L’équipe de prévention et contrôle des infections du CUSM : notre phare tout au long de la pandémie
Tout le monde a un rôle important à jouer pour tenir la COVID-19 à distance, mais au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), l’équipe de prévention et contrôle des infections est sans aucun doute notre phare dans la pandémie. Ce groupe de 17 personnes (médecins, praticiens, personnel administratif et techniciens), dont le rôle est de contrôler les infections et les contagions, couvre les six sites du CUSM en s’assurant que les protocoles et directives soient mis à jour, bien compris et respectés. Face à la COVID-19, les membres de cette équipe ont su relever plusieurs défis majeurs, et ce, comme des Champions. Grâce à leurs conseils, le CUSM a enregistré un niveau relativement faible d’infections nosocomiales.
Le Dr Charles Frenette, directeur médical de la lutte contre les infections au CUSM, a été témoin d’épidémies et de pandémies majeures tout au long de sa carrière, mais rien de comparable à la COVID-19. En 1998, pendant la tempête du verglas, des épidémies majeures du virus de la grippe se sont déclarées dans les hôpitaux et les établissements de soins de longue durée, dans toutes les régions touchées par la panne. Cette année-là, le vaccin n’avait pas été efficace et un patient sur deux dans ces établissements finissait par attraper la grippe.
De 2002 à 2005, une importante éclosion de C. difficile s’était produite dans de nombreux hôpitaux de soins de courte durée au Québec et a entraîné des investissements majeurs dans les infrastructures de contrôle des infections dans l’ensemble du système de soins de santé, soulignant ainsi l’importance du rôle des professionnels du contrôle des infections.
En 2009, la pandémie de grippe H1N1 a frappé, démontrant la façon dont la transmission se fait au sein de la communauté et parmi les travailleurs de la santé. Un test de diagnostic rapide avait alors été mis au point et facilité la gestion des cas suspects. Heureusement, grâce à l’élaboration du vaccin en seulement quelques mois, la mortalité globale n’avait pas augmenté. Plus récemment, l’épidémie d’Ebola de 2014 en Afrique de l’Ouest n’a pas atteint le Canada, mais a servi de préparation à une pandémie mondiale.
« Nous devons toujours nous préparer à une pandémie », déclare le Dr Frenette. « En théorie, les options pour se préparer sont limitées, et la meilleure façon de procéder est de faire face à la grippe et aux autres virus respiratoires saisonniers qui se produisent chaque année. Grâce à cette préparation, le CUSM était relativement prêt à faire face à l’épidémie de la COVID-19 ». Ce qui rend cette épidémie si différente des autres est son ampleur, le taux de mortalité qu’elle entraîne et les mesures généralisées nécessaires pour contrôler le virus, non seulement dans les hôpitaux, mais aussi au sein de la communauté.
« Le défi que pose un nouveau virus comme celui de la COVID-19 est qu’au départ, nous en savions très peu. Mais malgré le fait qu’il y a encore beaucoup d’éléments inconnus, nous en apprenons chaque jour davantage », explique le Dr Frenette. Ces inconnus, associé à une méconnaissance des mesures de contrôle de l’infection, peuvent devenir une source d’anxiété, en particulier pour ceux qui sont confrontés au risque d’être exposé.
Trop d’information ?
La Dre Ewa Rajda, médecin au service de contrôle des infections du CUSM à l’Hôpital général de Montréal et à l’Hôpital de Lachine, affirme que l’une des plus grandes difficultés dans la gestion de la COVID-19 était la quantité d’informations que l’équipe recevait chaque jour.
« Non seulement le volume de nouvelles informations sur le virus était remarquable, mais la vitesse à laquelle tout évoluait l’était aussi », dit-elle.
Une partie du succès de l’équipe consistait à recueillir des informations scientifiques détaillées et à s’entendre sur les points clés à communiquer à la communauté du CUSM. Cela a nécessité des réunions quotidiennes avec les équipes de contrôle des infections dans tout le CUSM. « Bien que les pratiques et les protocoles soient différents en médecine pédiatrique et en médecine adulte, nous nous sommes rencontrés quotidiennement et avons travaillé en étroite collaboration pour nous assurer que nous étions tous sur la même longueur d’onde et que nous suivions les mêmes protocoles », explique la Dre Marie-Astrid Lefebvre, directrice médicale de la prévention des infections à l’Hôpital de Montréal pour enfants.
L’équipe de spécialistes de la lutte contre les infections était chargée de transmettre les dernières recommandations aux unités des sites qui leur étaient assignés. « Comme les directives des différents comités directeurs changeaient constamment, nous devions nous assurer que le personnel des unités disposait des informations les plus récentes et les plus pertinentes ; cela représentait beaucoup de travail pour les professionnels », explique Ramona Rodrigues, responsable de la prévention et contrôle des infections pour les sites adultes du CUSM.
« De plus, la pénurie d’équipements de protection individuelle (EPI) était un autre élément que nous avons dû gérer », ajoute-t-elle. Tous les EPI ne répondaient pas aux normes canadiennes en matière de santé et de sécurité. Ramona a donc fait appel à une spécialiste du contrôle des infections à la retraite, Katherine Wadas, dont la responsabilité était, grâce au soutien de la santé et de la sécurité au travail du CUSM, de s’assurer que l’équipement répondait à ces normes avant d’être distribué au personnel.
La lutte contre les infections : l’affaire de tous
La lutte contre les infections peut se heurter à une certaine résistance, car elle demande aux professionnels de la santé de prendre des précautions supplémentaires, ajoutant ainsi des étapes à une charge de travail déjà exigeante. Toutefois, la COVID-19 a contribué à améliorer la culture ; le personnel est plus vigilant relativement à la propagation de l’infection et applique presque instinctivement les recommandations de base en matière de contrôle des infections, comme le lavage des mains et la réduction de la propagation des sécrétions. « La COVID-19 a forcé un changement de culture et a mis en lumière le fait que le milieu de la santé peut être dangereux », ajoute le Dr Frenette.
Il y a eu une collaboration incroyable avec les équipes cliniques », ajoute le Dr Lefebvre. « Tout le monde s’est mobilisé, chaque service a participé en comprenant parfaitement que le contrôle des infections est en effet l’affaire de tous.
La Dre Rajda fait l’éloge de ses collègues expérimentés qui ont travaillé de longues heures pour assurer avec succès la sécurité du personnel et des patients. « C’était un travail d’équipe et chaque membre de l’équipe de contrôle des infections est essentiel ».
Lorsque la deuxième vague arrivera, il faudra beaucoup plus d’heures de travail d’équipe et de coordination, mais la hausse des informations à propos du virus combinée à l’expérience acquise lors de la première vague sera utile pour gérer la deuxième. L’équipe de contrôle des infections a su résister à la tempête et a joué un rôle crucial dans la sécurité des patients et du personnel.