Prévoir la prééclampsie pour des grossesses plus sécuritaires
La Dre Stella Daskalopoulou, scientifique de l’IR-CUSM, a pour objectif de réduire les complications liées à la grossesse grâce à la mise au point d’un outil de dépistage précoce fiable
La prééclampsie est un trouble de la grossesse grave, qui se manifeste dans 2 à 10 % des grossesses à l’échelle mondiale, selon l’Organisation mondiale de la Santé. Les femmes souffrant de prééclampsie ont généralement une tension artérielle élevée et, dans les cas graves, elles présentent des lésions des organes au cours de la seconde moitié de leur grossesse. Si cette affection n’est pas traitée, elle peut mettre la mère et le bébé à risque de complications graves pouvant même entraîner leur décès.
Actuellement, il n’existe pas de tests de dépistage précis permettant de prédire avant l’apparition des symptômes – ce qui est souvent trop tard – si une femme va développer une prééclampsie. Un outil de dépistage précoce fiable permettrait aux femmes à risque d’avoir accès à des soins adéquats au début de leur grossesse, afin de préserver leur santé et celle de leur bébé. Malheureusement, ce type d’outil n’existe pas en ce moment.
Dans une étude récente, une équipe dirigée par la Dre Stella Daskalopoulou, scientifique au sein du Programme de recherche en santé cardiovasculaire au long de la vie de l’IR-CUSM, s’est fixé l’objectif de mettre au point un outil de dépistage précoce de la prééclampsie, afin de combler le vide existant à cet égard.
« La prédiction efficace de la prééclampsie permettrait l’identification des femmes enceintes qui bénéficieraient le plus de mesures préventives, a expliqué la Dre Daskalopoulou. Cela permettrait aussi d’affecter des ressources limitées en matière de soins de santé à la prise en charge des femmes vraiment à risque. Enfin, cela entraînerait également la diminution du nombre de femmes considérées à tort comme étant à « risque élevé » et faisant l’objet d’une supervision excessive pendant leur grossesse. »
Ses recherches antérieures ont montré que les femmes destinées à développer une prééclampsie ont un durcissement artériel plus important tout au long de la grossesse et en particulier au cours du deuxième trimestre et que l'apnée du sommeil au milieu de la gestation est associée à un durcissement artériel plus important et à un risque accru de prééclampsie. Le durcissement des artères pouvant être réalisé de manière sûre et non invasive, il pourrait constituer un outil prometteur pour la prédiction précoce de la prééclampsie.
Des scientifiques ont eu recours à la mesure du durcissement artériel, appelée mesure de la vélocité de l’onde de pouls de la carotide à l’aide d’une sonde posée sur l’artère fémorale. Ils ont conclu que cette mesure constituait, au cours du premier trimestre de la grossesse, un facteur prédictif de la prééclampsie plus fiable que tout autre outil de prédiction actuellement utilisé en pratique clinique. Leurs résultats sont les premiers éléments probants selon lesquels la mesure du durcissement artériel au cours du premier trimestre de la grossesse peut contribuer à mieux prédire l’apparition de la prééclampsie.
La Dre Daskalopoulou dirige actuellement une dirige actuellement une étude prospective multinationale de grande envergure intitulée « Early Prediction of Preeclampsia Using arteriaL Stiffness in High-risk prEgnancies (PULSE) » (Prédiction précoce de la prééclampsie en ayant recours à la mesure du durcissement artériel dans les grossesses à risque élevé – PULSE). L'étude PULSE en cours mesurera le durcissement des artères des femmes enceintes au cours du premier trimestre. Elle comparera la performance prédictive de cette mesure à d'autres facteurs de risque cliniques connus pour la prééclampsie, ainsi qu'à d'autres outils de détection de la maladie, tels que l'échographie et les tests sanguins. Les mêmes évaluations seront effectuées au cours du deuxième trimestre afin de déterminer s'il est possible d'améliorer la prédiction du risque de prééclampsie.
« Nous prévoyons que nos travaux vont aider à identifier la présence de la prééclampsie beaucoup plus tôt qu’il n’est actuellement possible de le faire et qu’ils vont aussi contribuer à réduire le taux de morbidité et de mortalité des femmes enceintes et des bébés dans le monde entier », a ajouté la Dre Daskalopoulou.
L’équipe responsable de l’étude PULSE recrute actuellement des participantes sur neuf (9) sites – six (6) dans l’ensemble du Canada et trois (3) à l’échelle internationale. L’ensemble du financement de PULSE provient des Instituts de recherche en santé du Canada; la proposition de la Dre Daskalopoulou, qui a obtenu la meilleure note, a reçu la bourse la plus élevée versée par l’Université McGill. Cliquez ici pour avoir accès (en anglais seulement) à des renseignements additionnels sur l’étude PULSE.
Les auteures et les auteurs de l’étude tiennent à remercier de leur financement les organismes suivants : les Instituts de recherche en santé du Canada, le Fonds de recherche du Québec - Santé, la Fondation des maladies du cœur et de l'AVC du Canada, la Fondation canadienne de la santé des femmes et la subvention Academic Enrichment Fund du Département d’obstétrique du Centre universitaire de santé McGill.
_ Source : IR-CUSM