Le programme SipSup trouve son élan au CUSM

Après avoir été mis en œuvre avec succès au Département de médecine interne de l'Hôpital général de Montréal (HGM-CUSM) en 2016, le programme SipSup destiné à améliorer l'état nutritionnel des patients est déployé à l'Hôpital Royal Victoria (HRV-CUSM), dans le même département.

Les nutritionnistes Deborah Fleming et Ann Coughlin

Les nutritionnistes Deborah Fleming et Ann Coughlin fondent de grands espoirs sur le programme SipSup, une fois mis en œuvre dans tous les sites du CUSM d'ici l'automne 2018.

Le programme SipSup consiste pour le personnel infirmier à administrer aux patients présentant un mauvais état nutritionnel ou des risques de malnutrition une petite quantité de supplément alimentaire à haute valeur nutritive deux fois par jour, avec la prise de leurs médicaments.

« Nous savons que les patients sont plus enclins à boire des suppléments s'ils les considèrent comme faisant partie de leur traitement et s’ils sont administrés par une infirmière », explique Deborah Fleming, chef du Service de nutrition clinique au CUSM (sites adultes).

La réussite du programme dépend essentiellement de l'adhésion du personnel infirmier. Mais il importe aussi, bien sûr, que le bon supplément soit donné au bon moment.

  • Les suppléments sont administrés en petite quantité (une demi-tasse ou 115 ml), de manière à ne pas couper l'appétit des patients.
  • Ils peuvent être consommés sous forme liquide pour les patients qui tolèrent les aliments de toute texture, ou sous forme de crème pour les patients qui ont de la difficulté à déglutir.
  • Chaque portion apporte au patient 9 grammes de protéines et 220 calories supplémentaires, ce qui permet de réparer, régénérer et nourrir les cellules et les tissus.
  • Leur saveur de vanille est généralement appréciée de tous et ils sont présentés dans un emballage attrayant.

L’élan derrière le projet vient des résultats d’une étude menée  à l’HGM et à l’HRV et qui visait à déterminer la proportion de patients présentant un état de malnutrition ou un risque de malnutrition au moment de l’admission pour une hospitalisation et de comparer les résultats  aux données d’autres hôpitaux.  Il a été déterminé que 42 % des patients admis en médecine interne à l'HGM étaient sous-alimentés ou présentaient un risque de malnutrition. À l'HRV, ce pourcentage était encore plus élevé, soit 50 %.

Un effort collaboratif

Le projet SipSup à l'HGM

Helena Caravolas-Karasek, nutritionniste
Nancy Plaisir, infirmière gestionnaire
Louise Papillon-Ferland, pharmacienne
Personnel infirmier du département de médecine interne

Le projet SipSup à l'HRV

Sarah MacDonald-Pauletto, nutritionniste
Aparna Bhattajarjee, infirmière gestionnaire
Louise Papillon-Ferland pharmacienne
Personnel infirmier du département de médecine interne

Le dépistage et le traitement de la malnutrition demande l’adoption d’une approche multidisciplinaire. Grâce aux efforts combinés des infirmières, nutritionnistes et pharmaciens, le programme SipSup a démontré que les patients sont capables de manger au moins 75 % de la nourriture qui leur est servie, tout en ingérant le supplément au moment de la médication deux fois par jour. 

 « En plus de l'excellente réponse des patients, nous avons eu un très bon retour des infirmières », ajoute Ann Coughlin, chef adjointe du Service de nutrition clinique au CUSM (sites adultes).

Avant la fin 2018, SipSup devrait être déployé dans les autres services à travers tous les sites pour adultes du CUSM. Pour permettre au programme de prendre de l’ampleur, Deborah et Ann travaillent à la mise en place d'un outil de dépistage nutritionnel systématique dans l'ensemble des sites du CUSM.

« Les études montrent qu'une intervention nutritionnelle précoce peut réduire le taux de complications, la durée du séjour hospitalier, le taux de réadmission, la mortalité et le coût des soins. L'étape de dépistage nous permettra de repérer les patients à risque et de les intégrer au programme SipSup le plus tôt possible », déclare Ann Coughlin.

SipSup connaît un tel succès que des hôpitaux de Montréal, de Québec et d'autres villes canadiennes s’y intéressent et veulent en savoir davantage.

 

Les aliments font aussi partie du traitement

Bien manger de l’hôpital à la maison

« De l'hôpital à la maison » est le thème de la 3e édition de la Semaine canadienne de sensibilisation à la malnutrition (du 25 au 29 septembre). Les nutritionnistes du CUSM invitent les membres des équipes interdisciplinaires à réfléchir à ce qu'ils peuvent faire pour aider les patients à satisfaire leurs besoins nutritionnels pendant leur séjour à l'hôpital, mais aussi de retour à la maison. 

Les patients qui ne s'alimentent pas correctement sont deux fois plus susceptibles d'être réhospitalisés. Selon le Groupe de travail canadien sur la malnutrition MC, le coût annuel de la malnutrition en milieu hospitalier est d'environ deux milliards de dollars.

« Après leur congé de l'hôpital, les patients sont encore en convalescence et doivent bien se nourrir pour que la guérison se poursuive », note Deborah Fleming. Elle conclut : « Il est important pour un établissement hospitalier de réduire le taux de réadmission de patients souffrant de malnutrition. S'ils ne reviennent pas à l'hôpital, c'est que nous avons fait notre travail. »

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