C’est dans les moments difficiles que l’on peut découvrir à quel point on peut être résilient

L’impact de la COVID-19 sur la vie des patients touchés par le cancer

La résilience est la capacité de rebondir face à l’adversité ou à un événement traumatisant. Les personnes touchées par le cancer sont confrontées à une multitude de défis où leur résilience est mise à l’épreuve. L’un de leurs plus grands défis est de composer avec l’incertitude. Le ou les traitements fonctionneront-ils ? Mon mari et mes enfants vont-ils parvenir à s’adapter ? Est-ce que je pourrai un jour retourner au travail ? Quelles seront les conséquences financières pour ma famille et moi-même ? De nombreuses personnes vivant avec le cancer finissent par apprendre à composer avec cette incertitude grâce au soutien de leur équipe médicale, de leur famille, de leurs amis, et en gardant espoir.

Puis arriva... la COVID-19 !

Depuis mars 2020, nous sommes tous rivés à nos écrans et nous voyons le nombre de personnes infectées augmenter, alors que d’autres ont succombé au virus. Personne n’aurait pu prédire comment nos vies allaient changer et comment le monde allait se fermer sur lui-même. On dit que les coûts de la COVID-19 sont incommensurables sur les plans économique, physique, social et mental. Afin de limiter la propagation du virus, de nombreux rendez-vous médicaux au Québec sont maintenant offerts par le biais de la télésanté. Au programme d’oncologie psychosociale du CUSM, le soutien psychologique aux patients en oncologie est actuellement offert à distance, soit par téléphone ou par ZOOM. Lors de ces séances, les patients partagent l’impact de la COVID-19 dans leur vie. 

L’anxiété peut augmenter dans la foulée de la COVID-19

L’anxiété est une réaction courante chez les personnes touchées par un cancer. Elle se manifeste par des inquiétudes, des peurs, de l’insomnie et des symptômes physiques (ex., des tensions). On estime que l’anxiété des patients touchés par un cancer varie de 25 % à 50 % chez les personnes récemment diagnostiquées. Il n’est pas surprenant que cette anxiété puisse s’accroître dans la foulée de la COVID-19.

 
Par exemple, afin d’assurer la sécurité de tous, certains changements ont dû être apportés dans la prestation des soins médicaux. Par exemple, certains rendez-vous avec un médecin sont réalisés par téléphone ou par ZOOM. De nombreux membres de la famille n’ont pas pu accompagner un patient à leur traitement ou lors de leur hospitalisation. De tels changements peuvent avoir provoqué de l’anxiété chez les patients. L’anxiété peut également entraîner des symptômes dépressifs (c.-à-d., une tristesse intense) lorsque l’on ressent un sentiment d’impuissance et une certaine perte de contrôle.

Comment la COVID-19 a ajouté une couche d’incertitude pour les personnes touchées par un cancer

Également, la COVID-19 a amené de nombreuses personnes à connaître l’isolement social, tant physique qu’émotionnel. Si les interactions sociales se font en ligne, les contacts physiques ne peuvent pas toujours être remplacés par des mots. S’il y a une leçon que nous avons retenue avec la COVID-19, c’est à quel point nous dépendons du toucher physique, et comment il nous manque lorsqu’absent ou déconseillé. Si certains patients touchés par le cancer signalent leur isolement social, d’autres vivent dans des conditions où ils se retrouvent à plusieurs à la maison. Les parents touchés par le cancer dans une maison où les enfants s’ennuient peuvent avoir du mal à se remettre des effets secondaires des traitements. En outre, de nombreuses familles, y compris celles des patients touchés par le cancer, ont été financièrement affectées par la COVID-19, ce qui amène un stress supplémentaire. L’incertitude quant au temps nécessaire pour le développement d’un vaccin qui pourrait nous libérer de cette nouvelle réalité est un autre défi posé par la COVID-19. Le meilleur scénario serait de disposer d’un vaccin en 2020. Cependant, cela pourrait être beaucoup plus long. Pour les personnes touchées par le cancer, le temps est très précieux. De nombreux patients ont fait savoir qu’ils préféreraient passer ce temps autrement qu’en confinement. La COVID-19 a en effet ajouté une couche d’incertitude pour les personnes touchées par le cancer.

La résilience en ces temps difficiles

En dépit de tous ces défis et d’autres encore, les personnes touchées par le cancer font preuve d’une grande résilience en ces temps difficiles. Celles-ci ont puisé dans leurs boîtes à outils, certaines de manière créative, pour trouver des moyens de composer avec la COVID-19. Par exemple, de nombreuses personnes ont suivi des cours en ligne au sein de leur communauté. D’autres ont saisi cette occasion pour s’adonner à de nouveaux projets chez eux, apprendre un nouveau passe-temps et trouver des moyens créatifs de rester en contact avec leur famille et leurs amis (beaucoup via Skype ou ZOOM). 

Comment s’adapter ?

Les conseils suivants pourraient être utiles pour faciliter l’adaptation pendant la crise de la COVID-19 :

  1. Rejoindre un groupe de soutien en ligne, par exemple : https://cansupport.ca/
  2. Rester en contact avec ses proches
  3. Apprendre une nouvelle compétence ou un nouveau passe-temps
  4. Demeurer engager dans son suivi médical
  5. Rester aussi actif que possible
  6. Manger et se reposer correctement
  7. Pratiquer la pleine conscience (c’est-à-dire se concentrer sur le moment présent) et l’auto-compassion (c’est-à-dire la bonté envers soi-même), par exemple : https://muhc.ca/psychosocial-oncology/page/resources-2
  8. Vivre sa vie en fonction de ce qui est important pour soi et de ce qu’on s’efforce d’être
  9. Tenir un journal de la gratitude
  10. Chercher un soutien professionnel si vos craintes, vos angoisses ou votre tristesse sont plus présentes
  11. Rechercher l’humour autant que possible

C’est souvent lors d’une crise telle que celle de la COVID-19 que l’on peut être interpellé. C’est aussi dans les moments difficiles que l’on peut constater à quel point on peut être résilient.

Nous remercions vivement Marc Hamel Ph.D. et Julian Chiarella, stagiaire en psychologie (candidat au doctorat) des Services d'oncologie psychosociale du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) pour leur précieuse collaboration.

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