Réduire les infections du site opératoire pour améliorer les soins aux patients

À l’œuvre dans un local aseptisé du cinquième étage de l’aile E du site Glen, une équipe multidisciplinaire (Prévention et contrôle des infections, Maladies infectieuses, Chirurgie et Pharmacie) est parvenue à améliorer l’environnement de soins pour les patients ayant subi une intervention chirurgicale au Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

Le Dr Charles Frenette et son équipe de quatre personnes ont recours à divers moyens pour lutter contre les infections du site opératoire (ISO), comme l’analyse des données sur une longue période, une refonte du protocole chirurgical, une révision de la prophylaxie chirurgicale, sans oublier une farouche détermination à atteindre leurs objectifs. Leurs efforts n’ont pas été vains; en effet, on a observé une diminution importante du nombre d’infections du site opératoire, ce qui a permis d’éviter aux patients des séjours inutiles à l’hôpital et ce qui a permis de faire économiser des millions de dollars au CUSM.

Les infections du site opératoire sont une conséquence de la chirurgie; elles peuvent engendrer des complications, comme l’augmentation des risques de morbidité, de mortalité et d’infections à Clostridium difficile (C. difficile), et une prolongation de la durée du séjour à l’hôpital. Ces complications font grimper les coûts, puisqu’elles entraînent de nouvelles opérations, de nouveaux examens d’imagerie médicale et une consommation accrue d’antibiotiques.

L'équipe du Dr Charles Frenette

Daniel Thirion, pharmacien; Yveta Leharova, consultantes de l’équipe responsable du contrôle des infections; Connie Patterson, Prévention et contrôle des infections; Sylvie Carle, adjointe soins pharmaceutiques; Dr. Charles Frenette, directeur médical du Contrôle des infections au CUSM

 

« Leurs efforts ont permis d’éviter aux patients des séjours inutiles à l’hôpital, ce qui a permis de faire économiser des millions de dollars au CUSM. – Dr Charles Frenette 

Les travaux de l’équipe du Dr Frenette ont déjà permis de réduire de plus de la moitié le nombre d’infections liées aux chirurgies cardiaques et aux chirurgies de transplantation. L’équipe s’attend à ce que cette tendance se maintienne et à ce que le CUSM devienne un chef de file au Canada en matière de contrôle des infections du site opératoire. À cet égard, le CUSM est sur la bonne voie; d’ailleurs, d’autres institutions de l’ensemble du Canada lui demandent conseil, en raison de l’excellence des résultats obtenus. Ce statut a valu à l’équipe du Dr Frenette une mention honorable lors de la remise du Prix Hippocrate 2017, pour sa collaboration multidisciplinaire dans l’amélioration des soins de santé.

« Au Canada et au Québec, on ne publie pas beaucoup de données relatives aux infections du site opératoire. La collecte des données relatives aux infections constitue une tâche colossale et ardue; nous figurons en quelque sorte parmi les pionniers de ce type de recherche au Québec et au Canada, déclare le Dr Frenette. Pourtant, il est tellement important de disposer de ces renseignements, car ils bénéficient à plusieurs parties : les patients, l’hôpital et la société. Ils sont également efficaces par rapport au coût, car les sommes qu’ils permettent d’économiser peuvent être utilisées pour d’autres patients. »

Le projet a été lancé il y a sept ans et s’accompagne depuis d’une diminution graduelle des taux d’infection. L’équipe du Dr Frenette – dont font partie Yveta Leharova, Connie Patterson et Anique Decary, du CUSM – a également collaboré avec un professionnel provenant de l’externe, Daniel Thiron, de l’Université de Montréal. À titre de pharmacien, ce dernier a été impliqué dans l’amélioration de la prophylaxie.

Les infections du site opératoire en transplantation d’organes solides ont diminué; en effet, les taux d’infection du foie ont chuté de 200 % grâce aux nouvelles mesures, qui incluent un changement quant à la prophylaxie, quant à une meilleure synchronisation des activités et quant aux nettoyages à la chlorhexidine avant l’opération. En 2016, il n’y a eu aucune infection attribuable à une transplantation rénale.

Selon le Dr Frenette, dans le cas de la chirurgie cardiaque, on dénombrait auparavant presque 100 infections par année, chacune de ces infections ajoutant 75 000 $ aux frais liés aux séjours à l’hôpital. Ce nombre a été coupé de moitié.

« Nous avons grandement réduit le pourcentage de patients atteints d’une infection, qui est passé de plus de dix % à environ cinq %. Toutefois, il y a encore place à l’amélioration, a ajouté l’infatigable Dr Frenette. Nous croyons être en mesure de réduire encore ce taux de deux ou trois %, ce qui correspondrait aux meilleurs taux observés dans le monde. »

L’équipe tient à remercier le personnel du CUSM, qui a contribué à donner vie à ce projet ambitieux.

« Il est très important de pouvoir compter sur une équipe de chirurgiens ouverts à la rétroaction et aux recommandations. Nous avons la chance de collaborer avec des professionnels qui présentent ces qualités, et cela fait une grosse différence, a ajouté Yveta Leharova, infirmière clinicienne diplômée, qui est l’une des consultantes de l’équipe responsable du contrôle des infections. Nous avons colligé des données, nous les avons analysées et nous avons formulé des recommandations – toutefois, il est important de souligner que, sans la collaboration de nos collègues, notre travail ne ferait aucune différence. »

Yveta Leharova souligne les améliorations qui ont été apportées dans la formation des jeunes chirurgiens, qui ont fait leur chemin pendant la période consacrée à l’étude sur les infections du site opératoire, entreprise en 2011. Cette expérience complémentaire s’est traduite par une amélioration des résultats au sein des salles d’opération du CUSM. Cette institution accueille aussi un nombre élevé de patients très malades, ce qui peut accroître le nombre d’infections du site opératoire.

« Personnellement, je suis convaincue de faire une différence, de me sentir appréciée et de constater que les efforts de l’équipe sont récompensés », a commenté Connie Patterson, de la Prévention et du contrôle des infections, qui travaille en étroite collaboration avec Yveta Leharova et Anique Decary.