Recherche sur le cancer du pancréas : une approche personnalisée porteuse d’espoir pour les patients
Montréal, le 6 mars 2018— Peu de tests de détection précoce, des symptômes silencieux, des options de traitement très limitées et aucun biomarqueur connu qui puisse être utilisé pour orienter les traitements. Voilà quelques-uns des défis cliniques que l’équipe EPPIC (Enhanced Pancreatic Cancer Profiling for Individualized Care) relèvera au cours des cinq prochaines années dans le but d’améliorer les traitements personnalisés pour les patients atteints d’un adénocarcinome canalaire pancréatique, maladie dont le taux de survie n’est que de 8 pour cent sur cinq ans.
L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) est fier d’unir ses forces à celles d’autres partenaires au titre de cette initiative de l’Institut Terry Fox qui, grâce à la médecine personnalisée, apporte un nouvel espoir aux patients atteints de cette maladie mortelle. Cette initiative pancanadienne de 5 millions de dollars en médecine de précision, qui a récemment reçu le soutien financier de l’Institut de recherche Terry Fox, est dirigée par des chercheurs de BC Cancer Agency et de l’Université de la Colombie-Britannique.
« On s’attend à ce que le cancer du pancréas se classe tout juste derrière le cancer du sein et le cancer colorectal et à ce qu’il devienne la deuxième principale cause de décès attribuable au cancer au Canada d’ici 2030. Nous devons mettre au point des moyens novateurs afin de mieux comprendre la biologie de ce cancer agressif, de découvrir des signatures moléculaires et d’identifier des mutations héréditaires et d’étudier des tumeurs à un niveau plus approfondi. Un projet ambitieux et de grande ampleur comme EPPIC nous aidera à atteindre ces objectifs », déclare le Dr George Zogopoulos, cochercheur principal d’EPPIC, spécialiste de la chirurgie pancréatique et scientifique à IRCUSM et au Centre de recherche sur le cancer Goodman de l’Université McGill.
Séquençage des tumeurs métastatiques à un niveau plus approfondi
L’équipe EPPIC veut séquencer les tumeurs métastatiques du pancréas de 400 patients du Québec, de l’Ontario, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique. Elle espère ainsi mieux comprendre la biologie du cancer du pancréas afin de pouvoir définir des stratégies de traitement personnalisées et de faciliter la mise au point de nouvelles options de traitement.
« La plupart du temps, le dépistage du cancer du pancréas se fait tardivement, alors que la maladie s’est déjà propagée à d’autres parties du corps, car le pancréas est logé au creux de l’abdomen; de plus, bien souvent, aucun symptôme ne se manifeste à un stade précoce de la maladie. Nous dépistons parfois le cancer plus tôt, lorsque la tumeur bloque le canal biliaire, provoquant ainsi une jaunisse. Toutefois, même dans ce cas, les chances de succès du traitement sont inférieures à 30 pour cent, » explique le Dr Zogopoulos.
Quatre patients sur cinq ont un cancer métastatique au moment du diagnostic, et la plupart en mourront au cours de l’année suivante. EPPIC concentrera ses activités sur le cancer métastatique plutôt que sur les tumeurs primaires non métastatiques qui sont opérables. Selon les chercheurs, la priorité est d’identifier des sous-types moléculaires de cancer du pancréas qui pourraient être mieux traités grâce à la médecine de précision.
Ce projet de recherche est en cours à Toronto, à Vancouver et à Montréal, où l’équipe du Dr Zogopoulos procède actuellement au recrutement de patients au Centre du cancer des Cèdres (site Glen), au CUSM. Le recrutement sera bientôt élargi de manière à inclure des patients venant d’autres hôpitaux canadiens.
Élargissement du séquençage génétique à la population canadienne-française
En plus de participer au projet EPPIC, l’équipe du Dr Zogopoulos fait aussi de la recherche sur les sous-types – parfois héréditaires – de cancer du pancréas qui peuvent être plus répandus au sein de la population du Québec.
Dans une étude récente*, le Dr Zogopoulos et ses collègues se sont penchés sur la fréquence des mutations héréditaires des gènes BRCA1, BRCA2, PALB2 et ATM – que l’on reconnaît le plus souvent comme étant à l’origine du cancer du sein – chez les patients ayant reçu un diagnostic de cancer du pancréas. Dans cette vaste étude portant sur 350 patients, les chercheurs ont découvert que des mutations de ces gènes constituent une cause importante du cancer du pancréas chez les Canadiens français à cause d’un phénomène génétique connu comme étant l’effet de la population fondatrice (phénomène qui a déjà été observé chez les Juifs ashkénazes).
