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30 septembre : Journée nationale de la vérité et de la réconciliation

Un moment pour la réflexion, mais également pour l’action  

En 2015, après plusieurs années de travaux indispensables, la Commission de vérité et réconciliation du Canada a publié un certain nombre de rapports contenant des recommandations essentielles. Pour celles et ceux qui ne sont pas familiers avec la Commission, ses objectifs comprenaient, entre autres, la reconnaissance des expériences, des impacts et des conséquences du système des pensionnats destinés aux enfants autochtones et la création d'un milieu sûr pour les anciens élèves, les familles et les communautés afin de partager leurs vérités, de sensibiliser le public et d'encourager la réconciliation, notamment en établissant et en maintenant une relation de respect réciproque entre les peuples autochtones et non autochtones.

En tant que centre hospitalier universitaire qui prodigue des soins aux patients autochtones et qui compte dans son personnel des Autochtones, je suis convaincu que cette Journée nationale de la vérité et de la réconciliation représente une occasion de nous arrêter un moment pour réfléchir et faire le point sur notre histoire collective. Penser que l’histoire n'est qu'une partie de notre passé serait une grave erreur.

Comme l’a déclaré Gerry St. Germain (Métis), sénateur canadien à l’époque de la Commission : « Même si nous ne pouvons pas changer le cours de l’histoire, nous pouvons en tirer des leçons et nous en servir pour façonner un avenir commun … Cet effort est indispensable pour créer une société empreinte d’humanité et de compassion (…).1»

C’est dans cette optique que nous ne devrions pas perdre de vue un chapitre extrêmement préjudiciable de notre histoire lié à la colonisation. Entre les années 1870 et 1997, plus de 150 000 enfants autochtones du Canada ont été retirés à leur famille et forcés de fréquenter des pensionnats. Le Québec comptait six de ces écoles; deux étaient situées à l’Île de Fort George sur la baie James, une à Sept-Îles, une à Amos, une à Pointe-Bleue et une dernière à La Tuque. Il existait également plusieurs externats et foyers scolaires. La souffrance culturelle, émotionnelle, spirituelle et physique de ces enfants (ceux qui sont morts et ceux qui ont survécu) et de leurs familles (y compris les frères et sœurs laissés pour compte) — en fait des communautés entières — ne peut être exprimée dans ce seul message. Nous pouvons cependant reconnaître que personne ne devrait jamais avoir à endurer de telles injustices et prendre des mesures fermes pour changer des situations intolérables et inacceptables qui persistent encore aujourd’hui.

Le 28 septembre 2020, Joyce Echaquan, une femme atikamekw, est décédée tragiquement dans des conditions indignes. Le Principe de Joyce, qui s'appuie sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, a ensuite été élaboré comme une déclaration, un appel à l'action et un engagement à respecter les droits des peuples autochtones en matière de santé et de services sociaux. 

Aujourd'hui, je suis fier d'annoncer qu'à la suite d'une présentation des recommandations préliminaires du Comité d'action pour l'inclusion, la diversité et l'équité (C-AIDE), le Conseil d'administration du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) a entériné l'adoption du Principe de Joyce, qui est le suivant :

 

Le Principe de Joyce

Le Principe de Joyce vise à garantir à tous les Autochtones un droit d’accès équitable, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé, ainsi que le droit de jouir du meilleur état possible de santé physique, mentale, émotionnelle et spirituelle.  

Le Principe de Joyce requiert obligatoirement la reconnaissance et le respect des savoirs et connaissances traditionnelles et vivantes des autochtones en matière de santé. [Source : Le conseil des Atikamekw de Manawan et le Conseil de la Nation d’Atikamekw].

 

Je tiens à souligner que l'adoption du Principe de Joyce n’existera pas que « sur le papier ». Il doit servir de cadre de référence pour l'approche collaborative que nous envisageons avec les peuples autochtones, mais aussi avec tous nos patients et leurs familles ainsi que nos propres équipes, peu importe leur culture, leurs croyances, leurs traditions, leurs pratiques ou leurs orientations.

C'est en travaillant ensemble que nous apprendrons les uns des autres et que nous nous connaîtrons, que nous cultiverons la confiance et que nous créerons un milieu de soins de santé plus accessible, harmonieux, respectueux et sécuritaire pour tous. Demeurez à l'affût des autres annonces relatives à l'équité, à la diversité et à l'inclusion au CUSM. De plus, profitez de cette journée pour réfléchir aux actions que vous pourriez apporter dans votre quotidien qui sauront contribuer à nos efforts.

Pierre Gfeller, MD, CM, MBA
Président-directeur général, CUSM   

1 Honorer la vérité, réconcilier pour l’avenir, Sommaire du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, p. 194