Une équipe multidisciplinaire s’unit dans la lutte contre la douleur cancéreuse

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De gauche à droite : Maureen Comisso, Sara Olivier, infirmière clinicienne, et le docteur Jordi Perez

Maureen Comisso a eu deux fois le cancer du sein. Après le deuxième diagnostic, elle a opté pour une double mastectomie en 2006. Puis l’an dernier, on lui a trouvé une tumeur cancéreuse dans la moelle épinière.

« J’ai subi de la radiothérapie dans les vertèbres, et j’avais déjà subi une fracture à cause de la tumeur, explique madame Comisso, qui s’était lancée dans une carrière de golfeuse, se qualifiant même au sein de l’équipe féminine du Québec. « J’éprouvais d’épouvantables douleurs, alors on m’a aiguillée vers le service de gestion de la douleur cancéreuse du CUSM. J’avais tellement mal que j’avais des pensées suicidaires. »

Pour d’innombrables patients atteints du cancer comme madame Comisso, les douleurs débilitantes font partie de la vie quotidienne, et il faut souvent l’aide de spécialistes pour les rendre endurables. C’est là qu’intervient le service de gestion de la douleur cancéreuse du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) à l’Hôpital général de Montréal. Lancé en mars 2011 sous la direction du docteur Manuel Borod et de l’infirmière gestionnaire Rosemary O’Grady, co-chefs du service de soins palliatifs et de soutien de l’hôpital, ainsi que du docteur Yoram Shir, directeur de l’unité de gestion de la douleur Alan Edwards, le service de gestion de la douleur cancéreuse a contribué à soulager la douleur de plus de 400 patients atteints du cancer depuis son ouverture. 

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De gauche à droit: Dr. Yoram Shir, Rosemary O'Grady et Dr. Manuel Borod

La douleur est le principal symptôme que ressentent les patients atteints d’un cancer, car elle touche de 30 % à 50 % des personnes soignées et jusqu’à 70 % à 90 % des patients au stade avancé de la maladie. Nombreux sont ceux qui n’obtiennent pas le soulagement dont ils ont besoin, mais le docteur Borod affirme que jusqu’à 90 % des patients peuvent profiter d’un traitement efficace grâce à l’échelle analgésique de l’Organisation mondiale de la santé, qui consiste en une faible dose d’analgésique qu’on augmente graduellement, et à l’administration du bon médicament, à la bonne dose et au bon moment, jusqu’à parvenir au contrôle de la douleur. 

« La douleur peut avoir des conséquences importantes sur la vie des patients atteints d’un cancer, ajoute le docteur Borod, qui souligne que certains patients se retrouvent alités pour cette raison. Souvenez-vous de la pire douleur que vous ayez jamais ressentie, et envisagez devoir l’endurer sans répit. Ajoutez-y le fait qu’elle peut mettre en jeu le pronostic vital, et vous pouvez vous imaginer les effets d’une douleur incessante sur les patients atteints du cancer. » 

Après presque deux années d’existence, le service de gestion de la douleur cancéreuse donne des résultats prometteurs. Les données ont été analysées après la première année, et l’équipe a découvert que les patients déclaraient une diminution marquée de leur niveau de douleur. Les patients ont également souligné une amélioration de leur sommeil, de leur taux d’activité générale et de leur humeur. 

Les patients vus à la clinique de gestion de la douleur cancéreuse sont soignés par une équipe multidisciplinaire composée d’un anesthésiste, d’un oncologue en radiothérapie, d’un médecin en soins palliatifs, d’une infirmière, d’un physiothérapeute et d’un ergothérapeute. Les patients qui souffrent de détresse psychosociale ont accès à un psychologue. Le docteur Borod souligne l’importance de soigner l’ensemble de la personne plutôt que se limiter aux symptômes physiques, car une douleur continue peut nuire à de nombreux aspects de la vie. 

« Ce n’est pas seulement physique », explique le docteur Borod, qui ajoute que son équipe travaille à traiter l’ensemble de la douleur. « Souvent, c’est toute la situation qui est douloureuse et qui a des effets. En soulageant leur douleur, on leur redonne une partie de leur vie. » 

Quant à madame Comisso, elle se sent très bien soutenue, et même si on lui a interdit de toucher à ses bâtons de golf pour ménager ses vertèbres, elle a retrouvé sa qualité de vie. « Je n’aurais pas pu m’en sortir sans le docteur Borod et son équipe,
précise-t-elle. Je ne sais pas comment les gens peuvent vivre avec une douleur physique ou mentale. Je suis maintenant bien entourée. Le personnel clinique et les médecins sont si gentils avec moi. Ils perçoivent tout, s’informent constamment de mes symptômes, de la manière dont je me sens et de mon état mental… C’est une équipe remarquable, laissez-moi vous le dire. »

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De gauche à droite: Dr. Manuel Borod, Dr. Jordi Perez, Dr. Véronique Chaput, Sara Olivier, Dr. Juan Francisco Asenjo, Connie Fortugno, Dr. Antonio Vigano et Dr. Marc David