La Dre Karen Kost s'exprime sur le mauvais usage de la voix
La dernière acquisition du Département d'oto-rhino-laryngologie est un nouveau laser au CO2 couplé à un microscope dirigeant un faisceau lumineux puissant qui agit comme un cautère pour effectuer des incisions chirurgicales de précision. Il peut servir au traitement des tumeurs et des polypes des fosses nasales, de la bouche et des cordes vocales. |
Chaque jour, pendant 18 heures ou presque, nous n'accordons aucune attention à notre outil de communication le plus puissant, la voix. C'est un instrument que nous pratiquons tous, dont nous jouons à la maison ou au travail pour les interactions sociales quotidiennes. Certains professionnels, notamment les professeurs, chanteurs, comédiens, ministres, avocats, journalistes et spécialistes du télémarketing, fondent même toute leur carrière sur l'usage de leur voix. Pourtant, cet organe essentiel fait souvent l'objet d'un mésusage et d'une négligence.
« La voix est l'une des parties du corps les plus sous-estimées », dit la Dre Karen Kost, directrice du Laboratoire de la voix du CUSM. « Pourtant, nous comptons sur elle du matin au soir. »
Paradoxe de la voix humaine, cet outil de communication si puissant et si essentiel est produit par deux ligaments délicats, deux bandes de tissu musculaire élastique, les cordes vocales. Les cordes vocales sont placées côte à côte dans le larynx, derrière la pomme d'Adam et au-dessus de la trachée. Ces structures en forme de cordes peuvent s'étirer et se raccourcir selon les besoins. Quand on se tait, les cordes vocales restent ouvertes pour créer une voie aérienne pour la respiration. Quand on parle, l'air expulsé des poumons est poussé à travers les cordes vocales rapprochées et les fait vibrer. Le son produit monte et descend en fonction de la tension ou du relâchement des cordes vocales, à la manière des cordes d'une guitare.
Lors d'un usage correct, quand la voix est naturelle et détendue, les cordes vocales oscillent comme de gracieuses méduses, glissant ensemble en souplesse. En cas de mésusage, par exemple quand on crie ou quand on chante avec excès, les cordes battent l'une sur l'autre violemment.
« On ne ferait pas un marathon sans préparation et conditionnement des muscles et des articulations; de même, on ne devrait pas forcer la voix sans exercice et discipline adéquats », dit la Dre Kost. « Il faut un entraînement long et rigoureux pour devenir un athlète vocal, on n'y arrive pas du jour au lendemain. »
La plupart des troubles des cordes vocales proviennent d'un usage abusif ou mauvais de la voix, comme crier, chanter sans technique, parler excessivement, fumer, tousser ou s'hydrater insuffisamment. La fatigue vocale ou le mésusage de la voix se manifeste sous la forme d'une modification de la voix (le ton est souvent plus bas), d'un enrouement ou encore d'une douleur ou d'une sécheresse dans la gorge. D'autres facteurs peuvent causer des troubles vocaux, notamment : le stress, le manque de sommeil, le surmenage, la sécheresse de l'air, les milieux bruyants qui forcent à élever la voix, la fumée secondaire, l'alcool, le reflux gastro-œsophagien, la pollution, les allergies, les moisissures ainsi que l'hypersensibilité aux produits chimiques et aux émanations.
Les troubles les plus fréquents des cordes vocales sont, entre autres, la laryngite (inflammation ou infection des cordes vocales), les nodules des cordes vocales (petites excroissances dures, bénignes, similaires à des cals, causées par le mésusage de la voix) et les polypes des cordes vocales (petites excroissances molles, bénignes elles aussi). Des troubles moins courants peuvent aussi affecter la voix, comme les ulcères de contact et les tumeurs aux cordes vocales. Sans traitement, les tumeurs cancéreuses des cordes vocales peuvent avoir un pronostic fatal.
L'ensemble de ces troubles de la voix peut être diagnostiqué et traité au Laboratoire de la voix du CUSM. Seul laboratoire complet de la voix à Montréal, ce service exceptionnel et crucial est offert depuis 1991. Le Laboratoire de la voix du CUSM comprend un appareil de vidéo stroboscopie du larynx, qui est essentiellement un appareil d'imagerie des cordes vocales. Une procédure sans douleur permet aux médecins d'observer les cordes vocales en action, à l'aide d'une caméra lumineuse non invasive. L'image des cordes vocales est projetée sur un moniteur d'ordinateur, où elle peut être agrandie pour la détection des polypes, tumeurs et autres anomalies des cordes vocales.
Chaque année, plus de 3 000 patients sont évalués et traités au Laboratoire. Ce sont notamment des chanteurs professionnels référés par les écoles de musique de l'Université McGill et de l'Université de Montréal, des patients et d'autres professionnels de la voix venant du Québec ou de l'étranger.
En 2006, une acquisition s'est s'ajoutée au matériel ultra-moderne du laboratoire, un laser au CO2 couplé à un microscope et à un logiciel chirurgical de pointe. Ce nouvel appareil de haute technologie dirige un faisceau lumineux puissant, qui agit comme un cautère pour effectuer des incisions chirurgicales de précision. Il peut servir au traitement des tumeurs et des polypes des fosses nasales, de la bouche et des cordes vocales.
L'appareil surpasse sur de nombreux points les outils classiques. La chirurgie s'effectuant par la la cavité buccale à l'aide du microscope, il n'est pas nécessaire de pratiquer des incisions chirurgicales dans les couches tissulaires et musculaires de la gorge et du cou. S'agissant d'une chirurgie d'un jour, les patients rentrent plus vite à la maison et se rétablissent plus rapidement. « Ce nouveau laser est comme un stylo qui nous permet de circonscrire et de cautériser le cancer et les autres lésions de la bouche, du nez et de la gorge. Des cancers les plus graves du larynx et du pharynx jusqu'aux polypes et papillomes les plus bénins, le laser au CO2 diminue l'inconfort du patient et l'incidence des complications », dit la Dre Kost.
Hygiène vocale
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