Un héros aide les gens de la rue atteints du VIH

Jacques Fallu, infirmier clinicien de proximité rattaché à la Clinique d’immunodéficience Un infirmier clinicien de proximité rattaché au CUSM travaille auprès de certaines des personnes les plus vulnérables de la société



Jacques Fallu, infirmier clinicien de proximité rattaché à la Clinique d’immunodéficience du Centre universitaire de santé, au travail.

  

Jacques Fallu, infirmier clinicien de proximité rattaché à la Clinique d’immunodéficience du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), est heureux de faire des visites à domicile – même si ce n’est pas toujours facile pour lui. Cet infirmier clinicien effectue les suivis auprès des patients les plus vulnérables de la clinique – des utilisateurs de drogue par injection (UDI) vivant avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et, dans bien des cas, avec l’hépatite C. Repérer l’endroit où se trouvent ses patients constitue parfois un défi de taille. Certains d’entre eux vivent dans la rue, alors que d’autres sont en prison. Certains autres semblent avoir disparu dans la nature. 

« Mes patients décèdent parfois à cause de problèmes de santé liés à la consommation de drogue ou au VIH », livre Jacques Fallu. « Il arrive aussi qu’ils soient tout simplement introuvables. Lorsque j’établis un contact avec eux, je leur parle de leur santé; je leur dis aussi qu’ils peuvent m’appeler n’importe quand, car je peux les aider. Nous ne pouvons pas faire grand-chose pour certains de nos patients, mais nous pouvons les aider à composer le mieux possible avec leur situation. »

« Comme la majorité de mes patients ne veulent pas aller dans une clinique, c’est moi qui vais les voir. Nous pouvons évidemment faire beaucoup plus pour eux dans notre clinique, mais je peux donner des soins de base – faire des analyses de sang, des pansements et d’autres choses du genre – à domicile », explique-t-il. « Je les aide à prendre leurs médicaments de manière régulière; je collabore avec un regroupement de pharmacies et leur suggère des moyens afin de mieux venir en aide à ce type de clientèle et je règle souvent des problèmes sociaux. J’essaie de créer une relation et d’établir un climat de confiance, afin que ces patients me laissent les aider. » 

Les fonctions de Jacques Fallu relèvent autant du travail social que des soins infirmiers, car il vaut mieux que les patients ne fassent affaire qu’avec un seul intervenant. Lorsqu’il doit régler des problèmes psychosociaux plus complexes, il consulte un travailleur social qui fait partie de son équipe. La démence est l’un des problèmes avec lequel il doit composer le plus fréquemment. Même si bon nombre de patients sont très jeunes, à cause du VIH, les problèmes cognitifs se manifestent parfois à un âge moins avancé que dans le reste de la population. « Trouver un toit pour mes patients peut être un réel défi », ajoute-t-il. « Dans certains cas, leur état de santé est stable, mais ils vivent des problèmes psychosociaux terribles. Il vaut mieux que je continue de m’occuper d’eux, sinon ils vont tomber malades de nouveau. » 

Bien que la majorité des patients de Jacques Fallu vivent à Montréal, certains habitent loin de la ville, à Joliette, par exemple. Ils quittent Montréal pour réduire leur consommation de drogue, mais en etrouvent dans leur nouvel environnement. Lorsque c’est possible, Jacques Fallu reste en contact avec eux, effectue un suivi auprès d’eux et les encourage à venir à la clinique tous les trois ou quatre mois. 

Il y a des histoires à succès. Jacques Fallu enseigne à ses patients des techniques de réduction des préjudices, afin d’éviter les infections liées à la consommation de drogue. Certains patients vont finalement cesser de consommer de la drogue ou ne vont en prendre que très rarement. Ces changements de comportement peuvent ralentir de manière significative la progression des problèmes de santé liés au VIH et à l’hépatite C. Son dévouement a valu à Jacques Fallu le prestigieux Prix Florence 2011 – Prévention de la maladie. Remis annuellement par l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), ce prix récompense des réalisations professionnelles extraordinaires. 

Jacques Fallu travaille depuis 2001 au sein de l’équipe responsable du Programme de suivi dans la communauté des personnes vivant avec le VIH et UDI. Fort d’une formation en toxicomanie, il a développé un large réseau de contacts au sein des organismes communautaires, dans d'autres hôpitaux et auprès des intervenants d’autres programmes de sensibilisation. Il a surtout établi une relation avec certains des patients les plus exigeants et les plus difficiles à joindre de la province. « C’est parfois dur et triste, mais j’adore mon travail. »