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La douleur liée au cancer : un symptôme négligé

Le milieu de l’oncologie a évolué considérablement au cours des deux dernières décennies. De nos jours, les patients peuvent survivre et vivre beaucoup plus longtemps, même avec un cancer métastatique. Toutefois, à n’importe quel stade de la maladie, la vie du patient n’est pas sans symptômes ; le plus commun étant la douleur.

« La douleur ne partira pas nécessairement à la fin des traitements, » mentionne le Dr Uri Hochberg, un médecin spécialisé en médecine interne et en gestion de la douleur. Lorsque la chimiothérapie, la radiothérapie et l’opération sont terminées, la douleur demeure et nous devons y faire face. »

« Lorsque j’aide un patient et que j’ai le sentiment que les choses vont s’améliorer, je suis reconnaissant. Je sens que je suis là où je dois être », mentionne Dr Uri Hochberg, un médecin de Tel-Aviv en Israël qui termine un programme de bourse d’un an en gestion de la douleur au CUSM.
« Lorsque j’aide un patient et que j’ai le sentiment que les choses vont s’améliorer, je suis reconnaissant. Je sens que je suis là où je dois être », mentionne Dr Uri Hochberg, un médecin de Tel-Aviv en Israël qui termine un programme de bourse d’un an en gestion de la douleur au CUSM.

Le Dr Hochberg, originaire d’Israel, termine un programme de bourse (fellowship) d’un an en gestion de la douleur au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Cette bourse mise en place par le Dr Manuel Borod, directeur de la Division des programmes de soins de soutien et palliatifs au CUSM, et le Dr Jordi Perez, directeur du Programme de gestion de la douleur liée au cancer, est unique au monde. En tant que premier fellow, le Dr Hochberg étudie depuis les derniers mois diverses façons de traiter la douleur liée au cancer à travers une variété de disciplines. Il a fait des rotations entre autres en radio-oncologie, oncologie médicale, anesthésiologie et en soins palliatifs avant de se joindre au Programme de gestion de la douleur liée au cancer.

Une nouvelle discipline

La gestion de la douleur en oncologie est une discipline tellement nouvelle que lorsque le Dr Hochberg terminait ses études en Israël en 2009, elle n’était pas encore reconnue.

« La douleur est un problème biologique, physiologique et sociologique », explique Dr Hochberg. Deux patients cancéreux de milieu différents souffrant du même type de douleur peuvent y réagir différemment. De plus, les soignants peuvent avoir des lacunes quant à leur approche et leur évaluation de la douleur. C’est pourquoi tout commence par l’éducation des patients et du personnel soignant. »

Le Dr Hochberg souligne que les dirigeants devraient aussi réaliser l’importance d’examiner la question de la douleur liée au cancer.

« En 2016, l’American Cancer Society a publié une étude de 20 000 mots sur la situation du cancer aujourd’hui et le mot douleur n’était évoqué que trois fois, » mentionne-t-il. « Pas un seul paragraphe n’était dédié à la gestion de la douleur. Il y a donc quelque chose qui cloche. »

Une approche interdisciplinaire au traitement du cancer

Dr Hochberg est particulièrement impressionné par l’approche thérapeutique interdisciplinaire adoptée par les programmes de soins palliatifs et de gestion de la douleur du CUSM.

« En général, les patients passent d’un traitement à un autre et les spécialistes notent leurs impressions,  explique-t-il. À un certain moment, un spécialiste assemblera le tout pour décider d’un traitement. Avec l’équipe du CUSM, cette collaboration est plus approfondie parce que tous les spécialistes interviennent avec le patient en même temps. Nous entendons les mêmes réponses et voyons les expressions et le langage corporel du patient. Par la suite, nous discutons ensemble pour décider d’un plan de traitement. Les patients sont satisfaits et leur réponse au traitement est convaincante. »

Dès son retour à la maison en juillet, le Dr Hochberg compte bien implanter un modèle similaire au centre médical Sourasky de Tel-Aviv, où il travaille. L’hôpital affilié à l’université de Tel-Aviv est l’une des premières institutions de soins tertiaires en Israël. Mais pour le moment, il travaille toujours comme employé temporaire à la clinique de traitement de la douleur liée au cancer du CUSM et profite du printemps à Montréal avec sa femme et ses trois jeunes enfants.

« Cette dernière année fut merveilleuse. Si j’avais fait une liste de contrôle au début de mon programme, tout serait coché en ce moment,  mentionne-t-il. Le programme est intensif et pratique; toutes mes attentes ont été satisfaites. »

Une approche de soulagement de la douleur cancéreuse primée

En six ans d'activité, le Programme de gestion de la douleur liée au cancer du CUSM a traité plus de 1500 nouveaux patients souffrant d'une douleur reliée au cancer mal contrôlée.

« Nous avons adopté une approche interdisciplinaire d’évaluation et de gestion des douleurs cancéreuses, déclare le Dr Jordi Perez, directeur du Programme de gestion de la douleur liée au cancer. Ce modèle de soins donne aux patients l’accès à divers traitements et à une équipe de cliniciens de différentes spécialités. Notre objectif est non seulement de faire bénéficier le patient de cette expertise variée, mais aussi de permettre aux membres de l'équipe d’apprendre les uns des autres. »

Le programme, qui reçoit l’appui de la Fondation Louise et Alan Edwards, est tellement réussi qu'il a reçu le Prix québécois de Cancérologie du ministère de la Santé et des Services sociaux en 2015. Ce prix souligne des projets qui sont des exemples novateurs pour le Québec. Le Dr Perez et son équipe espèrent que cette reconnaissance et des initiatives telles que le programme de bourse de gestion de la douleur au cancer contribueront à mieux faire connaître aux niveaux local, régional, national et international l'importance de la gestion adéquate et en temps opportun de la douleur reliée au cancer.