Des recherches font avancer le dépistage du cancer du pancréas chez les personnes à haut risque
Un consortium international de scientifiques et professionnels de la santé développe un programme de surveillance du cancer du pancréas prometteur et fait de nouvelles découvertes pour améliorer la détection précoce de la maladie, lorsque les chances de guérison sont les plus élevées.
Montréal, le 18 avril 2024 —L’incidence mondiale du cancer du pancréas a augmenté de façon considérable ces dernières années, mais le taux de survie global n’est actuellement que de 12 %. Lorsque les tumeurs pancréatiques sont détectées suffisamment tôt pour être traitées par résection chirurgicale, le taux de survie grimpe à plus de 80 %, mais malheureusement, la grande majorité des patients sont diagnostiqués à un stade avancé de la maladie.
Cette situation pourrait s’améliorer, comme le suggère une étude qui démontre la faisabilité d’un projet de détection précoce et de prévention du cancer du pancréas développé par le Consortium pour la détection précoce du cancer du pancréas (PRECEDE). Dans cette étude codirigée par le Dr George Zogopoulos de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) et de l’Institut du cancer Rosalind et Morris Goodman de l’Université McGill, les chercheurs ont mis au point une approche visant à améliorer la surveillance des personnes à haut risque de cancer du pancréas, adaptée à différentes catégories de personnes présentant des facteurs de risque spécifiques. Ils ont également constaté que les personnes à haut risque ayant des antécédents familiaux de cancer du pancréas présentaient un risque plus élevé de kystes pancréatiques.
Les travaux des chercheurs montrent que les personnes à haut risque de cancer du pancréas adhèrent dans de fortes proportions aux recommandations de dépistage et que les examens d’imagerie de dépistage requis sont réalisables dans des centres de santé spécialisés. Ils confirment la capacité de PRECEDE à mettre en œuvre cette démarche de dépistage à l’échelle internationale et à collecter des données de recherche en vue d’affiner les connaissances dans ce domaine et d’accroître l’efficacité de la surveillance clinique.
« Nos travaux démontrent le potentiel d’un vaste programme international intégré de recherche et de soins cliniques mis au point pour détecter et intercepter les changements précancéreux et cancéreux dans le pancréas. Ce programme de surveillance pourrait permettre d’améliorer les perspectives pour cette maladie dont le taux de survie est actuellement faible », explique le Dr Zogopoulos, co-premier auteur de l’étude et scientifique au sein du programme de recherche sur le cancer de l’IR-CUSM.
Sur la base de leurs résultats, publiés cette semaine dans JNCCN—Journal of the National Comprehensive Cancer Network, les chercheurs recommandent de classer les personnes à haut risque de cancer du pancréas en trois groupes, celles qui ont des antécédents familiaux de cancer du pancréas, celles qui portent une mutation génétique potentiellement cancérigène (variante germinale pathogène ou PGV), celles qui ont les deux à la fois.
« Les personnes qui craignent d’être plus à risque de développer un cancer du pancréas peuvent participer à PRECEDE et obtenir une évaluation dans l’un des sites PRECEDE d’Amérique du Nord et d’Europe. Si le risque de cancer du pancréas est jugé élevé, la personne aura la possibilité de se soumettre à une surveillance clinique du cancer du pancréas en fonction des services de surveillance clinique disponibles dans sa région », poursuit le Dr Zogopoulos.
Identifier et examiner les différents facteurs de risque
Dans le cadre de la présente étude, les chercheurs ont examiné des données cliniques longitudinales normalisées — des données qui permettent de suivre le même type d’informations sur les mêmes sujets à plusieurs moments — ainsi que des résultats d’imagerie et des prélèvements biologiques. Entre le 1er avril 2020 et le 21 novembre 2022, un total de 3402 personnes ont été recrutées, dans 25 sites à travers le monde, et incluses dans une des sept cohortes de l’étude.
La cohorte de personnes à plus haut risque (Cohorte 1) comprenait 1 759 participants (51,7 %) pour lesquels une surveillance annuelle par imagerie a été recommandée. À noter :
- Les participants de la cohorte 1 ont tous été testés pour des mutations dans des gènes couramment associés au cancer du pancréas et ont bénéficié d’une imagerie du pancréas par cholangiopancréatographie IRM/MR ou par échographie endoscopique.
- Ils ont été classés en trois sous-catégories : (1) les individus ayant des antécédents familiaux de cancer du pancréas (FPC), (2) les individus ayant un PGV et un FPC, (3) les individus ayant un PGV mais pas de FPC.
- Près de 80 % d’entre eux (1 400 participants) avaient effectué l’imagerie de référence, c’est-à-dire tous les examens d’imagerie requis au moment de l’inscription à l’étude.
Une observation inattendue qui nécessite des recherches supplémentaires
Les chercheurs ont constaté une incidence plus élevée de kystes pancréatiques chez les personnes classées dans le sous-groupe à haut risque sur la seule base de leur historique familial, que chez les personnes ayant une prédisposition génétique au cancer du pancréas, mais sans antécédents familiaux. Cela suggère que les processus biologiques qui mènent au développement du cancer ne sont pas les mêmes dans le cancer du pancréas familial que lorsque le cancer résulte d’une mutation héréditaire (PGV) dans un des gènes connus prédisposant au cancer du pancréas.
« La présence de kystes peut permettre d’identifier les individus présentant un risque accru de développer un cancer du pancréas au fil du temps, que ce soit à cause de modifications aux kystes ou parce que la présence de kystes indique que le pancréas présente une aberration intrinsèque qui le rend plus susceptible à la progression des kystes ou à d’autres croissances précancéreuses », déclare l’auteure principale de l’étude, Dre Diane M. Simeone, du UC San Diego Moores Cancer Center (et qui était à l’Université de New York Langone Health au moment de l’étude). « Un suivi plus long est nécessaire pour déterminer si le fait d’avoir des antécédents de cancer du pancréas familial implique un risque plus élevé de développer un cancer du pancréas par rapport au fait de présenter une variante germinale pathogène dans un gène de prédisposition au cancer du pancréas ».
L’article récemment publié est une analyse intermédiaire basée sur les données obtenues au moment où les participants se sont inscrits à l’étude. Les travaux du groupe PRECEDE se poursuivent, notamment au Centre universitaire de santé McGill, à l’Abramson Cancer Center de l’Université de Pennsylvanie, au Dana-Farber Cancer Institute, au Fred & Pamela Buffett Cancer Center, au Fred Hutchinson Cancer Center, au Huntsman Cancer Institute de l’Université de l’Utah, au Mass General Cancer Center, au Mayo Clinic Comprehensive Cancer Center, au Moores Cancer Center de l’Université de San Diego et au Yale Cancer Center/Smilow Cancer Hospital. Plus de cinquante centres médicaux à travers le monde collaborent maintenant au projet.
À propos de l’étude
“The Pancreatic Cancer Early Detection (PRECEDE) Study is a Global Effort to Drive Early Detection: Baseline Imaging Findings in High-Risk Individuals” par Zogopoulos G, Haimi I, Sanoba SA, et al. a été publié dans JNCCN—Journal of the National Comprehensive Cancer Network
https://doi.org/10.6004/jnccn.2023.7097
À propos de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill
L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la santé. Établi à Montréal, au Canada, l’Institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université McGill, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) – dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’IR-CUSM compte plus de 600 chercheurs et près de 1 700 étudiants et stagiaires qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santé évaluative au site Glen et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la santé des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS). ircusm.ca
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Fabienne Landry
Coordonnatrice des communications, Recherche, CUSM
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