Vers une réduction des disparités en matière de soins de santé dans le Nord québécois

Une étude révèle que certaines communautés autochtones manquent de personnel pour les interventions vitales

 

Les communautés autochtones du Nord québécois se heurtent à des obstacles importants en matière d’accès aux soins de santé. Le Nunavik est une région éloignée, où les options de transport sont limitées et où les conditions météorologiques sont extrêmes, ce qui réduit l’espérance de vie de la population et nuit aux résultats en matière de santé.

Une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’Université McGill, de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), de la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik et du Centre de santé Tulattavik de l’Ungava (CSTU) à Kuujjuaq, Québec propose un plan qui permettrait de répondre aux besoins urgents du Nunavik en matière de santé, à partir de données concrètes pouvant être transmises aux décideurs à des fins de discussion.

Publiée dans le Journal canadien de chirurgie, l’étude se penche sur l’offre de soins chirurgicaux et en traumatologie dans la région; elle révèle des disparités inquiétantes ainsi que l’importance d’élargir les services de télémédecine. L’équipe de recherche a évalué les principaux établissements de santé, dont le CSTU, le Centre de santé Inuulitsivik et 12 centres locaux de services communautaires (CLSC) situés dans des villages le long des côtes de la baie d’Hudson et de la baie d’Ungava.

 

Des disparités flagrantes dans l’accès aux soins

L’équipe a évalué les centres de santé sur une échelle de 0 à 10, en fonction de divers critères. Dans tous les centres, cette évaluation a révélé un manque flagrant de personnel et de ressources, et ce, en dépit de la disponibilité de l’équipement et des fournitures. En ce qui a trait aux interventions chirurgicales, l’offre du Centre de santé Inuulitsivik était la meilleure, avec un résultat de 6,7, alors que les CLSC des villages côtiers de la baie d’Ungava ont obtenu le pire résultat : 5,5. L’équipe a aussi observé une disparité dans la capacité des hôpitaux à traiter les blessures graves. Le Centre de santé Inuulitsivik a obtenu le résultat le plus élevé à cet égard, soit 7,2, et les CLSC des villages côtiers de la baie d’Hudson, le pire, soit 5,5.

« Aucun membre du personnel de ces centres ne sera surpris des résultats. Cela dit, l’étude fournit des données de référence importantes pour les programmes futurs de renforcement des capacités ainsi que des cibles précises d’amélioration, notamment en ce qui concerne le recrutement et la rétention de personnel qualifié », a affirmé le Dr Evan Wong, professeur adjoint de chirurgie à l’Université McGill, chercheur au sein du Programme en sciences chirurgicales et interventionnelles (SCI) à l’IR-CUSM et coauteur de l’étude.

Des obstacles à la télémédecine

Les services de télémédecine, qui comprennent les consultations médicales virtuelles, sont particulièrement utiles en région éloignée, et ils ont nettement progressé pendant la pandémie de COVID-19. L’étude a toutefois révélé qu’aucun des centres de santé évalués n’était tout à fait prêt à mettre en œuvre un service de télémédecine, malgré les besoins élevés dans l’ensemble de la région. Les obstacles majeurs constatés comprennent le manque de financement, de soutien administratif et de lieux physiques.

Au vu de ces constatations, l’équipe de recherche préconise la mise en place de mesures décisives de correction des inégalités en matière de soins de santé dans la région. Il s’agirait notamment de faciliter la communication entre les médecins des régions et les spécialistes des grandes villes, de créer des programmes de formation destinés aux professionnels de la santé de petites localités, programmes qui permettraient la prise en charge des chirurgies et le traitement des blessures graves, et de déployer des mesures visant à inciter les médecins et le personnel infirmier à travailler en région éloignée.

« Ces travaux importants mettent en évidence les disparités flagrantes du système de soins de santé québécois qui nuisent aux Autochtones, ainsi que l’incidence des blessures sur les résultats de santé de cette population. Bien que nos conclusions soient troublantes, elles présentent une excellente occasion de renforcer les partenariats régionaux entre les hôpitaux du sud et ceux du Nunavik », explique le Dr Jeremy Grushka, coauteur de l’étude, professeur adjoint de chirurgie à l’Université McGill et chercheur au programme SCI à l’IR-CUSM.

Comme plusieurs collègues co-auteurs de l’étude, les Drs Wong et Grushka sont tous deux chirurgiens traumatologues au Centre de traumatologie de l'Hôpital général de Montréal du CUSM, qui est responsable d'un vaste territoire qui s'étend dans le nord du Québec et qui abrite des communautés cries et inuites.

L’étude

L’article « Surgical, trauma and telehealth capacity in Indigenous communities in Northern Quebec: a cross-sectional survey », par A. Kis et coll., a été publié dans le Journal canadien de chirurgie.

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