Rougeole : connaître les risques et savoir comment se protéger. En savoir plus .

Journée mondiale de lutte contre le sida: Il est temps de s'attaquer à la santé du cerveau

MacRae Campbell est un Montréalais de 63 ans, actif et en bonne santé. Il est aussi un patient de l’Institut thoracique du Centre universitaire de santé McGill (ITM-CUSM) qui vit avec le virus du VIH depuis 2001. Grâce à la thérapie antirétrovirale, la présence du virus dans son corps est contrôlée et son espérance de vie a augmenté.

« C'est étonnant de voir le chemin que nous avons parcouru depuis 30 ans. Juste le fait que je puisse vous parler à vous et que je sois en bonne santé est la preuve de l'efficacité du traitement. »

En 2015, les Canadiens de plus de 50 ans représentaient 50 % de la population séropositive, une augmentation de 6 % en cinq ans.

« C'est difficile de vivre avec cette maladie. On jongle avec les responsabilités de la vie quotidienne comme tout le monde, mais par-dessus cela, il y a le médicament et le stigma attaché à l'infection. C'est un énorme fardeau sur le plan psychologique. » — MacRae Campbell
« C'est difficile de vivre avec cette maladie. On jongle avec les responsabilités de la vie quotidienne comme tout le monde, mais par-dessus cela, il y a le médicament et le stigma attaché à l'infection. C'est un énorme fardeau sur le plan psychologique. » — MacRae Campbell

En 2015, les Canadiens de plus de 50 ans représentaient 50 % de la population séropositive, une augmentation de 6 % en cinq ans. Toutefois, avec le vieillissement, de nouveaux problèmes de santé associés au VIH se sont pointés à l’horizon, entre autres les troubles cognitifs, tels que des problèmes de mémoire, un manque de concentration et des difficultés à maintenir l’attention lorsqu’une telle tâche l’exige.

En 2015, les Canadiens de plus de 50 ans représentaient 50 % de la population séropositive, une augmentation de 6 % en cinq ans. Toutefois, avec le vieillissement, de nouveaux problèmes de santé associés au VIH se sont pointés à l’horizon, entre autres les troubles cognitifs, tels que des problèmes de mémoire, un manque de concentration et des difficultés à maintenir l’attention lorsqu’une telle tâche l’exige.

« Nous avons noté que pour leur sexe et leur âge, les gens vivant avec le VIH dans plusieurs groupes partout dans le monde performent moins bien dans des tests psychologiques que la norme, explique la Dre Marie-Josée Brouillette, psychiatre et consultante au Service des maladies virales chroniques du CUSM. Ils ont aussi des troubles de l’humeur, tels que l’anxiété et la dépression. »

« Même si nous ne comprenons pas complètement la façon dont le cerveau des personnes vivant avec le VIH est affecté, il faudrait trouver des interventions pour améliorer leur santé et leur qualité de vie maintenant. » – Dre Marie-Josée Brouillette, co-chercheuse principale de l’étude Pour un cerveau en santé au CUSM.
« Même si nous ne comprenons pas complètement la façon dont le cerveau des personnes vivant avec le VIH est affecté, il faudrait trouver des interventions pour améliorer leur santé et leur qualité de vie maintenant. » – Dre Marie-Josée Brouillette, co-chercheuse principale de l’étude Pour un cerveau en santé au CUSM.

MacRae n’éprouve pas de telles difficultés. Pourtant, il n’a pas hésité à prendre part à l’étude pancanadienne Pour un cerveau en santé, qui vise à comprendre et à améliorer la santé du cerveau chez les individus vivant avec le VIH. L’étude, comenée par la Dre Brouillette, la Dre Lesley Fellows, neurologue à l’Hôpital neurologique de Montréal (HNM-MUHC), et la professeure Nancy Mayo, épidémiologiste à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), réunit une équipe de professionnels de soins de la santé d’expertises variées et interdisciplinaires : VIH clinique et neuroscience, science fondamentale, santé publique et statistiques appliquées.

