Célébrons 40 ans de physique médicale au CUSM et à l’Université McGill
Le 7 novembre prochain, le Centre universitaire de santé McGill (MUHC) et l’Université McGill célèbrent le 40e anniversaire du Programme de formation en physique médicale. Nous avons discuté avec le Dr Jan Seuntjens, directeur de l’Unité de physique médicale de l’Université McGill et William Parker, chef clinique du Département de physique médicale du CUSM.
Pour commencer, pourriez-vous nous dire pourquoi vous avez choisi spécifiquement la date du 7 novembre pour célébrer ce 40e anniversaire?
La célébration des 40 ans de l’UPM a été organisée le jour de la naissance de la lauréate du prix Nobel, Marie Curie (née en 1867), qui a découvert le radium et son application à la médecine. Lise Meitner, qui a découvert la fission nucléaire, est née le même jour en 1878. De plus, le 7 novembre est la journée internationale de la physique médicale!
Pour marquer cet événement, vous organisez un symposium. Pourriez-vous nous en parler brièvement?
D'anciens élèves du programme de l’UPM de chaque décennie tiendront des conférences lors du symposium. Ils viennent de partout dans le monde et parleront de leurs travaux en cours, de leur parcours ou d’une science ou d’une profession qui les passionne. Ensuite, une discussion en groupe se tiendra avec un autre groupe d’anciens élèves.
Le programme de formation célèbre ses 40 ans, mais les services cliniques de physique médicale existaient bien avant cela.
La physique médicale a toujours été considérée comme une force à McGill. Bien que le programme académique existe depuis la fin des années 70, la physique médicale était présente dans les institutions affiliées à McGill depuis la fin du 19e siècle ! En fait, une radiographie de la main d’un patient a été prise à l’Hôpital général de Montréal, seulement quelques mois après l’invention des rayons X en 1895 par Wilhelm Röntgen. Peu après, Ernest Rutherford a travaillé au département de physique de McGill. Il a reçu le prix Nobel pour ses recherches sur la désintégration des éléments et la chimie des substances radioactives en 1908.
L'Unité de physique médicale a été créée par le Dr Montague Cohen en 1979. Il est reconnu internationalement depuis 1993 par CAMPEP (Commission for Accreditation of Medical Physics Education Programs), grâce aux efforts acharnés du Dr Ervin Podgorsak. Ce programme est le premier au Canada et l’un de trois dans le monde à posséder une accréditation englobant une formation au niveau de la maîtrise, du doctorat et de la résidence clinique.
Il existe beaucoup d’autres groupes de professionnels auxquels enseignent les physiciens à l’hôpital. Le programme possède également un volet axé sur la recherche et l’innovation pour lequel plus de 40 étudiants diplômés et post-doctorants sont intégrés à l’hôpital.
Mise à part sa riche histoire, quel est le secret du succès du programme?
Le programme est un excellent exemple de l'interaction qui se produit entre l’université et l’hôpital. C'est fantastique de voir des professionnels des deux sphères, universitaire et clinique, appliquer de nouvelles avancées au profit des patients.
Comment cette expertise se convertit-elle concrètement en services cliniques?
La technologie est à la base de la médecine moderne. La recherche et le développement de méthodologies s’appuient sur la science fondamentale, comme la physique et la biologie, qui permettent de mieux établir des diagnostics et des traitements.
Voici quelques exemples:
- Le scanneur médical a été inventé en 1972 par l’ingénieur britannique Godfrey Hounsfield de la société EMI, en Angleterre, et le physicien sud-africain Allan Cormack. Ensemble, ils ont gagné le prix Nobel de Physiologie ou médecine en 1979.
- Paul Christian Lauterbur était un chimiste américain qui a partagé le prix Nobel de physiologie ou médecine en 2003 avec le physicien Peter Mansfield pour leur travail ayant rendu possible l'invention de l’imagerie par résonnance magnétique (IRM).
- Le Canadien Harold E. Johns a inventé la radiothérapie au Cobalt-60 en 1951.
Au CUSM les physiciens s'assurent que les traitements de radiation sont effectués de manière sûre et précise, que les appareils à rayons X pour l’imagerie fonctionnent de manière optimale en réduisant au minimum l’exposition du patient au rayonnement, et que nos scanneurs d’IRM fonctionnent de manière optimale. Nous nous assurons également que lors des chirurgies de cancer du sein et du cerveau, nous puissions effectuer, en toute sécurité, une radiothérapie dans la salle d’opération.
Comment voyez-vous le futur de la physique médicale?
La physique médicale est un domaine en évolution rapide. Puisque la physique médicale est intimement liée à la technologie en médecine, il est clair qu’elle s’adapte aux nouvelles avancées de la médecine. Les physiciens médicaux sont, par définition, des scientifiques et des professionnels de la santé en même temps. Grâce à leur formation, ils sont à l’aise avec les ordinateurs, les algorithmes, les théories, les mesures et les données. Avec l’imminente numérisation de la médecine, l'utilisation de l’intelligence artificielle, l’apprentissage automatique et les données, la physique médicale deviendra plus importante que jamais.
Comment la physique médicale parvient-elle à suivre ces développements au CUSM?
Certains de nos programmes de recherche se concentrent beaucoup sur l'application de l’IA et des mégadonnées en médecine. Selon nous, dans le futur, la physique médicale continuera à jouer un rôle important dans le développement de nouvelles technologies de traitement, qui elles seront fondées sur les nouvelles découvertes scientifiques. Dans notre unité, nous avons des exemples de ces technologies, tels que la curiethérapie par modulation d’intensité ou la radiothérapie à modalité mixte ainsi que l’application de l’intelligence artificielle à la médecine, allant des diagnostics automatisés à la radiation de haute précision ou à la livraison de médicaments aux patients.