Le « Dr House » du CUSM résout une autre énigme médicale…
Montréal – Une équipe de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) dirigée par le Dr Donald Vinh, souvent comparé au « Dr House » à l’IR-CUSM pour ses intêrets de recherche portant sur des cas cliniques rares et particuliers, vient de découvrir une nouvelle maladie génétique. Cette découverte pourrait permettre de poser un diagnostic plus précis chez certains patients et de mettre au point de futurs traitements. Les résultats de cette étude viennent d’être publiés dans la revue scientifique Journal of Experimental Medicine.
Le Dr Vinh a baptisé cette nouvelle maladie « immunodéficience combinée » (IC ou CID en anglais) et « ICOSLG » le gène qui en est responsable. La maladie se caractérise par une faiblesse du système immunitaire. En fait, l’organisme se retrouve incapable de combattre les infections, ce qui rend les patients susceptibles de souffrir à répétition d’infections potentiellement mortelles telles que des pneumonies et des infections récalcitrantes, comme des verrues, des feux sauvages ou des infections à champignons.
Nouvelle maladie affaiblissant le système immunitaire
« Le fait d’avoir identifié cette maladie va nous aider à offrir un diagnostic plus précis à d’autres personnes atteintes de cette maladie. Ces patients pourraient également bénéficier d’un suivi quant aux complications potentielles liées à la maladie et avoir accès à des traitements personnalisés », explique le Dr Vinh, chercheur du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale (MIISM) de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) et professeur à la Division des maladies infectieuses de l’Université McGill. « La découverte du gène ICOSLG aidera également les scientifiques à identifier les autres membres de la famille qui sont à risque, y compris les nouveau-nés, et ce, avant qu’ils tombent malades. »
Un gène en lien avec la trisomie 21
La percée médicale du Dr Vinh et de son équipe pourrait également permettre d’approfondir les causes de la déficience immunitaire associée à la trisomie 21 (aussi connue sous le nom de syndrome de Down), qui survient lorsque les personnes atteignent l’âge adulte.
« Le gène ICOSLG se trouve sur le chromosome 21; il s’avère que les patients atteints du syndrome de Down, qui ont trois chromosomes 21 (au lieu de deux, comme c’est le cas chez les personnes non atteintes) auraient également un systèreme immunitaire affaibli. Nous essayons actuellement de déterminer si ce gène est responsable de la déficience immunitaire observée chez les adultes ayant le syndrome de Down », poursuit le Dr Vinh, dont l’étude des défauts génétiques du système immunitaire est à l’origine de sa réputation de « détective médical ».
Un cas de patient similaire à celui de l’« enfant bulle »
Tout a commencé avec un cas clinique d’un patient âgé de 36 ans, qui faisait des sinusites, des pneumonies, des infections à levures et des infections virales à répétition depuis l’enfance. Les chercheurs ont eu recours à une technique de séquençage génétique de pointe à l’IR-CUSM pour étudier le génome du patient. Ils ont procédé à une analyse poussée de ses gènes, en les comparant à ceux des membres de sa famille. Le but était d’identifier le gène anormal qui était responsable de sa maladie.
« Les premières évaluations de notre patient ne tenaient pas compte de l’ensemble de ses symptômes; chacun de ses problèmes était abordé de manière individuelle, explique le Dr Vinh. Toutefois, lorsqu’on a commencé à établir des liens entre les anomalies, on a constaté que le cas de ce patient ressemblait étrangerement à celui de l’« enfant bulle » , histoire très médiatisée dans les années 70 d’un petit garçon qui avait dû vivre dans une bulle stérile dès sa naissance car il étaiet atteint de déficit immunitaire combiné sévère, le rendant vulnérable à toutes les infections. »
« Le syndrome dont est atteint le patient dans l’étude est très similaire; cependant, comme il était d’âge adulte, personne n’a pensé à explorer cette possibilité », ajoute le Dr Vinh, qui a collaboré avec le Dr André Veillette, directeur de l’unité de recherche en oncologie moléculaire de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM).
« Ma famille et moi sommes soulagés de recevoir enfin un diagnostic, après tant d’années où les médecins ignoraient ce qui clochait chez moi; je suis heureux de constater que la recherche pourrait mener à un éventuel traitement dans mon cas. Il est très réconfortant de savoir que nos enfants ne sont pas atteints de la maladie/porteurs du gène », affirme le patient d’origine canadienne-française, qui vit dans l’Est du Québec avec sa femme et leurs deux jeunes enfants.
Le Dr Vinh a déjà reçu de nombreuses demandes de médecins venant de partout dans le monde, qui souhaiteraient faire passer des examens à leurs patients susceptibles d’avoir la même condition médicale que le patient de l’ étude. La découverte annoncée aujourd’hui laisse entrevoir une lueur d’espoir pour les patients et pour leurs familles.
À propos de l’étude
L’étude intitulée « Loss of human ICOSL results in combined immunodeficiency » a été co-écrite par Lucie Roussel, Marija Landekic, Makan Golizeh, Christina Gavino, Ming‑Chao Zhong, Jun Chen, Denis Faubert, Alexis Blanchet-Cohen, Luc Dansereau, Marc-Antoine Parent, Sonia Marin, Julia Luo, Catherine Le, Melanie Langelier, Irah L. King, Maziar Divangahi, William D. Foulkes et Donald C. Vinh. DOI: 10.1111/1523-1747.ep12613748.
Financement
La Fondation du Grand défi Pierre Lavoie; Fonds de Recherche du Québec – Santé (FRQS); IR‑CUSM (bourse Merck Sharpe & Dohme); Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC); FDN‑143338; Bristol-Myers Squibb; Université McGill; CSL Behring Canada.