Les bébés allaités sont moins susceptibles de souffrir d'eczéma à l'adolescence

Les bébés dont la mère a été soutenue adéquatement afin de pratiquer un allaitement exclusif prolongé sont exposés à un risque d’eczéma 54 % moins élevé à 16 ans. C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude dirigée par des chercheurs du King’s College de Londres, de l’Université Harvard, de l’Université de Bristol, de l’Université McGill et l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM). 

Dr Michael Kramer

« Notre intervention en faveur de l’allaitement a réduit de 50 % le risque d’eczéma pendant la première année de vie », indique le Dr Michael Kramer, chercheur principal de l’étude PROBIT au sein du Programme en santé de l'enfant et en développement humain de l’IR-CUSM et professeur de pédiatrie à l’Université McGill.

Publiée aujourd’hui dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) Pediatrics, l’étude porte sur plus de 13 000 adolescents biélorusses participant à l’essai PROBIT (PROmotion of Breastfeeding Intervention Trial). Les cas d’eczéma sont 54 % moins nombreux chez les adolescents dont la mère, bien encadrée, a pratiqué l’allaitement exclusif.

L’eczéma provoque des lésions cutanées – peau sèche, placards rouges, fissures – et des démangeaisons. Il touche environ 1 enfant sur 5 et 1 adulte sur 10 dans les pays développés.

« L’OMS recommande l’allaitement maternel exclusif pendant quatre à six mois en prévention des allergies et des maladies connexes », rappelle le Dr Carsten Flohr, auteur principal de l’étude, appuyé dans ses travaux par le Centre de recherche biomédicale de l’Institut national de recherche en santé du Guy’s and St Thomas’ NHS Foundation Trust, au King’s College de Londres. « Nos observations illustrent l’importance des campagnes visant à faire augmenter le faible taux d’allaitement dans le monde, telle que l’Initiative Hôpitaux amis des bébés (IHAB) ».

L’équipe de l’étude PROBIT a recruté 17 046 mères et leur nourrisson entre juin 1996 et décembre 1997. La moitié des maternités et des cliniques pédiatriques participantes ont bonifié leur soutien à l’allaitement en se conformant aux recommandations de l’IHAB – programme de l’OMS et de l’UNICEF – et l’autre moitié s’en est tenue à sa façon de faire habituelle.

« Notre intervention en faveur de l’allaitement a réduit de 50 % le risque d’eczéma pendant la première année de vie », indique le Dr Michael Kramer, chercheur principal de l’étude PROBIT au sein du Programme en santé de l'enfant et en développement humain de l’IR-CUSM et professeur de pédiatrie à l’Université McGill. Le Dr Kramer est également le directeur du Centre de recherche évaluative en santé (CRES) de l’IR-CUSM.

« C’est quand même incroyable. Seize ans plus tard, l’effet protecteur est toujours présent dans 50 % des cas, et ce constat repose sur un examen de la peau effectué par des médecins. PROBIT est le plus vaste essai clinique avec randomisation réalisé à ce jour sur l’allaitement chez l’être humain. Nos résultats confirment que plus de 20 ans après sa mise en route, il continue de nous procurer des données scientifiques et cliniques importantes. »

Le taux d’allaitement au Royaume-Uni est l’un des plus faibles du monde. Seulement 34 % des nourrissons (soit un sur trois) ont déjà reçu du lait maternel, comparativement à 49 % aux États‑Unis et à 71 % en Norvège. De plus, 1 % des bébés britanniques seulement sont nourris exclusivement au lait maternel pendant six mois.

Dans cette étude, l’intervention en faveur de l’allaitement a eu un effet protecteur contre l’eczéma, mais n’a cependant pas fait diminuer le risque d’asthme. En effet, 1,5 % du groupe soumis à l’intervention (108/7 064) a fait état de symptômes d’asthme, comparativement à 1,7 % (110/6 493) du groupe témoin.

L’article « The effect of an intervention to promote breastfeeding on asthma, lung function and atopic eczema at age 16 years » a été publié aujourd’hui dans la revue JAMA Pediatrics

PROBIT (PROmotion of Breastfeeding Intervention Trial) est l’essai comparatif avec randomisation en grappes le plus vaste mené à ce jour sur l’allaitement chez l’être humain. Il a été dirigé par les Prs Michael Kramer (Université McGill, Institut de recherche du CUSM) et Richard Martin (Université de Bristol) ainsi que la Dre Emily Oken (Université Harvard).

 

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Contact :

Julie Robert
Coordonnatrice aux communications - recherche
Direction des communications 
Centre universitaire de santé McGill
T: 514-934-1934, ext. 71381
C: 514-971-4747

 

Remarque :

Financement et soutien

L’étude a été financée par l’Union européenne (Early Nutrition Programming Long-term Efficacy and Safety Trials), les Instituts de recherche en santé du Canada et les National Institutes of Health des États‑Unis (R01 HD050758, K24 HD069408). Le Pr Richard Martin travaille au sein de l’Unité d’épidémiologie intégrée, financée par le Conseil de recherches médicales du Royaume-Uni et l’Université de Bristol (code de subvention : MC_UU_12013/1-9).

  • Lancée en 1991, l’Initiative Hôpitaux amis des bébés (IHAB) est un programme mondial ayant pour but d’encourager les maternités à adhérer aux dix étapes de réussite de l’allaitement maternel et à se conformer au Code international de commercialisation des substituts du lait maternel.

 


Étude PROBIT
PROBIT (PROmotion of Breastfeeding Intervention Trial) est l’essai comparatif avec randomisation en grappes le plus vaste mené à ce jour sur l’allaitement chez l’être humain.

Il repose sur le suivi à long terme de 17 046 mères et nourrissons sains initialement admis à l’essai dans la République du Bélarus (PROBIT I, chercheur principal : Pr Michael Kramer, Université McGill, Institut de recherche du CUSM, Canada).

Trente et une maternités et une des polycliniques affiliées à chacune d’elles (où les enfants reçoivent leur suivi médical) ont été affectées par randomisation à l’intervention expérimentale en faveur de l’allaitement ou à la poursuite des pratiques d’allaitement alors en vigueur dans l’établissement (groupe témoin).

On observe une différence notable entre les deux cohortes issues de cette répartition aléatoire au chapitre de l’exposition à l’allaitement. Elles se prêtent donc parfaitement à l’évaluation, au moyen d’une analyse en intention de traiter, des effets de l’allaitement sur la santé.

Pour obtenir de plus amples renseignements, prière de consulter le site Web du projet.