Un patient du CUSM fait une croix sur la cigarette avec l'aide du programme IMPACT


Giovanni Giammario

Difficile d’arrêter de fumer quand on a fumé toute sa vie, ou presque. Parfois, une prise de conscience aide à briser cette dépendance. Et avec un suivi adéquat, comme celui offert au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) dans le cadre du programme IMPACT, les personnes qui entreprennent ce changement mettent toutes les chances de leur côté.

Il n’est jamais trop tard

Giovanni Giammario a éteint sa dernière cigarette le 26 août 2014, après 50 ans de tabagisme. Lors d’un souper chez son fils, ce soir-là, il a eu un malaise : sensation inconnue de brûlures dans l’estomac et l’œsophage et lourdeur dans le bras. « Mon fils a appelé l’ambulance. De l’Hôpital Lake Shore, j’ai été transféré à l’Hôpital Royal Victoria du CUSM. On m’a fait une coronographie et on a constaté que j’avais plusieurs blocages à 80 %, 90 %. Ce n’était pas un infarctus, mais presque. » dit-il.

M. Giammario avait déjà essayé de cesser de fumer plusieurs fois, notamment en 2000, après le décès de sa femme, emportée par un cancer dû au tabagisme. « Cette fois-là, j’ai réussi durant 6 mois, puis j’ai recommencé. Par la suite, j’ai tenté à de multiples reprises, mais à chaque fois, je recommençais », dit-il. « C’était un éternel combat, une torture… Je me disais pourquoi je ne fume pas, c’était si bon fumer une cigarette après manger ».

M. Giammario a été opéré au cœur le 9 septembre dernier. Tout de suite après l’opération, il a reçu la visite de M. Michel Lebel, coordonnateur du programme IMPACT. « Je lui ai raconté que j’avais perdu ma femme, que j’avais essayé d’arrêter de toutes sortes de façons… Ça m’a fait du bien de me confier, et j’ai accepté de participer au programme », explique-t-il.

Cinq ou six jours après être sorti de l’hôpital, il a eu des complications et a passé un scan. Il a appris qu’il avait un problème avec ses poumons, ce qui lui a fait craindre le pire. « À ce moment-là, je me suis dit, si je m’en sors, jamais je vais fumer une cigarette. » 

Finalement, les examens ont révélé une tache noire sur un poumon, signe de rétention d’eau, mais pas de cancer, heureusement. « En voyant mon poumon dans le bureau du radiologiste, je me suis juré que c’était fini. C’était décidé, plus jamais je n’allais fumer ». 

Un programme efficace et centré sur le patient

Dans le cadre du programme IMPACT, M. Giammario a reçu de l’information sur différents médicaments pour arrêter de fumer. Il a néanmoins décidé de le faire seul, se sentant suffisamment motivé. « C’est un choix que l’on respecte, même si certaines médications peuvent faciliter le processus », explique M. Lebel. « Notre approche consiste à échanger avec les fumeurs, à les écouter, à reconnaître la souffrance et les difficultés qu’ils peuvent éprouver. Nous leur apportons un soutien et leur suggérons des outils pour réussir ». 

De plus, les participants répondent régulièrement à des questions qu’ils reçoivent par appel automatisé, sur une période de six mois. Au besoin, un conseiller en ces-sation tabagique communique avec eux pour les aider. Le programme est une adaptation du Modèle d’Ottawa pour l’abandon du tabacMC, dont l’efficacité a été démontrée. 

Deux mois après son opération, M. Giammario affirme que la cigarette ne lui manque pas. « J’y pense et je la déteste », dit-il. Il continue à répondre aux appels et garde le cap, tel un capitaine en pleine maîtrise de sa nacelle.