La préservation de la fécondité est un traitement offert aux patients avant de subir une chimiothérapie ou une radiothérapie qui peut affecter leur capacité à reproduire. La préservation de la fécondité pour les patients atteints de cancer est le seul traitement présentement couvert par le Programme québécois de procréation assistée.
En raison des progrès continus que connaît le traitement du cancer, de plus en plus de jeunes adultes atteints du cancer envisagent leur traitement avec espoir pour l’avenir. Toutefois, certains traitements anticancéreux peuvent avoir des effets graves et durables sur les organes reproducteurs et sur la fertilité.
Chez la femme, le traitement anticancéreux peut appauvrir la réserve d’ovocytes (ovules) dans les ovaires et entraîner la ménopause précoce.
Même lorsque les lésions aux organes reproducteurs sont permanentes, il peut être possible de préserver la fécondité pendant le traitement anticancéreux.
La conservation d’ovules ou d’embryons en banque
Pour la mise en banque d’ovules ou d’embryons, une intervention est pratiquée pour prélever les ovules (ovocytes) des ovaires avant le début du traitement anticancéreux. Ces ovocytes peuvent ensuite être congelés (ou être fécondés par les spermatozoïdes du conjoint, si désiré, puis congelés) selon la technique de congélation rapide ou « vitrification ». Les ovules et embryons cryoconservés (congelés) peuvent être conservés pendant plusieurs années et être décongelés pour utilisation au moment choisi pour la grossesse.
Il est toujours à souhaiter qu’il y ait plusieurs ovules (ou embryons) à mettre en banque parce que ce ne sont pas tous les ovules qui produiront une grossesse. Pour cette raison, la plupart des femmes subiront une hormonothérapie avant le prélèvement d’ovules. Un traitement hormonal est administré pour stimuler la croissance de plusieurs ovules au lieu de l'ovule unique qui se développe naturellement chaque mois.
L’hormonothérapie n’est pas toujours nécessaire avant le prélèvement d’ovules. Le Centre de la reproduction a élaboré une technique de maturation des ovules, pertinemment appelée « maturation in vitro » ou MIV, pour amener à maturité les ovules prélevés de la réserve d’ovules immatures contenus dans les ovaires. La MIV est une innovation formidable qui a libéré les femmes de la nécessité de subir une hormonothérapie. La MIV revêt une importance particulière pour les patientes atteintes de cancer qui désirent éviter la stimulation ovarienne, ou qui n’auraient pas le temps d’attendre un cycle menstruel avant de commencer leur traitement anticancéreux.
Au moment choisi pour la grossesse, les ovules ou les embryons qui ont été conservés sont décongelés en vue d’un transfert dans l’utérus. Les ovules sont fécondés par les spermatozoïdes du conjoint et ensuite implantés dans l’utérus en vue de la grossesse.
La FIV et la MIV sont des techniques établies qui ont produit des grossesses depuis de nombreuses années, mais la technique de vitrification utilisée pour cryoconserver les ovules et les embryons est plus récente (ce qui n’empêche que plusieurs enfants en sont nés ici et ailleurs dans le monde).La mise en banque d’ovules et d’embryons pour préserver la fécondité avant le début d’un traitement anticancéreux étant également récente, il est difficile de prévoir avec certitude le taux de succès. De façon générale, les chances de grossesse par FIV et MIV dépendent de l’âge de la femme et du niveau personnel de fécondité au moment du traitement.
Les traitements in vitro sont généralement sécuritaires, mais ils comportent des risques qui devraient toujours faire l’objet d’une discussion avec un professionnel de la santé.
Autres options de traitement
La cryoconservation de tissu ovarien
Dans le cas où un traitement anticancéreux est présumé causer des lésions graves et permanentes aux ovaires, une opération chirurgicale pour prélever un ovaire entier ou une partie d’ovaire peut être envisagée. Le tissu « rescapé » peut être cryoconservé pendant plusieurs années dans l’espoir qu’il puisse être transplanté ou produire des ovules en vue d’une grossesse ultérieure. Au moment choisi pour la grossesse, une nouvelle opération chirurgicale peut être pratiquée de la même manière afin de remettre le tissu ovarien à sa place originale en espérant qu’il reprenne une fonction normale.
La cryoconservation de tissu ovarien et sa transplantation chirurgicale sont toujours considérées comme expérimentales. Jusqu’à maintenant, il n’y a eu que quelques tentatives de décongeler et replacer le tissu ovarien et les résultats sont partagés. Certains font état d’une reprise temporaire de la fonction ovarienne alors que d’autres rapports signalent des cas de grossesse et de naissance après utilisation de tissu ovarien décongelé. À ce jour, on compte 30 naissances résultant de la transplantation de tissu ovarien décongelé. Néanmoins, le taux de succès de cette option de traitement est toujours inconnu. On estime que cette technique connaîtra plus de succès avec du tissu ovarien qui contient une grande réserve d’ovules et que le taux de succès sera plus élevé si plus que moins de tissu ovarien est mis en banque. Il sera peut-être possible éventuellement de fertiliser des ovules à partir de tissu ovarien congelé.
La chirurgie par laparoscopie est une technique bien établie. En laparoscopie, le chirurgien utilise de très petits instruments (et une caméra minuscule comme guide) de sorte que seules de minimes incisions sont nécessaires. La chirurgie pour pratiquer une biopsie ou enlever un ovaire peut être exécutée n’importe quand avant le moment prévu pour le début de la radiothérapie (et elle peut être faite avant la mise en banque des ovules ou des embryons).
Le traitement en vue de la cryoconservation de tissu ovarien comporte certains risques légers ou plus graves pour la santé qui doivent être considérés sérieusement.
La transposition ovarienne
Si le traitement implique l’irradiation de la région pelvienne (ventre ou bas ventre) plutôt que la chimiothérapie, une chirurgie par laparoscopie peut être pratiquée pour transférer un ou les deux ovaires à une région plus « sûre » (haut dans l’abdomen) qui ne recevra pas de radiations. Ainsi, les ovaires ne seront pas exposés à la radiothérapie et ils devraient continuer à fonctionner normalement. Toutefois, une petite quantité de radiations peut tout de même déborder du champ de rayonnement et toucher les ovaires.
On ne sait pas encore à quel point l’ovaire est protégé des radiations lorsqu’il en est éloigné; toutefois, environ neuf femmes sur dix ont continué à avoir leurs menstruations pendant leur traitement anticancéreux (et leurs ovaires n’ont pas subi de lésions importantes).
La transposition ovarienne peut être faite à tout moment avant le début du traitement de radiothérapie.
Le traitement combiné de GnRHa
Votre médecin pourra vous conseiller de prendre des médicaments visant à rendre vos ovaires moins vulnérables au dommage causé par la chimiothérapie par la création d'une ménopause temporaire. Cette ménopause artificielle permet de protéger les ovaires de médicaments de chimiothérapie potentiellement toxique.