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COVID-19 – L’effet des stratégies de vaccination utilisées auprès des personnes âgées au Québec

Une nouvelle étude révèle l'intervalle maximal recommandé entre la première et la deuxième dose de vaccins à ARNm pour une population plus âgée et les différences dans les réponses des anticorps à différentes combinaisons de vaccins.

Au moment du lancement de la campagne de vaccination COVID-19 au Québec, à l’hiver 2021, des fluctuations dans la disponibilité des vaccins ont amené le gouvernement à mettre en place des stratégies telles que le report de la deuxième dose et l'offre d'un vaccin différent en deuxième dose (vaccination hétérologue). Par conséquent, les personnes âgées résidant dans des établissements de soins de longue durée au Québec, avec ou sans infection antérieure documentée par le SRAS-CoV-2, ont reçu deux doses d'un vaccin à ARNm (Cominarty de Pfizer-BioNTech et/ou Spikevax de Moderna) avec un intervalle de 16 semaines entre les doses.

Pour évaluer l'efficacité de ces stratégies, une équipe de chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), en collaboration avec des collègues de l’Université d’Ottawa et de l’Université de Montréal, a mené une étude sur les réponses sérologiques des personnes âgées résidant dans des établissements de soins de longue durée à Montréal. Dans un rapport provisoire publié dans The Lancet Healthy Longevity, ils révèlent l’intervalle maximal recommandé entre la première et la deuxième dose de vaccins à ARNm et les différences dans les réponses des anticorps à différentes combinaisons de vaccins. Ces travaux permettront d’orienter les politiques de vaccination en matière de santé publique.

L’étude a inclus des personnes âgées de 65 ans et plus qui ont reçu soit deux doses du même vaccin (vaccination homologue), soit un régime mixte (association de vaccins différents). Les participants ont été inscrits à l’étude du 31 décembre 2020 au 16 février 2021, et les données ont été recueillies jusqu’au 9 juin 2021. Les chercheurs ont examiné l’évolution des taux d’anticorps après la première dose et ont constaté qu’un intervalle de 16 semaines constituait un maximum pour l’injection de la deuxième dose.

« Les études initiales prévoyaient un intervalle de 3 ou 4 semaines, mais des études ultérieures ont montré qu’une période aussi courte pouvait entraîner des réponses sous-optimales aux vaccins à ARNm », explique le Dr Don Vinh, chercheur principal de l’étude et scientifique au sein du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale à l’IR-CUSM. « Bien que l’intervalle optimal entre la première et la deuxième dose de vaccin reste inconnu, nos données montrent que l’intervalle de quatre mois utilisé dans les CHSLD québécois était la période maximale à considérer, car chez les personnes qui n’avaient pas été infectées auparavant par la COVID-19, les niveaux d’anticorps ont chuté de manière assez significative à ce moment-là. »

Autres résultats de l’étude :

  • Les personnes âgées n’ayant jamais été infectées par le SRAS-CoV-2 ont présenté des réponses en anticorps plus faibles après la première dose par rapport à celles qui avaient été infectées auparavant. Cependant, quatre semaines après la deuxième dose, les deux groupes ont atteint des niveaux d’anticorps comparables.
  • Quatre semaines après la seconde dose, les taux d’anticorps étaient similaires chez les personnes ayant reçu deux doses de vaccins Moderna ou Pfizer ou une combinaison des deux, ce qui confirme leur interchangeabilité.
  • L’âge, le sexe biologique et les comorbidités sous-jacentes n’ont pas affecté la production d’anticorps en réponse aux vaccins COVID-19 à base d’ARNm.

À propos de l’étude

L’étude Real-world serologic responses to extended-interval and heterologous COVID-19 mRNA vaccination in frail older people  (UNCoVER): and interim report from a prospective observational cohort study  a été réalisée par Donald C. Vinh, Jean-Philippe Gouin, Diana Cruz-Santiago, Michelle Canac-Marquis, Stéphane Bernier, Florian Bobeuf, Avik Sengupta, Jean-Philippe Brassard, Alyssa Guerra, Robert Dziarmaga, Anna Perez, Yichun Sun, Yongbiao Li, Lucie Roussel, Mélanie J. Langelier, Danbing Ke, Corey Arnold, Martin Pelchat,  Marc-André Langlois, Timothy G. Evans, Xun Zhang et Bruce D. Mazer.

DOI : https://doi.org/10.1016/S2666-7568 (22) 00012-5

L’étude a été soutenue par le gouvernement du Canada, par le biais de son groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 (GTIC).