Nouveau financement pour combattre la résistance à la chimiothérapie dans le cancer de l’œsophage

Des scientifiques de l’IR-CUSM ont obtenu 7,5 millions de dollars de la Société canadienne du cancer et des Instituts de recherche en santé du Canada pour une nouvelle étude portant sur la personnalisation des traitements

Le cancer de l’œsophage, qui figure parmi les tumeurs les plus agressives, connait la progression la plus rapide en Amérique du Nord. Avec un taux de survie à cinq ans inférieur à 20 %, son pronostic est peu favorable. Bien qu’on ait souvent recours à une intervention chirurgicale, à la chimiothérapie et à la radiothérapie pour tenter de traiter cette tumeur, ces avenues thérapeutiques sont exigeantes pour les patients et demeurent souvent inefficaces.

Le Dr Lorenzo Ferri travaille d’arrache-pied pour améliorer le sort des patients atteints du cancer de l’œsophage. Scientifique senior au sein du Programme de recherche sur le cancer à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) et professeur de chirurgie et d’oncologie à l’Université McGill, le Dr Ferri est à la tête d’un ambitieux projet collaboratif international qui vient d’obtenir un financement sur cinq ans pour optimiser les soins aux patients atteints d’un cancer de l’œsophage.

« Actuellement, environ 40 % des patients atteints d’un cancer de l’œsophage présentent des tumeurs qui résistent d’emblée aux choix de traitements existants. Fait aggravant, à peu près la moitié des patients dont les tumeurs répondent initialement à la chimiothérapie subiront une récidive du cancer. En dépit de cela, la chimiothérapie demeure pratiquée vu le peu d’autres options dont nous disposons », explique le Dr Ferri, qui est également titulaire de la Chaire en chirurgie David S. Mulder et directeur de la division de chirurgie thoracique et gastro-intestinale supérieure au Centre universitaire de santé McGill.

Ce projet audacieux, qui remet en question les modèles établis, rassemblera des scientifiques du Canada et des États-Unis. Ensemble, ceux-ci travailleront à élucider les mécanismes de la chimiorésistance et à mettre au point des stratégies de soins personnalisées afin de transformer en profondeur notre façon de soigner les patients atteints d’un cancer de l’œsophage.

Les chercheurs recueilleront des données et des échantillons de tumeurs auprès de 300 patients nouvellement diagnostiqués au Canada, avant et après la chimiothérapie. Une analyse complète des tissus tumoraux sera menée selon une approche multiomique, qui conjugue les plus récentes techniques en génomique, en transcriptomique, en protéomique, en épigénomique et en métabolomique. De plus, les scientifiques développeront et emploieront d’innovants systèmes de modélisation du cancer, dont les organoïdes et le cancer sur micropuce — des techniques qui recourent à la culture cellulaire pour reproduire le tissu tumoral en laboratoire. Ces méthodes seront utilisées pour tester des médicaments approuvés existants, individuellement ou en combinaison avec la chimiothérapie, ce qui fournira de l’information inédite sur les options de traitement potentielles adaptées à la tumeur d’un individu. 

« Avec ces technologies de pointe, nous allons créer des “avatars de patients” qui nous aideront à cerner le meilleur traitement pour soigner une tumeur précise chez un patient donné, attaquant ainsi de front la problématique de la résistance aux traitements, explique le Dr Ferri. Notre espoir à la fin du projet est non seulement de produire un outil capable d’identifier quels malades répondront ou non au traitement standard, mais aussi de mieux comprendre comment vaincre la résistance. Qui plus est, nous serons en mesure de développer à partir de ces avatars une plateforme pancanadienne d’oncologie de précision fonctionnelle destinée aux patients atteints du cancer de l’œsophage. »

Le projet rassemble plusieurs scientifiques de l’IR-CUSM et de l’Université McGill à Montréal (co-PI Swneke Bailey, Ioannis Ragoussis, Morag Park, Pierre Olivier Fiset, Nicholas Bertos, Veena Sangwan, John M. Kinsella), ainsi que des chercheurs des États-Unis (Sui Huang [Institute of System Biology], Don Ingber [Harvard], Garry Nolan [Stanford], Paul Mischel [Stanford], Vineet Bafna [San Diego] et Xiaoyang Zhang [Utah]) et d’éminents chirurgiens spécialistes du cancer de l’œsophage de six centres de traitement canadiens (Anna McGuire (Université de Colombie-Britannique), Stephen Gowing (Université du Manitoba), Wael Hanna (Université McMaster), Jonathan Yeung (Université de Toronto), Andrew Seely (Université d’Ottawa) et Jonathan Cools-Lartigue (McGill)). Le projet est orienté par trois représentants défenseurs des patients, Teresa Tiano, Jan Almanzor et John Sauter.

Team
De gauche à droite.
Au premier rang : Morag Park et Lorenzo Ferri ; au milieu : Ioannis Ragoussis, Swneke Bailey et Nick Bertos ; dernier rang : Joseph M. Kinsella et Pierre Olivier Fiset.
Absents : Jonathan Cools-Lartigue et les collaborateurs basés en dehors de Montréal.

Intitulée “Overcoming Therapy Resistance in Gastro-Esophageal Adenocarcinoma - A Trans Canada initiative” (en français, Vaincre la résistance au traitement de l’adénocarcinome gastro-œsophagien — une initiative pancanadienne), l’étude est financée à hauteur de 4,7 millions de dollars par la Société canadienne du cancer et de 2,8 millions de dollars par les Instituts de recherche en santé du Canada.

La subvention s'appuie sur le soutien philanthropique substantiel offert au Dr Ferri et à son équipe, grâce à de généreux donateurs et à la Fondation de l'Hôpital général de Montréal.

Pour plus d’information

Communiqué officiel : Subventions d'équipe Découverte de la SCC : transformer les cancers pour lesquels le taux de survie est faible

Sommaire du projet et profil d’équipe (en anglais): Tailoring treatments for people with esophageal cancer