La santé par l'alimentation

Le rendez-vous de Lidia Ojeda à la clinique de la douleur venait de se terminer lorsque nous nous sommes rencontrées, un vendredi après-midi à l’Hôpital général de Montréal du Centre universitaire de santé McGill (HGM-CUSM). Nous avons cherché un endroit tranquille pour nous asseoir et parler et j’ai tout de suite remarqué qu'elle semblait bien connaître l'hôpital.

« Je viens ici depuis des années, m’a dit Lidia. J'ai eu une greffe de rein il y a quatre ans et j'en étais très heureuse mais, malheureusement, j'ai eu le zona en novembre 2017. Résultat, j'ai été hospitalisée pendant une semaine, je me suis retrouvée avec de la douleur chronique et j'ai perdu 25 livres. C'est pourquoi j'ai été référée à la clinique de la douleur et à la clinique de nutrition du Glen. »

Lidia Ojeda

Lidia Ojeda

Grâce à l'aide qu'elle a reçue à la clinique de nutrition de l’Hôpital Royal Victoria du CUSM (HRV-CUSM), Lidia a repris 20 livres et est sur le point de regagner les cinq autres. La route parcourue pour atteindre cet objectif n'a pas été facile; jusqu'en décembre 2018, elle a eu du mal à prendre du poids. 

« Au début, j’ai essayé de reprendre le poids par moi-même, mais ça ne fonctionnait pas. Je n'avais pas d'appétit. Je mangeais, mais pas assez de calories, explique Lidia. Mon médecin, le Dr Marcelo Cantarovich, m'a alors dirigée vers le service de nutrition ».

À la clinique de nutrition, les besoins de Lidia ont été soigneusement évalués, afin de dresser son profil médical et de concevoir un régime alimentaire personnalisé.

Lidia a alors adopté un régime alimentaire sain, riche en calories et en protéines, mais avec un succès limité, dans un premier temps. Lors d’un rendez-vous de suivi, on lui a demandé d'augmenter les portions et on lui a prescrit un breuvage spécial pour l'aider à atteindre ses objectifs. Et tout cela a finalement porté fruit.

« Ce qui m’a beaucoup plu à la clinique de nutrition, c'est qu’on m’a écoutée et qu'on m’a proposé un plan fait sur mesure, dit-elle. Et ce plan a très bien réussi. » 

 

Des recommandations  personnalisées

Tous les patients qui consultent aux cliniques de nutrition de l’HRV-CUSM ou de l’HGM-CUSM sont suivis à l’interne pour d’autres problèmes de santé. Certains sont diabétiques, d’autres sont cardiaques, et d’autres encore ont des problèmes gastro-intestinaux ou ont besoin de soutien post-cancer. Ils ont tous besoin de conseils adaptés à leur situation et c’est pourquoi  une évaluation est effectuée à leur première visite. 

« Nous documentons leur histoire médicale, leurs résultats de laboratoire, leurs habitudes alimentaires, leur historique de poids et les médicaments qu’ils prennent, car certains peuvent interagir avec des aliments ou nutriments », explique Stephanie Shabbat, nutritionniste au CUSM.

« Cela nous permet d’établir un plan et de formuler des recommandations, ajoute-t-elle. Les patients ont besoin d’information, de conseils et d’encouragements pour attendre leur but; il est donc important d’établir avec eux un dialogue en tenant compte de leur condition, de leurs connaissances en matière de nutrition et de leur style de vie. »

Stephanie Shabat

Stephanie Shabat

Une des méthodes traditionnelles d’enseignement en nutrition, utilisée dans le nouveau Guide alimentaire canadien, consiste à représenter dans l’assiette la place que les types d’aliments devraient occuper.

« Nous nous servons du Guide alimentaire canadien dans notre pratique avec nos patients. Ce ce qui est bien, c’est que la nouvelle édition présente des photos de vrais aliments. Je n’ai plus à dessiner l’assiette! », dit Stephanie.

Par exemple, le guide suggère de consommer plus de protéines d’origine végétale, sans suggérer d’éliminer la viande ou les produits laitiers, qui ont été regroupés dans la catégorie des protéines. Et il rappelle de manger beaucoup de fruits et légumes.

« Si un patient a l’habitude de manger de la viande à tous les jours, je peux lui proposer d’essayer de prendre un repas végétarien par semaine. C’est un pas dans la bonne direction », dit Stephanie.

Les patients qui se présentent à la clinique sont généralement motivés à changer leurs habitudes alimentaires, parce qu’ils savent que cela peut contribuer à améliorer leur état de santé. Toutefois, changer ces habitudes demeure une entreprise difficile.

« On ne peut pas tout changer d’un coup, dit Stephanie. Il faut commencer par définir des objectifs réalistes, et reconnaitre chacun des pas que le patient réussit à faire. Pour certains patients, le simple fait de remplacer les jus et les boissons gazeuses par de l’eau fait une énorme différence. »

Une fois les objectifs atteints, le défi est de maintenir les saines habitudes, ou de revenir à une diète « normale ».

« Le guide alimentaire est un outil de base, mais c’est à nous de répondre aux spécificités et aux besoins de chaque patient, ajoute Stephanie. Nous sommes là pour ça. »

« J'ai encore cinq livres à gagner  », dit Lidia.

« Ensuite, je devrai maintenir mon poids. Et le truc, c'est que j'ai faim, maintenant!  », ajoute-t-elle en riant.

Le Guide alimentaire canadien, un outil utile pour manger sainement

Le nouveau Guide alimentaire canadien, lancé en janvier 2019, a fait beaucoup de bruit. Il s’articule autour de deux axes : choisir des aliments sains et adopter de saines habitudes alimentaires, comme d’être conscient de ses habitudes et cuisiner plus souvent. Plutôt que de parler de portions, il parle de proportions, et  recommande de :

  • Manger des fruits et légumes en abondance
  • Consommer une variété d’aliments protéinés, incluant des aliments d’origine végétale (noix, graines, légumineuses)
  • Faire de l’eau une boisson de choix
  • Opter pour des aliments à grains entiers
  • Limiter la consommation d’aliments hautement transformés