Le café ne soulagerait pas les symptômes de la maladie de Parkinson

MONTRÉAL,  – Scientifiquement, il est établi que les buveurs de café courent moins de risques de développer la maladie de Parkinson que les personnes qui n’en consomment jamais. Toutefois, cela ne signifie pas que la consommation de café peut soulager les symptômes débilitants de la maladie. Selon les conclusions d’une nouvelle étude menée par des scientifiques canadiens sous la direction de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), il est clair que la caféine ne peut pas être envisagée comme un traitement potentiel pour réduire les symptômes moteurs chez les patients atteints de la maladie de Parkinson. Les résultats sont publiés aujourd’hui dans la version en ligne de Neurology®, le journal médical de l’American Academy of Neurology. 

That cup of coffee may not relieve Parkinson’s symptomsDans une étude précédente, publiée dans Neurology en 2012, l’équipe de chercheurs laissait entendre qu’il était possible que la caféine puisse contribuer à réduire les symptômes moteurs chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Il s’agissait de l’une des premières études réalisées dans le domaine à observer les bienfaits de la caféine sur les symptômes moteurs des patients, comme la vitesse à exécuter les mouvements et la réduction de la raideur musculaire. Comme cette étude avait été réalisée à petite échelle sur une période de seulement six semaines, les chercheurs ont décidé d’approfondir leurs recherches, mais n’ont pas obtenu résultats attendus.

La maladie de Parkinson est la deuxième des maladies neurodégénératives les plus répandues, après la maladie d’Alzheimer. Plus de 100 000 Canadiens vivent actuellement avec cette maladie, et environ 6 600 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année au Canada. La maladie de Parkinson se caractérise généralement par des symptômes moteurs tels que la lenteur à exécuter des mouvements, de la rigidité, des tremblements et la perte de l’équilibre.

« Nous étions enthousiastes à l’idée de penser que la consommation de caféine, l’un des stimulants psychomoteurs les plus consommés dans le monde, aurait pu constituer une option de traitement sécuritaire et peu coûteuse pour aider les personnes déjà atteintes de la maladie de Parkinson, mais les résultats de notre dernière étude montrent le contraire », explique l’auteur principal de l’étude, le Dr Ronald B. Postuma, clinicien-chercheur à l’Hôpital général de Montréal de l’IR-CUSM et professeur de médecine au Département de neurologie et de neurochirurgie de l’Université McGill. « Néanmoins, il reste vrai et bien établi que les personnes qui ne boivent pas de café pendant la vie semblent être plus à risque de développer la maladie de Parkinson. Malheureusement, ne comprenons toujours pas complètement la relation entre la caféine et la maladie de Parkinson. »

Les chercheurs ont suivi des personnes âgées de 45 à 75 ans qui avaient reçu un diagnostic de maladie de Parkinson depuis environ quatre ans en moyenne. Un total de 121 patients ont été recrutés sur sept sites, dont six répartis dans l’ensemble du Canada et un au Brésil. La moitié de ces patients se sont vu administrer une capsule de 200 mg de caféine deux fois par jour, une fois le matin et une fois après le lunch, soit l’équivalent de trois tasses de café par jour, alors que l’autre moitié des patients ont reçu un placebo. Pour aider le premier groupe à s’adapter à la caféine, la dose a été augmentée lentement; on a commencé par administrer un placebo, pour atteindre 200 mg à la neuvième semaine. Les participants à l’étude ont été suivis pendant une période variant de six à 18 mois.

Les chercheurs ont conclu qu’il n’y avait pas d’amélioration quant aux symptômes moteurs chez les patients à qui on avait administré des capsules de caféine comparativement à ceux qui avaient pris des capsules de placebo. Il n’y avait pas de différence dans la qualité de vie non plus. Comme ces données ne démontrent l’existence d’aucun bienfait lié à la consommation de caféine, les chercheurs ont décidé de ne pas poursuivre l’étude.

 « Malgré le fait que notre étude antérieure démontrait une possible amélioration des symptômes, elle avait été réalisée sur une période plus courte; il est par conséquent possible que la caféine ait entraîné un bienfait à court terme, se dissipant rapidement, explique le Dr Postuma, qui est aussi membre de l’American Academy of Neurology. Malgré tout, notre principale conclusion est que la caféine ne peut pas être recommandée comme traitement des symptômes moteurs de la maladie de Parkinson. »

Une limite de cette nouvelle recherche en cause est que les chercheurs n’ont pas mesuré la concentration de caféine dans le sang des participants pendant l’étude; il est possible que certains d’entre eux n’aient pas respecté les exigences de l’étude. De plus, la dose de caféine retenue était fondée sur des études antérieures; il est possible qu’une dose plus élevée entraîne des effets différents.

Pour en savoir plus sur la maladie de Parkinson, consultez le site Web www.aan.com/patients.

À propos de l’étude

L’étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), la Fondation Webster, et par le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS).

Nous vous invitons à lire le texte de l’étude, pour des renseignements complémentaires.  

À propos de l’Institut de recherche du CUSM

L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la santé. L’Institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université McGill, est l’organe de  recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), centre hospitalier universitaire établi à Montréal, au Canada, dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’IR-CUSM compte plus de 460 chercheurs, de même que près de 1 300 étudiants et stagiaires qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santé évaluative aux sites Glen et Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la santé des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS). www.ircusm.ca