Le dépistage préventif de la tuberculose dans les communautés inuites : une approche efficace
Source: CMAJ
Montréal, le 1er novembre 2021 - Selon une nouvelle étude publiée aujourd’hui dans CMAJ (Canadian Medical Association Journal), le dépistage préventif de la tuberculose active et latente au sein des communautés inuites les plus affectées par la maladie s’avère efficace. Cette approche est recommandée pour aider à diminuer les épidémies. L’étude a été dirigée par le Dr Kevin Schwartzman, directeur de la Division de médecine respiratoire au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et scientifique senior dans le Programme de recherche translationnelle sur les maladies respiratoires à l’Institut de recherche du CUSM (IR-CUSM).
En 2019, la tuberculose a constitué la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde. Celle-ci frappe les communautés vulnérables de façon disproportionnée — en particulier les Inuits canadiens, conséquence et héritage de la colonisation et des inégalités socio-économiques. En 2017, les communautés inuites ont connu un taux d’infection 40 fois plus élevé que le reste de la population canadienne. L’organisation nationale qui représente les Inuits au Canada, l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), et le gouvernement du Canada se sont engagés à éradiquer la tuberculose sur les territoires inuits d’ici 2030.
Dans le cadre de sa mission visant à enrayer la tuberculose, la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik (RRSSSN) a mené des initiatives de dépistage à l’échelle communautaire au Nunavik, mère-patrie des Inuits dans le Nord-du-Québec.
Afin d’évaluer les effets directs et potentiels de ces initiatives, la RRSSSN a eu recours à l’expertise des chercheurs de l’IR-CUSM. Ensemble, ils ont examiné les données des programmes de dépistage menés dans deux villages du Nunavik en 2019. À l’aide d’un modèle, ils ont ensuite étudié les pronostics épidémiques en présence ou en l’absence de tels programmes de dépistage. En comparant les scénarios, ils ont constaté que le dépistage communautaire réduisait le nombre d’infections et s’avérait moins couteux que l’absence de dépistage.
« On procède traditionnellement au dépistage communautaire à la suite d’épidémies », écrit avec ses coauteurs le Dr Kevin Schwartzman, également pneumologue à l’Institut thoracique de Montréal du CUSM, et professeur de médecine à l’Université McGill de Montréal, au Québec. « Le programme de dépistage idéal permettra d’éviter les épidémies potentielles, cependant personne ne peut prédire exactement quand une épidémie va se produire. Étant donné que soigner la tuberculose dans le Nord canadien coute très cher, les interventions préventives s’avèrent bénéfiques. »
Selon les auteurs, le dépistage préventif pourrait faire partie d’une campagne plus large visant à combattre la tuberculose.
« La tuberculose ne cesse d’imposer un fardeau considérable et disproportionné à de nombreuses communautés inuites du Nord canadien, affirment les auteurs. Nous estimons que le dépistage communautaire, soutenu par un traitement rapide et efficace de la tuberculose active et de l’infection latente, aurait un impact important dans les communautés les plus touchées. » Parallèlement, il est crucial que les prestataires de services et les dirigeants travaillent de pair avec les communautés pour s’attaquer aux disparités sanitaires et socio-économiques qui sous-tendent l’épidémie.
À propos de l'étude
L’étude "Active screening for tuberculosis in high-incidence Inuit communities in Canada: a cost-effectiveness analysis" a été réalisée par Aashna Uppal, Ntwali Placide Nsengiyumva, Céline Signor, Frantz Jean-Louis, Marie Rochette, Hilda Snowball, Sandra Etok, David Annanack, Julie Ikey, Faiz Ahmad Khan et Kevin Schwartzman.
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