Flash — Les traumatismes peuvent être prévenus!

Il y a de cela trois ans, le personnel du Programme de trauma de l’Hôpital général de Montréal (HGM) du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) a décidé de ne plus rester silencieux. 

Avec 10 000 victimes de traumatismes par année, les professionnels de la santé de l’HGM devaient constamment faire face à des blessures qui auraient pu être facilement évitées. Alors, ils se sont levés et sont sortis à l’extérieur et ont pavé la voie pour le partage de leurs connaissances avec le public : voici ce qui se passe dans notre poste de traumatologie sur une base quotidienne et vous — nos concitoyens — avez le pouvoir de la prévention.

« Notre Cours choc en trauma est notre principal outil pédagogique pour le public », déclare la coordonnatrice de la prévention des blessures du CUSM Tara Grenier. « Il s’agit d’une présentation qui adresse les comportements à risque. On parle de trucs comme le fait de boire et de conduire, de ne pas boucler sa ceinture de sécurité, ne pas porter de casque, de prendre part à des défis farfelus comme faire des cascades sur le toit d’une voiture et le fait de mettre quelqu’un au défi de sauter d’un bâtiment à un autre. Nous adressons ces comportements en offrant nos expériences en provenance du centre de traumatologie au public. »

Image de blessure liée à un traumatisme au Canada

  • Les blessures sont la principale cause de décès chez les Canadiens âgés de 1 à 44 ans, et la quatrième cause de décès chez les Canadiens de tout âge.
  • Plusieurs blessures non mortelles ont pour conséquence des déficiences et des inaptitudes telles que l’aveuglement, des blessures à la moelle épinière et des déficits intellectuels dus à des traumatismes crâniens.
  • Le fardeau économique des blessures non intentionnelles et intentionnelles combinées est estimé supérieur à 12,7 milliards de $ par année, ou à 8 % du total des coûts directs et indirects des maladies, classé quatrième après les maladies cardiovasculaires, les troubles musculosquelettiques et le cancer.
  • Une autre étude économique a estimé que les blessures non intentionnelles à elles seules coûtent au Canada plus de 8,7 milliards de $ annuellement.

(Données fournies par l’Agence de santé publique du Canada)

Le Cours choc en trauma inclut de montrer des images graphiques et des vidéos d’incidents traumatiques. Le chemin qu’un patient en traumatologie sera amené à suivre est également partagé. Ceci inclut l’arrivée à l’hôpital à partir du poste de traumatologie au tomodensitogramme et aux rayons X, à l’unité des soins intensifs (USI) et, dans le meilleur des cas, à un rétablissement complet.

« Nous partageons également des témoignages qui incluent des gens qui ont survécu à un traumatisme et qui souhaitent partager leurs histoires pour aider à prévenir que ce qui leur est arrivé arrive à quelqu’un d’autre. Ceci a de grandes répercussions », déclare Grenier.

Le Cours choc en trauma est rendu disponible à la communauté, parfois à des étudiants de 5e année du secondaire au cours de la saison du printemps de sorte qu’ils puissent être au fait de ces connaissances avant le soir de leur graduation et avant de se diriger vers le cégep. L’objectif est de les amener à réfléchir avant de prendre des décisions qui pourraient changer leur vie à tout jamais.

Un questionnaire est distribué au public à la suite des présentations. Les commentaires permettent à Grenier et à son équipe de comprendre et de mesurer l’impact qu’ils ont eu et de trouver des façons de s’améliorer. D’une présentation à l’autre, les réponses ont été positives et encourageantes. Un étudiant a écrit :

« Ce que je retiens de cette présentation, et ce que je vais partager avec mes amis, est que j’ai besoin de bien réfléchir à mes actions et de rester prudent. Il pourrait s’agir d’un évènement de deux secondes qui pourrait changer ma vie pour toujours. »

Un autre a commenté :

« Réfléchissez avant d’agir parce qu’un traumatisme peut enlever une vie de plusieurs façons. »

Un autre observateur du Cours choc en trauma a senti que le tout était

« très efficace, communiquant une peur suffisante en moi, non pas pour me rendre paranoïaque, mais pour me rendre plus prudent, sans l’ombre d’un doute. Merci. »

 

Un autre outil pédagogique utilisé par le Programme de prévention des blessures est le projet « Pensez avec votre casque ».

Tara Gremier on helmet awareness

« Nous mettons en place des kiosques au sein de la communauté en collaboration avec d’autres partenaires pour promouvoir la sécurité des casques », déclare Grenier. « Par exemple, le 17 mai, nous avons placé un kiosque près d’une piste cyclable de Montréal. Nous avons utilisé des mannequins pour démontrer ce à quoi un patient de la traumatologie, qui ne portait pas de casque, pourrait ressembler après un accident. Nous avons également apporté des modèles de cerveaux de manière à montrer ce qui se produit lorsque vous frappez votre tête sans protection. »

Les passants ont également eu la chance de pouvoir parler aux membres de l’Association des traumatisés crâniens qui étaient présents pour partager leurs expériences au sujet de ce à quoi peut ressembler la vie avec un traumatisme crânien. Et le SPVM (Service de police de la Ville de Montréal), la SAAQ (Société de l’assurance automobile du Québec) et l’AQTC (Association Québécoise des Traumatisés Crâniens) étaient sur place pour offrir des conseils sur la sécurité routière et sur la façon adéquate de porter un casque.

La question est la suivante : est-ce que ce type de pédagogie communautaire fonctionne?

Le Sunnybrook and Women’s College Health Sciences Centre de Toronto a mis en place une initiative similaire au Cours choc en trauma appelée le Programme P.A.R.T.Y (Prevent Alcohol and Risk-Related Trauma in Youth [Prévenir les traumatismes liés à l’alcool et aux risques chez les jeunes]). Leur but est de fournir des renseignements utiles et pertinents aux jeunes au sujet des blessures (traumatismes) qui leur permettront de reconnaître les situations potentiellement dangereuses, de faire des choix informés orientés vers la prévention et d’adopter des comportements et des actions qui minimiseront les risques. Récemment, ils ont mené une étude pour déterminer si la participation à un tel programme réduisait l’incidence de blessures et de délits liés à la conduite. La conclusion a été : un oui retentissant.

Présentement, ces séances pédagogiques au sein de la communauté ont été menées environ huit fois par année. « Nous visons à augmenter la fréquence, mais ceci nécessitera la mise en place d’un financement », déclare Grenier. « Le travail que nous faisons est important et il serait bien de trouver un commanditaire pour nous aider à élargir notre portée. Les traumatismes sont évitables. Nous devons seulement en informer le plus de gens possible. »