De la nourriture pour le corps et l'esprit

Les longues séances de chimiothérapie, la radiothérapie et les autres traitements du cancer peuvent être éprouvants pour les patients atteints d’un cancer chronique et parfois en phase terminale. Heureusement, un bon programme nutritionnel, adapté aux besoins du patient, peut avoir un effet décisif sur leur qualité de vie. 

L’aventure de fin de vie n’est jamais facile – un homme redonne au CUSM pour les soins exceptionnels qu’il a reçus dans sa lutte contre le cancer.

Guila Collins

« Il n’a pas été lui-même pendant au moins un an et demi, se rappelle Giulia Collins au sujet de son mari, Bill Powney. Quand j’y repense, tout semble avoir commencé par une douleur au cou. Il allait en physio et se faisait masser régulièrement, mais rien ne semblait soulager la douleur ».

Puisque monsieur Powney était très engagé dans le milieu du rugby montréalais, il était proche du docteur Karl Cernovitch, joueur de rugby et urgentologue au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). « Il n’arrêtait pas de répéter à Bill de venir à l’urgence pour qu’il puisse l’examiner. Quand il s’y est finalement rendu, en septembre 2012, ils ont découvert un cancer dans son cou, ses poumons et son cerveau. »

Plusieurs spécialistes du CUSM ont vite formé une équipe pour soigner monsieur Powney. Il s’est soumis à de la radiothérapie et de la chimiothérapie, et c’est lors d’une séance de chimio qu’il a rencontré le docteur Antonio Vigano, directeur de la clinique de cachexie du CUSM.

« Le docteur Vigano a changé Bill, croit madame Collins. Lui et son équipe ont été fantastiques. Ils ont amélioré les médicaments qu’ils prenaient contre la douleur et ont essayé plusieurs stratégies pour compenser sa perte d’appétit. À chacun de ses rendez-vous, nous nous assoyions tous ensemble, ils examinaient ses analyses sanguines et suggéraient des idées de soins. Ils étaient là pour Bill et l’appuyaient le plus possible. Leurs soins nous ont été d’une grande aide. »

En février 2014, monsieur Powney et madame Collins ont appris que le cancer s’était tellement propagé qu’on mettait un terme à la chimiothérapie. « Il a alors perdu tout esprit combatif, évoque madame Collins. Mais Bill avait encore hâte de voir Antonio et tous les autres. Quand il n’a plus été en mesure de se déplacer, Mary-Lou Kelly, l’infirmière de la clinique, a appelé et nous a annoncé qu’elle avait obtenu les services du Mont Sinai et d’un CLSC local pour nous aider à domicile. L’omni de Bill, le docteur John Hugues, a été son quart-arrière pendant toute cette période, et le mien aussi. J’avais peur, mais je me sentais très soutenue. »

Bill Powney est décédé un mardi d’avril 2014. Sur son lit de mort, il a souhaité remercier l’équipe de cachexie. Monsieur Powney et madame Collins ont donc convenu de demander des dons pour la clinique au lieu de fleurs. L’argent a été affecté à une bourse de postdoctorat qui a soutenu deux étudiants, en partenariat avec l’unité des Cèdres pour la recherche en enseignement et la formation du MNUPAL (CERTUM; mnupal.mcgill.ca).

« C’est une équipe tout simplement exceptionnelle affirme madame Collins en souriant. Il était entre de très bonnes mains, et j’en serai toujours reconnaissante. »

« De toute évidence, nous adoptons une conduite différente auprès de chaque patient, affirme Jonathan di Tomasso, diététiste clinicien au CUSM. La situation n’est pas la même pour quelqu’un qui a subi de multiples opérations et pour quelqu’un qui vient de terminer un traitement de chimiothérapie. Je dirais que la première chose à faire, c’est d’apprendre à connaître son patient. » 

En fait, lorsque les patients arrivent à la clinique, ils subissent une évaluation initiale qui aide l’équipe, composée d’une infirmière, d’un physiothérapeute, d’un médecin et d’un nutritionniste, à déterminer leur profil et leur état nutritionnel. L’équipe est ainsi mieux à même d’intervenir et de corriger des carences ou de mieux prendre en charge les symptômes, tels que les nausées, les changements de goûts et la douleur. 

« Nous avons créé trois volets pour les patients : la réadaptation pour les patients en rémission qui souhaitent reprendre leur vie normale, le soutien pour les patients chez qui le cancer est toujours actif et qui ont besoin de l’appui d’une équipe interdisciplinaire pour terminer leur traitement et la cachexie* pour les patients qui tentent d’optimiser leur qualité de vie et leur bien-être malgré une maladie avancée », explique monsieur di Tomasso. 

Il ajoute que le plan doit être adapté aux besoins des patients, dont les symptômes sont souvent causés à la fois par la maladie et par la réaction au traitement. Par exemple, la radiothérapie de la prostate s’associe à de la diarrhée chez certains patients, tandis que le cancer du pancréas peut empêcher la digestion de certains aliments. 

« D’habitude, je m’assois avec les patients et je leur demande ce qu’ils mangent ces temps-ci, explique monsieur di Tomasso. Je peux ainsi établir s’ils respectent leurs besoins nutritionnels. Mangent-ils assez? Boivent-ils suffisamment ou sont-ils déshydratés? Si un patient ne mange pas assez et qu’en plus, il a la diarrhée, nous allons traiter les deux problèmes en même temps. » 

Jonathan di Tomasso, clinical dietitian at the MUHC
Jonathan di Tomasso, diététiste clinicien au CUSM, avec Bill Powney (voir l'encadré, à droite) à la Clinique Cachexia.

Puisque la situation de chacun est différente, les patients peuvent arriver à la clinique avant d’entreprendre un traitement contre le cancer ou, au contraire, après avoir vécu bien des hauts et des bas. « Les patients sont parfois fatigués et ont besoin d’un petit encouragement pour aller de l’avant, raconte monsieur di Tomasso. Nous voyons nos patients toutes les deux à quatre semaines et utilisons un tableau médical pour nous aider à suivre leur progression. »

Quelle est la réaction des patients qui arrivent à la clinique?

« Ils sont très contents, ajoute monsieur di Tomasso. Certains pensent que si les patients sont en soins palliatifs, il est trop tard pour faire quoi que ce soit. Pour moi, vaut mieux tard que jamais. Nos patients sont des êtres uniques et forts qui méritent les meilleurs soins et les meilleurs traitements que nous puissions leur offrir. C’est une expérience très enrichissante. » 

* État (= hexis) pathologique (= kakos) caractérisé par une perte de poids, d’appétit et de force, souvent associé à une maladie avancée ou en phase terminale, telle qu’un cancer, le sida, les maladies pulmonaires ou cardiaques, etc. 

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