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Une étude canadienne lève le voile sur les causes de la paralysie cérébrale

Dr. Michael Shevell et Dr. Maryam Oskoui
Dr Michael Shevell (co-auteur) et Dre Maryam Oskoui (auteur principal), tous deux chercheurs à l'IR-CUSM au sein du programme en Santé de l’enfant et en développement humain


TORONTO et MONTRÉAL – La paralysie cérébrale est la principale cause d’incapacité physique chez les enfants. En effet, chaque année, 140 enfants obtiennent un diagnostic de paralysie cérébrale au Québec. Ce syndrome a toujours été considéré comme étant causé par des facteurs tels qu’une asphyxie à la naissance, un accident cérébro-vasculaire ou une infection du cerveau en développement des bébés. Dans une nouvelle étude canadienne, une équipe de chercheurs de l’Hôpital Sick Kids de Toronto et de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) de Montréal fournit une preuve solide étayant le rôle de la génétique dans le développement de la paralysie cérébrale qui remet la compréhension des experts en question.


IRM du cerveau d'un enfant non malade : la matière grise apparaît en gris pâle et la matière blanche est gris foncé.


IRM du cerveau d'un enfant avec une paralysie cérébrale : les flèches rouges indiquent des cicatrices visibles au niveau de la matière grise centrale entrainant une raideur des membres et un trouble de coordination des mouvements.


IRM du cerveau d'un enfant avec une paralysie cérébrale : les flèches rouges indiquent une perte de matière blanche entrainant une raideur des membres et à une paralysie du corps plus prononcée du côté gauche.

Les résultats de l’étude, publiés dans la revue Nature Communications le 3 août 2015, pourraient avoir des conséquences majeures sur la prévention et le traitement des enfants souffrants de paralysie cérébrale ainsi que sur les conseils thérapeutiques qui leur sont donnés.

« D’après nos recherches, la composante génétique de la paralysie cérébrale serait beaucoup plus importante qu’on le croyait auparavant, affirme l’auteure principale de l’étude, Dre Maryam Oskoui, neurologue pédiatre à l’Hôpital de Montréal pour enfants du CUSM (HME-CUSM), co-directrice du Registre canadien de paralysie cérébrale et professeure adjointe au département de pédiatrie et au département de neurologie et neurochirurgie de l’Université McGill. Une meilleure compréhension de l’interaction entre ces facteurs génétiques et d’autres facteurs de risque établis sera importante. Par exemple, deux nouveau-nés exposés aux mêmes facteurs de risques périnatals évolueront souvent de manière très différente. Selon nos recherches, nos gènes confèrent une résilience – ou, au contraire, une susceptibilité – à développer une paralysie cérébrale. »

Les enfants atteints de paralysie cérébrale éprouvent des problèmes de développement moteur dès leur jeune âge, souvent accompagnés d’épilepsie, de troubles d’apprentissage et du langage ainsi que d’une déficience auditive ou visuelle. Deux nourrissons sur mille sont touchés par la paralysie cérébrale, mais ils présentent des profils très variables. Ainsi, certains enfants en ont peu de manifestations, tandis que d’autres sont incapables de marcher seuls ou de communiquer. Les tests génétiques ne sont pas effectués ni recommandés systématiquement, et les causes génétiques sont rarement analysées, sauf lorsqu’on ne trouve pas d’autre origine à la maladie.

L’équipe de recherche a effectué des tests génétiques chez 115 enfants ayant la paralysie cérébrale ainsi que chez leurs parents, qui faisaient partie du Registre canadien de paralysie cérébrale et dont bon nombre présentaient d’autres facteurs de risque connus. Elle a découvert que dix pour cent de ces enfants avaient des variations du nombre de copies (VNC) touchant des gènes considérés comme pertinents sur le plan clinique. Les VNC sont des perturbations structurelles de l’ADN d’un génomequi peuvent prendre la forme de délétions, d’additions ou de réorganisations de parties d’un gène et provoquer une maladie. On les observe chez moins d’ un pour cent de la population générale.

« Lorsque j’ai montré les résultats à nos généticiens cliniques, ils ont été abasourdis, explique Dr Stephen Scherer, chercheur principal de l’étude et directeur du Centre de génomique appliquée (TCAG) au SickKids. Compte tenu de ces résultats, nous proposons d’intégrer les analyses génétiques aux normes de pratique pour l’évaluation diagnostique de la paralysie cérébrale. »

L’étude a également démontré que de nombreux gènes interviennent dans la paralysie cérébrale. « Ça ressemble beaucoup à l’autisme, parce que de nombreuses VNC qui touchent différents gènes sont en cause, ce qui pourrait expliquer les manifestations cliniques si variées de ces deux maladies, » ajoute Dr Scherer, qui dirige également le McLaughlin Centre de l’université de Toronto. « Fait intéressant, les nouvelles VNC observées chez les patients ayant la paralysie cérébrale sont encore plus fréquentes que quelques-unes des principales VNC révélées par les recherches sur l’autisme depuis dix ans. Nous avons ouvert de nombreuses avenues vers de nouvelles recherches sur la paralysie cérébrale. »

« Il est important de découvrir une cause sous-jacente à l’incapacité d’un enfant pour la prendre en charge, précise Dr Michael Shevell, co-directeur du Registre canadien de paralysie cérébrale et chef du département de pédiatrie de l’HME-CUSM. Les parents veulent savoir pourquoi leur enfant a des problèmes particuliers. Lorsqu’on en trouve une raison précise, on ouvre de nouvelles perspectives pour favoriser la compréhension, de nouveaux traitements, la prévention et la réadaptation. Cette étude fournira l’élan nécessaire pour que les tests génétiques deviennent partie intégrante de l’évaluation complète des enfants atteints de  paralysie cérébrale. »

Cette étude a été subventionnée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), Génome Canada, le Centre McLaughlin de l’Université de Toronto, NeuroDevNet, réseau des centres d'excellence (RCE) du Canada et la Fondation de SickKids. Le Registre canadien de paralysie cérébrale est financé par le Réseau de recherche sur le développement, la santé et le bien-être de l’enfant (RSDE) des Fonds de Recherche en Santé du Québec (FRSQ) et NeuroDevNet. La Dre Maryam Oskoui est un chercheur-boursier clinicien Junior 1 du FRQS.


L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la santé. Établi à Montréal, au Canada, l’Institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université McGill, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) – dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’Institut compte plus de 500 chercheurs et plus de 1 200 étudiants qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santé évaluative au site Glen et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la santé des patients tout au long de leur vie. Plus de 1 600 projets de recherche et essais cliniques y sont menés chaque année. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS). www.ircusm.ca 


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