En génétique, l’effet fondateur est attribuable à une perte de variation génétique qui se produit lorsqu’un petit groupe de personnes faisant partie d’une population plus grande forme une nouvelle population. Des chercheurs ont découvert que près de 8 pour cent des patients ayant des ancêtres canadiens-français étaient porteurs de mutations de l’un de ces quatre gènes, comparativement à environ 5 pour cent de la population générale. Ils ont également découvert que les mutations étaient plus fréquentes chez les patients ayant reçu un diagnostic à 50 ans ou avant cet âge, de même que chez les patients dont l’historique familial comportait des cas de cancer du pancréas, du sein, de l’ovaire ou de la prostate.
« Nos conclusions démontrent que nous avons besoin de clarifier les façons de rendre disponible dans les cliniques de traitement du cancer le dépistage génétique des mutations des gènes BRCA1, BRCA2 et PALB2 chez tous les patients ayant reçu un diagnostic de cancer du pancréas et ayant des ancêtres canadiens-français, poursuit le Dr Zogopoulos. La connaissance de la mutation peut offrir des possibilités en termes de médecine de précision, en ciblant la tumeur, et peut aussi permettre de faire du counseling génétique auprès des membres de la famille du patient. » En se fondant sur leurs recherches, les chercheurs croient aussi que les patients présentant des mutations de ces gènes vont bénéficier des traitements médicaux offerts en médecine de précision.
Richard Beauchamp, 60 ans, de Montréal, a reçu un diagnostic de cancer du pancréas en 2014. On lui donnait quelques mois à vivre, car sa tumeur était trop grosse pour que l’on procède à son ablation. L’équipe du Dr Zogopoulos a identifié une mutation récurrente du gène PALB2 chez les Canadiens français. Grâce au séquençage de la tumeur de ce patient, l’équipe de chercheurs a également démontré que son cancer était attribuable à cette mutation héréditaire. Cette connaissance a aidé ses médecins à sélectionner une chimiothérapie qui attaque le sous-type de cancer du pancréas précis qu’avait M. Beauchamp, ce qui a permis au Dr Zogopoulos de l’opérer et de retirer une tumeur cancéreuse que l’on estimait initialement être inopérable. M. Beauchamp ne présente aucune trace de cancer depuis plus de trois ans.
« Tout s’est passé tellement vite. J’ai eu un choc lorsque j’ai reçu le diagnostic, car j’étais en santé; j’ai cependant décidé d’être combatif et de prendre les mesures qui s’imposaient. On m’a recommandé au Dr Zogopoulos, qui m’a littéralement donné une seconde chance, explique M. Beauchamp. Mes filles et mes frères ont subi des examens de dépistage de la mutation, et certains des membres de ma famille sont suivis au titre du programme de dépistage que le Dr Zogopoulos a mis au point au CUSM. »
« L’histoire de Richard Beauchamp, entre autres, contribue au développement du projet EPPIC, ajoute le Dr Zogopoulos. Le cancer du pancréas est un type de cancer pour lequel un traitement universel n’a pas fonctionné. Nous espérons connaître du succès dans nos projets en cours, afin d’être en mesure d’offrir de meilleurs traitements aux patients atteints de cette maladie incurable et de proposer de meilleures stratégies de prévention aux membres de leurs familles. »
Communiqué national envoyé par l’Institut de recherche Terry Fox.
Article scientifique* publié dans le journal JCO Precision Oncology.
À propos de l’Institut de recherche du CUSM
L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la santé. Établi à Montréal, au Canada, l’Institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université McGill, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) – dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’IR-CUSM compte plus de 420 chercheurs et près de 1 200 étudiants et stagiaires qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santé évaluative aux sites Glen et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la santé des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS). ircusm.ca
À propos de l’Institut de recherche Terry Fox (IRTF)
Lancé en octobre 2007, l’Institut de recherche Terry Fox est une idée de la Fondation Terry Fox et fonctionne aujourd’hui comme son organisme de recherche. L’IRTF cherche à améliorer de manière déterminante les résultats de la recherche sur le cancer pour les patients, grâce à une approche très collaborative, axée sur les équipes, avec des étapes clés de recherche qui permettront de transformer rapidement les découvertes en solutions concrètes pour les patients atteints de cancer dans le monde entier. L’IRTF collabore avec plus de 80 centres anticancéreux et organismes de recherche d’un bout à l’autre du Canada. Le siège social de l’IRTF est à Vancouver, Colombie-Britannique. Pour obtenir plus d’information, prière de nous visiter au www.tfri.ca et de nous suivre sur Twitter (@tfri_research).
CONTACT AVEC LES MÉDIAS
Julie ROBERT
Coordonnatrice aux communications – recherche
Centre universitaire de santé McGill
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