependant préliminaires, puisqu’il n’est pas connu si le traitement à risque est efficace pour contrer d’autres sortes de sclérose en plaques.  

Normandin raconte que la maladie lui a néanmoins offert une lueur d’espoir. En tant que médecin, il a acquis une perspective qui ne peut pas être enseignée à l’école de médecine. « Mon parcours a définitivement eu un impact sur la façon dont je perçois mes patients. Je suis beaucoup plus conscient de la façon dont je m’adresse à eux et plus empathique lorsqu’il est question de gérer leur état de santé. »  

 

Sclérose en plaques

La sclérose en plaques est un trouble du cerveau et de la moelle épinière qui cause de la fatigue, un déséquilibre, des problèmes sensoriels et la paralysie musculaire. La cause de la maladie est inconnue, mais les preuves suggèrent qu’il s’agit d’une maladie auto-immune qui s’attaque à la myéline, une substance qui recouvre les axones, les minces fibres qui transportent les signaux entre les cellules du cerveau. La maladie fait habituellement surface entre l’âge de 15 et 40 ans, mais elle peut se manifester aussi tôt qu’à l’âge de deux ans. Les femmes ont deux fois plus de chances de contracter la sclérose en plaques que les hommes. Le Canada détient malheureusement un des plus hauts taux de sclérose en plaques au monde, avec près de 1,100 nouveaux cas chaque année. Presque 50,000 Canadiens sont atteints de sclérose en plaques. Au Québec, plus d’une personne sur 500 est touchée par cette maladie dévastatrice.

 

Dr. Bar-Or
Dr Amit Bar-Or de l'Institut et Hôpital neurologiques de Montréal a contribué au développement du traitement de greffe de moelle osseuse et dirigé l’étude biologique subséquente.

Greffe de moelle osseuse

La greffe de moelle osseuse donne des résultats positifs chez les patients atteints de formes particulièrement agressives de sclérose en plaques. Le traitement de greffe, effectué comme partie intégrante de l’essai clinique, comporte de sérieux risques potentiels et vise à stopper toute récidive d’activité de la maladie, tel qu’observé à l’aide d’examens cliniques et d’examens IRM du cerveau. Le traitement fait appel à la chimiothérapie ablative suivie d’une greffe de cellules souches appartenant au patient. Vingt-quatre patients ont participé à l’ensemble de l’essai clinique canadien de greffe de moelle osseuse contre la sclérose en plaques coordonnée par l’Hôpital général d’Ottawa.