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Semaine canadienne des soins intensifs : par ici la sortie!

La mobilisation précoce augmente les chances des patients aux soins intensifs de recevoir leur congé plus rapidement

Marc-Antoine Ladouceur
Marc-Antoine Ladouceur

Marc-Antoine Ladouceur travaille comme infirmier à l’unité des soins intensifs de l’Hôpital Royal-Victoria du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) depuis 2015 et, comme tous ses collègues, il souhaite que les patients passent le moins de temps possible sur l’étage.

« Notre but ici est de tout mettre en œuvre pour que leur séjour soit le plus court possible, ce n’est pas parce qu’on n’aime pas nos patients, c’est plutôt le contraire! Plus ils restent sur l’unité longtemps, plus ils sont susceptibles d’avoir diverses complications, » lance avec conviction Marc-Antoine.

La réadaptation précoce est un moyen parmi d’autres pour atteindre cet objectif et constitue une approche de plus en plus encouragée sur les unités de soins intensifs. À une certaine époque, il était hors de question de mobiliser les patients lors d’une période de soins aigus. Aujourd’hui, il en va autrement. Une immobilisation prolongée et une importante sédation peuvent entraîner des déficiences musculaires et neurologiques. Une des façons de diminuer ces effets négatifs est de mobiliser le patient dès qu’il est stable et qu’il est sécuritaire de le faire. Les physiothérapeutes sont bien sûr les plus sollicités pour des cas complexes qui nécessitent une expertise poussée, mais pour des interventions simples, le personnel infirmier et les physiothérapeutes travaillent en collaboration.

La mobilisation passive

La mobilisation passive peut prendre la forme d’un transfert du lit vers un fauteuil et nécessiter la participation d’au moins quatre à cinq personnes pour en assurer la sécurité : infirmier, préposé aux bénéficiaires, inhalothérapeute, perfusionniste et physiothérapeute.

« Le patient se retrouve souvent dans une situation où il a des traitements de ventilation mécanique ou de dialyse en continu. Nous devons vérifier tous les tubes et voir ceux qui peuvent être temporairement débranchés pour minimiser les risques de retrait accidentel, explique Marc-Antoine. Par la suite, un levier installé au plafond de chaque chambre et muni d’une toile prend le patient et le lève, pour le déposer lentement en position assise dans un fauteuil. Le patient pourra y rester pendant une heure ou deux, idéalement deux fois par jour. Toute cette chorégraphie peut prendre jusqu’à quarante-cinq minutes à réaliser chez certains patients. Mais cela en vaut la peine, car plus les patients restent immobiles longtemps plus ils sont à risque de développer toutes sortes de complications », poursuit l’infirmier.

Pour Sylvie Ampleman, infirmière-chef à l’unité des soins intensifs, les avantages de la mobilisation passive sont non négligeables et les contre-indications presque inexistantes.

« L’action de lever le patient au fauteuil l’aide à dégager ses poumons, active sa circulation sanguine, diminue les risques de développer des plaies de pression, l’aide à raffermir ses muscles et à regagner de la force musculaire. Et pour les patients conscients, c’est une source de motivation, car ils peuvent apprécier leur progrès et ils voient autre chose qu’un plafond d’hôpital en étant assis! Progressivement, d’autres exercices s’ajoutent pour permettre au patient d’augmenter son autonomie fonctionnelle et recevoir plus rapidement son congé de l’unité. »

Un peu comme du « tough love »

Trente chambres sont disponibles à l’unité pour recevoir des patients qui éprouvent de graves problèmes respiratoires ou cardiovasculaires, qui ont des infections sévères, qui sortent d’une chirurgie cardiaque ou qui sont en traitement actif contre le cancer. Il arrive que certains soient en proie à des épisodes de confusion aiguë ou de délirium, entre autres, dus à une forte médication et à un dérèglement du cycle circadien. Là encore, la réadaptation précoce peut jouer un rôle dans le rétablissement d’un patient : « Les études démontrent aussi, ajoute l’infirmière-chef, que cette approche contribue à diminuer l’incidence des épisodes de délire des patients. Le taux de délirium est très élevé aux soins intensifs et c’est normal. Les stimuli auditifs et visuels sont nombreux, il y a beaucoup de bruit, l’éclairage est très présent. En mettant en marche le plan de mobilisation du patient rapidement après son arrivée, la confusion a de meilleures chances de diminuer. »

Marc-Antoine est un fervent adepte de la mobilisation chez les patients intubés et peut même y procéder deux fois plutôt qu’une dans une même journée.

« Souvent, les patients ne veulent pas. C’est un épisode de soins aigus, ils ont de la douleur et on leur demande de faire un effort. Je me souviens d’une patiente en particulier qui m’en voulait beaucoup, surtout lorsque je la déplaçais deux fois dans la même journée. Comme on dit, c’est du “tough love”. Mais après son séjour ici, elle est revenue nous voir pour nous remercier. Elle avait parcouru un bon bout de chemin et elle m’a dit qu’elle ne croit pas qu’elle aurait pu se remettre aussi rapidement sans tous les exercices de mobilisation. De voir les patients se rétablir ainsi, c’est vraiment ce qui rend notre travail valorisant », conclut-il.