La vie après une laryngectomie : le rôle des orthophonistes
Une laryngectomie totale, c’est-à-dire l’ablation chirurgicale du larynx ou de la boîte vocale, est généralement pratiquée pour traiter un cancer avancé du larynx. Cette intervention entraîne la perte des cordes vocales et modifie considérablement la respiration et la déglutition. C’est là qu’interviennent les orthophonistes.
Les orthophonistes sont des spécialistes de la rééducation de la voix. Ils gèrent la prothèse vocale, un dispositif inséré dans une petite ouverture de la trachée (conduit respiratoire) qui canalise l’air vers l’œsophage. Les vibrations qui en résultent produisent une nouvelle voix.
« Il y a treize ans, deux types de prothèses vocales étaient principalement utilisés à l’Hôpital Royal Victoria, explique Geneviève Beauregard-Paultre, orthophoniste. Aujourd’hui, il en existe entre 15 et 20 modèles, ce qui permet aux patients de trouver celui qui leur convient le mieux. »
Les orthophonistes offrent un soutien technique et émotionnel. Ils sont experts en réadaptation pulmonaire, en stratégies de communication et en gestion des troubles de la déglutition. Maude Brisson-McKenna s’est jointe à l’équipe il y a quatre ans après avoir terminé son stage final au CUSM. « J’adore ce travail en raison des relations à long terme que j’établis avec les patients et leur famille », confie-t-elle.
L’une de ces relations est celle qu’elle entretient avec Claude Mongeau, qui a subi une laryngectomie il y a 10 ans. Il a repris le cours de sa vie après l’opération et est revenu à l’hôpital pour rassurer les nouveaux patients qui doivent subir la même intervention.
« J’ai aidé à conseiller un avocat et un professeur d’université qui devaient tous deux subir une laryngectomie », se souvient Claude. « Les orthophonistes sont des personnes importantes. Ils nous apprennent à parler à nouveau après l’opération. Ils nous encouragent et nous soutiennent pendant des années. Ce sont des personnes exceptionnelles. »

Il se souvient d’un geste simple, mais significatif au début de sa convalescence. « Un orthophoniste m’a donné un petit tableau noir et de la craie pour que je puisse écrire des messages aux infirmières. Cela m’a tellement touché que j’ai acheté 30 tableaux noirs pour le département afin d’aider d’autres patients. »
Claude remercie l’équipe d’orthophonistes non seulement de l’avoir aidé à retrouver sa voix, mais aussi de lui avoir donné les moyens de reprendre pleinement sa vie. « J’ai repris ma vie, y compris mon poste de directeur d’entreprise. »
Jusqu’à 10 adultes subissent une laryngectomie au CUSM chaque année. Une fois qu’un orthophoniste commence à travailler avec un patient, il s’engage à le soutenir tout au long de sa vie.
« Il y a absolument une vie après une laryngectomie », affirme Geneviève.
« Et pas seulement une vie, ajoute Maude, mais une bonne qualité de vie, avec toute une équipe multidisciplinaire qui vous accompagne. »