Pour accueillir toutes les saines expressions de la sexualité
Le Centre d’orientation sexuelle de l’Université McGill (COSUM) du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) est une clinique de psychiatrie primée qui, depuis son ouverture en 1999, est la seule au Québec à offrir un large éventail de services de psychothérapie spécialisés adaptés aux personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres ou allosexuelles, c’est-à-dire qui ne se définissent pas comme hétérosexuelles ou ne s’identifient pas aux catégories précédentes. Cette clientèle, aussi connue sous l’acronyme LGBT, prend contact avec la clinique pour obtenir de l’aide afin d’affronter les problèmes liés à l’orientation sexuelle et aux souffrances morales causées par la discrimination.
« Dans notre société, être gai ou transgenre n’est pas encore perçu sur le même pied que l’hétérosexualité. L’homophobie n’est pas rare. Elle est vécue tous les jours, affirme le Dr Richard Montoro, psychiatre et codirecteur de la clinique qui est située à l’Hôpital général de Montréal. Elle vient d’étrangers, mais aussi de personnes qu’on aime et en qui on devrait avoir confiance. Ce type d’attitude peut entraîner une faible estime de soi, de l’anxiété, une dépression et des pensées suicidaires, et c’est la raison d’être de notre clinique. »
Selon le Dr Montoro, l’établissement d’une relation de confiance est au cœur de tout traitement psychothérapeutique efficace. Il est donc important que tous les membres de la clinique – infirmière, secrétaire, thérapeutes ou internes – cherchent à créer un environnement où le patient se sent libre d’être lui-même.
« Les membres de la population LGBT font face à des difficultés particulières qui compliquent la création d’une relation de confiance, y compris avec les professionnels de la santé, explique la Dre Karine Igartua, psychiatre et codirectrice de la clinique. Si vous êtes Noir ou Juif, votre famille l’est probablement aussi. Puisque vos parents appartiennent à la même minorité, ils ont l’habitude de lutter contre les préjugés et peuvent vous enseigner à réagir à l’antisémitisme ou au racisme. Pour les LGBT, c’est plus compliqué. La plupart des parents sont hétérosexuels et n’ont pas été aux prises avec l’homophobie. Eux-mêmes peuvent adopter des attitudes homophobes, si bien que la maison n’est pas nécessairement un lieu sécuritaire. »
Comme le soutien familial est essentiel à la bonne santé mentale des minorités sexuelles, la clinique offre également un soutien aux parents et aux conjoints qui éprouvent de la difficulté à s’adapter à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre de leur proche.
L’explosion de la conception binaire du genre
Au fil des ans, la clientèle du COSUM a changé en fonction de l’évolution de la société occidentale, révèle la Dre Igartua.
« Il y a quinze ans, nous traitions des patients qui éprouvaient de la difficulté à dévoiler leur homosexualité. De nos jours, puisque l’acceptation sociale des gais et lesbiennes s’est améliorée, les Québécois en général révèlent plus facilement leur orientation et n’ont pas besoin de soutien psychothérapeutique pendant le processus. Nous voyons maintenant un nouveau type de clientèle, composée d’immigrants et de réfugiés de diverses cultures et confessions religieuses dans lesquelles un tabou très important pèse encore sur les diverses formes de sexualité. Nous voyons également plus de jeunes qui remettent totalement en question le concept de genre. Certains font la transition d’homme en femme ou vice-versa, et d’autres ne se reconnaissent pas dans l’un ou l’autre sexe. Certaines personnes sont créatives quant au genre et font sauter les normes de genre. Les patients peuvent présenter un mélange intentionnel de caractéristiques masculines et féminines. C’est un domaine très nouveau, encore rempli d’inconnues. C’est à la fois difficile, passionnant et enrichissant de pouvoir les aider à se sentir bien dans leur genre. »
Les Drs Igartua et Montoro aimeraient accroître leurs services cliniques grâce à des collaborations officielles avec d’autres services et d’autres établissements et à l’ajout d’un psychologue, afin de former plus de groupes de psychothérapie. Ils espèrent également que l’évolution de la clinique se poursuive à titre de centre universitaire où on effectue de la recherche, on profite des compétences de diverses spécialités et on forme d’autres professionnels.
« Nous sommes médecins, alors notre objectif premier consiste à traiter les personnes malades, précise le Dr Montoro. Nous travaillons toutefois vers un objectif ultime, celui d’aider la société à être plus équitable envers la population LGBT. »
Une clinique primée
En avril prochain, les Drs Igartua et Montoro recevront le prix May Cohen pour l’équité, la diversité et le genre de l’Association des facultés de médecine du Canada (AFMC), afin de saluer les remarquables réalisations du COSUM qui ont contribué à améliorer le contexte de la diversité et du genre dans le milieu de la médecine universitaire au Canada.
« Ce prix est une belle marque de reconnaissance», souligne la Dre Igartua. Il confirme la légitimité et l’importance de la clinique, non seulement pour les patients et leur famille, mais également pour les étudiants et les résidents LGBT. Nous avons contribué à rendre l’équité et la diversité de genre plus acceptables au sein de notre département. »
Ce n’est pas la première fois que la pertinence et les compétences de la clinique sont soulignées. En effet, l’Association des médecins psychiatres du Québec (AMPQ) a décerné le prix de la réalisation de l’année 1999 aux Drs Igartua et Montoro, tandis qu’en 2006, AMI-Québec (Agir contre la maladie mentale) a octroyé aux deux médecins le prix du psychiatre modèle pour leur formidable travail clinique.