Gérer la dépression à la suite d’un diagnostic de cancer
La dépression n’est pas toujours facilement détectée chez les patients atteints de cancer. Des sentiments de colère, de tristesse, de culpabilité et d’anxiété sont considérés comme étant une réaction normale envers cette maladie. Mais, derrière le masque du cancer se cache un défi de santé mentale beaucoup plus profond. Au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), nous avons adapté des ressources psychologiques et psychiatriques pour aider les patients dans le besoin à gérer leur diagnostic de cancer.
Selon Dr Marc Hamel, le directeur clinique du programme d’oncologie psychologique, la prévalence de la détresse émotionnelle chez les patients en oncologie est d’environ de 35 à 45 %. Et parmi ces 35 à 45 % de patients en détresse, un certain nombre d’entre devront avoir recours à un traitement plus spécialisé, dépendamment de leur historique de santé mentale.
« Le cheminement du patient est parsemé de plusieurs différents jalons : le diagnostic, la période précédant le traitement, le traitement lui-même et la période après le traitement », dit Dr Hamel. Nous devons vraiment adapter notre approche de traitement à chaque étape pour aider le patient à gérer ses circonstances particulières. »
Pour fournir ces services spécialisés aux patients, une équipe multidisciplinaire composée de quelques psychologues, d’une infirmière clinicienne spécialisée, d’un thérapeute de couple et de famille et d’un psychiatre, collabore pour déterminer les besoins des patients. « Il n’y a pas de formule magique qui s’applique à tout le monde », explique Dr Hamel. « Chacun des patients requiert une approche unique adaptée à sa réalité. Par exemple, certains patients auront seulement besoin de psychothérapie, alors que d’autres auront aussi besoin de médicaments. »
Lorsque l’évaluation du patient indique qu’il éprouve des difficultés à gérer son diagnostic, des psychiatres sont ajoutés à l’équipe dans le but d’inclure l’administration de médicaments psychothérapeutiques dans le plan de traitement.
Dr Lawrence Hoffman, un psychiatre du CUSM qui travaille au service d’oncologie, explique que la réponse d’un patient envers sa maladie est reliée à son historique personnel et médical. « Nous devons comprendre comment la personne a l’habitude de gérer ses défis ou ses problèmes de santé », dit-il. On peut ainsi identifier les patients potentiellement à risque de sombrer dans la dépression ou de succomber à d’autres maladies mentales avant même d’avoir entamé le traitement contre le cancer. »
La situation se complique encore plus lorsque le patient qui n’a jamais souffert de problèmes de santé mentale commence son traitement contre le cancer. « Le traitement en tant que tel peut mettre le patient à risque de développer des effets secondaires psychiatriques et psychologiques comme l’anxiété et la dépression », explique Dr Hoffman. En fait, même pour les patients en rémission, le potentiel de récurrence du cancer ou même l’idée de reprendre « la vie normale » peut être un lourd fardeau psychologique. Dr Hoffman croit que « bien qu’ils ne soient pas biologiquement à risque, ces patients sont ancrés dans un processus empreint d’anxiété profonde, et la dépression peut s’immiscer à tout moment. »
Dans de tels cas, non seulement les patients sont plus difficiles à signaler comme étant à risque de maladie mentale, mais leur prescrire une médication peut être encore plus difficile, puisque c’est leur première expérience avec des médicaments psychothérapeutiques.
Dr Hoffman travaille toujours de très près avec l’équipe médicale traitante pour avoir une bonne idée des besoins et des difficultés du patient.
« Nous devons être en mesure de bien écouter le patient et d’être présents dans le moment, à ses côtés », explique Dr Hoffman. Être en mesure de faire preuve d’empathie fait partie de l’apprivoisement des besoins du patient. On combine cela à une approche d’équipe dans le but de prodiguer les meilleurs soins possible aux patients alors qu’ils traversent leur diagnostic de cancer. »