Le 11 novembre — une journée pour se souvenir et réfléchir

Samedi est le 11 novembre, le jour du Souvenir, exactement 105 ans, jour pour jour, que l’Armistice signé au Francport à Compiègne en France a mis fin à quatre années de terribles combats terrestres, maritimes et aériens, plus connus généralement sous le nom de Première Guerre mondiale. La Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée ont, quant à elles, cessé respectivement il y a 78 et 70 ans. Chacune de ces guerres a engendré de terribles pertes humaines, des déplacements de population, des handicaps sur le plan mental et physique, des difficultés émotionnelles et spirituelles ainsi qu’une fragilité économique. N’oublions pas qu’avant et après ces trois horribles guerres, d’autres conflits armés majeurs de grande intensité ont sévi dans le monde entier. En effet, plus d’une trentaine de pays sont touchés directement par des guerres en cours. Ces évènements ont fait peser et continuent de faire peser un fardeau sur la société dont il est devenu impossible de se libérer. Par exemple, à la fin de l’année 2022, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés rapportait que dans le monde une personne sur 74 a été forcée de quitter son foyer pour fuir la guerre. Cela représente pas moins de 110 millions d’individus qui ont été déplacés à l’échelle de la planète, sans compter, bien sûr, les innombrables personnes décédées et les conséquences sur les familles et les futures générations.

Je souhaiterais que nous reconnaissions que nous avons tous une manière différente d’exercer notre devoir de mémoire. Que nous soyons jeunes ou plus âgés. Que nous partagions des expériences vécues ou une histoire familiale transmise à travers des histoires, des photographies, des médailles ou des questions restées sans réponses portant sur des souvenirs trop traumatisants qu’on ne souhaite pas revivre. Nous vivons peut-être dans un pays relativement sûr, mais nous ne pouvons échapper aux cicatrices qui défigurent le paysage mondial, des ressources naturelles aux habitations et aux infrastructures détruites, ou qui modifient l’ADN des êtres chers les moins bien lotis. Il y a de la peur et de grandes douleurs, mais aussi du courage, de l'espoir et de la résilience. Il y a de la brutalité, mais aussi de la compassion, de l'amour et de l'empathie. 

Sur les lignes de front ou ici, chez nous, en tant que professionnels de la santé, aujourd’hui et tout au long de l’histoire de nos hôpitaux, nous jouons un rôle vital en soignant des femmes et des hommes. Nous nous portons volontaires, nous unissons nos forces, nous formons d’autres professionnels, nous apportons du réconfort, nous aidons à guérir et nous faisons tout notre possible pour faire une différence, car chaque vie est précieuse.

Quelle que soit notre expérience personnelle de la guerre et des conflits armés, le jour du Souvenir représente une occasion de réfléchir au passé et au présent. Le 11 novembre, je vous invite à observer une minute de silence et à vous souvenir. Nous soignons, et chaque vie est précieuse.

 

Lucie Opatrny, MD MHCM M.Sc.
Présidente-directrice générale, CUSM