« Ces changements de la pensée et de l’humeur peuvent affecter le rendement au travail, l’adhérence au traitement et la qualité de vie du patient, ainsi que celle de leurs famille et amis, note la Dre Brouillette. Les causes ne sont pas encore claires, et c’est pourquoi nous voulons regarder le problème dans son ensemble. Est-ce que le problème est relié à des paramètres biologiques, comme la charge virale et la durée de l’infection ou à des facteurs personnels comme le tabagisme, l’utilisation de drogues et d’alcool, le niveau de stress et le stigma? »

Des sous-études pour des interventions rapides

Pour un cerveau en santé est un projet novateur qui se distingue par son étendue et par la richesse de l’information collectée. Huit cent quarante personnes ont été recrutées dans cinq cliniques à travers le Canada. Lors de quatre visites s’échelonnant sur une période de 24 mois, ces patients dont la moyenne d’âge est de 54 ans subissent une évaluation cognitive, fournissent des échantillons de sang et remplissent un questionnaire à propos de leur vitalité, leur stress, leur sommeil, leur cognition, leur qualité de vie, les symptômes psychosociaux et les symptômes reliés au VIH qu’ils présentent ainsi que le soutien social qu’ils reçoivent.

Parallèlement à l’étude principale, certains participants de la cohorte ont été invités à se joindre à six sous-études qui ont comme but de tester des interventions pour améliorer la santé du cerveau chez les personnes vivant avec le VIH, particulièrement celles qui peuvent être facilement mises en pratique.

Ana Lucia Fernandez, candidate au doctorat a l'Hôpital neurologique de Montréal, démontre l'enregistrement de l’activité électrique du cerveau. (Photo : Pour un cerveau en santé)
Ana Lucia Fernandez, candidate au doctorat a l'Hôpital neurologique de Montréal, démontre l'enregistrement de l’activité électrique du cerveau. (Photo : Pour un cerveau en santé)

En ce moment, l’équipe met au point entre autres un programme en ligne pour améliorer le sommeil, un programme d’exercice physique structuré et un programme d’entrainement cognitif par ordinateur. Pour MacRae, qui a participé à une de ces études, le temps consacré à collaborer avec les chercheurs n’a pas été vain.

« C’était plus intense que simplement prendre une pilule, affirme-t-il. J’ai passé deux examens par résonnance magnétique et porté un casque qui enregistre l’activité électrique du cerveau. J’ai rempli des questionnaires et fait des exercices à l’ordinateur à la maison. Ça m’a demandé du temps, c’est sûr, mais j’étais heureux de le faire. Je vieillis, et physiquement, tout va bien, mais il est important de garder le cerveau sain aussi. Sinon, à quoi sert d’avoir un corps en santé? ».

Une meilleure qualité de vie

Pour la Dre Brouillette et l’équipe de Pour un cerveau en santé, il est fondamental d’accorder de l’énergie et des ressources à l’amélioration de la qualité de vie des personnes qui vivent avec le VIH.

« Beaucoup d’énergie va vers la prévention et la cure, ce qui est bien. Mais il ne faut pas oublier qu’il y a beaucoup de personnes qui vivent avec le VIH maintenant et qui vont vieillir avec le virus, dit-elle. Cette population a vécu des choses extrêmement difficiles et a de nombreux problèmes de santé. Plusieurs patients ont perdu leur réseau social et vivent avec le stigma attaché à la maladie. Ils ont de grands besoins. »

« C'est difficile de vivre avec cette maladie, reconnaît MacRae. On jongle avec les responsabilités de la vie quotidienne comme tout le monde, mais par-dessus cela, il y a le médicament et le stigma attaché à l'infection. C'est un énorme fardeau sur le plan psychologique. Maintenant que nous vivons plus longtemps et plus en santé, il est temps de s'attaquer à la composante mentale. C'est pourquoi je remercie l'équipe du CUSM et les chercheurs qui étudient le VIH partout dans le monde. »

HIV pédiatrique