Rougeole : connaître les risques et savoir comment se protéger. En savoir plus .

Les hommes doivent être à l'écoute de leur corps

L’hiver dernier, Claude Charlebois faisait des travaux de rénovation pour transformer sa maison en une habitation bigénérationnelle pour lui, sa conjointe et ses beaux-parents. En janvier, il a commencé à avoir un mal de gorge persistant et de la difficulté à avaler.

« Mon médecin de famille m’avait prescrit de la cortisone pensant qu’il s’agissait d’une inflammation ou d’une intolérance à la poussière, mais ça n’a pas fonctionné, explique l’homme de 49 ans. Il m’a alors référé à l’oto-rhino-laryngologiste Dre Catherine Tanguay-Renaud, de l’Hôpital du Suroît, à Salaberry-de-Valleyfield. À l'aide d’une caméra, elle a vu une petite masse et un changement de couleur au fond de ma gorge. Après quelques examens, elle m’a dirigé au directeur de l’équipe d’oncologie de la tête et du cou du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) Dr Anthony Zeitouni. »

Claude Charlebois
« Il faut respecter les consignes du personnel de soins. En fin de compte, c’est payant, » dit le patient Claude Charlebois, qui a fait des exercices pour les muscles de la gorge recommandés par l’orthophoniste Jesse Burns, du CUSM, pendant son traitement pour un cancer à la base de la langue.

M. Charlebois, qui n’avait jamais fumé et bu très peu au cours de sa vie, avait un cancer de l’oropharynx – partie de la gorge située en arrière de la bouche – causé par le virus du papillome humain (VPH). Très courant, le VPH se transmet au cours des relations sexuelles ou des contacts sexuels oraux et est responsable de presque tous les cas de cancer du col utérin chez les femmes et de plus en plus de cas de cancer de l’oropharynx et plus particulièrement de l’amygdale. Évidemment, les gens sont plus ou moins à risque selon le nombre de partenaires qu’ils ont eus durant leur vie.

« Il fut un temps ou le cancer de l’amygdale n’était vu que chez les fumeurs et les buveurs d’alcool, explique le Dr Zeitouni, qui est aussi professeur adjoint à l’Université McGill. Or, au cours des dix dernières années, on voit davantage de cas de ce cancer reliés au VPH de type 16 et 18, principalement chez les hommes. »

Le Dr Zeitouni précise cependant que seul un petit pourcentage – moins d’un pour cent – des personnes qui contractent les souches dangereuses du virus aura un cancer de l’amygdale un jour. La vaste majorité des infections sont éliminées par le corps.

« Le cancer de l’amygdale prend longtemps à se développer. Les patients qui l’ont maintenant ont été infectés il y a dix, vingt ou trente ans, » explique-t-il.

La vaccination, le meilleur moyen de prévention

M. Charlebois, qui n’a pas attendu longtemps avant de consulter, croit que les hommes doivent être plus alertes et à l’écoute de leurs corps. 

Le Dr Zeitouni, quant à lui, préconise un diagnostic précoce, mais ajoute que la prévention du cancer de l’amygdale relié au VPH passe par la vaccination des préadolescents et adolescents.

« En 2020, le cancer de l’amygdale chez l’homme sera plus fréquent que le cancer du col utérin chez la femme, dit-il. Il faut donc protéger tant les filles que les garçons avant qu’ils commencent à avoir des rapports sexuels. »

Un cancer traitable

Dr Anthony Zeitouni
« Le cancer de l’amygdale associé au virus du papillome humain (VPH) est en nette progression. Il faut que la société se mobilise pour que les garçons et les filles soient vaccinés. » – Dr Anthony Zeitouni, directeur de l’équipe d’oncologie de la tête et du cou du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

Le cancer de l’amygdale relié au VPH est moins agressif et répond mieux aux traitements que les autres cancers de la gorge. Malheureusement, les effets secondaires de la radiothérapie et de la chimiothérapie sont importants. 

« Ces traitements peuvent brûler et irriter la muqueuse à l’intérieur de la gorge à court terme, causant de l’inconfort, des douleurs et des problèmes de déglutition, » explique l’orthophoniste du CUSM Jesse Burns, qui a suivi M. Charlebois, en collaboration avec l’infirmière pivot Elizabeth Blouin, la nutritionniste Nancy Heppell, le radio-oncologue Dr George Shenouda et l’oncologue Dr Nathaniel Bouganim. Après une évaluation, nous donnons aux patients un programme d’exercices pour essayer de garder la déglutition le plus fonctionnelle possible à long terme. »

Après un mois et demi de traitement et quelques jours sans pouvoir parler ou avaler et durant lesquels il a dû être nourri par gavage – M. Charlebois a recommencé à manger.

« De la soupe Lipton avec du tofu et du gruau. Ces deux mets sont rayés du menu pour les prochains mois, » dit-il en riant.

De son expérience à l’Hôpital Royal Victoria du Centre universitaire de santé McGill (HRV-CUSM) au site Glen, il garde un bon souvenir.

« Le personnel est accueillant, souriant et à l’écoute. Tous les services – la tomodensitométrie, la résonnance magnétique, la radiothérapie, la chimiothérapie, le Centre du cancer des Cèdres – sont sous le même toit. La salle de traitement de chimio est vitrée. On voit le train passer, la ville, le soleil. Ça nous donne du courage. »

Tout au long de son périple, M. Charlebois a continué à faire de petits travaux de rénovation chez lui. Ses beaux-parents y ont déménagé à la mi-août.

« Je voulais me garder en forme et me changer les idées, dit-il. Une maladie comme ça, c’est une épreuve, mais il ne faut pas que la vie s’arrête. »

À la recherche de traitements plus efficaces pour combattre le cancer de l’amygdale

Il y a encore beaucoup à comprendre sur les liens entre le virus du papillome humain (VPH) et le cancer de l’amygdale, en nette progression ces dernières années. Les experts essaient de déterminer, entre autres, comment le VPH provoque le cancer, pourquoi les hommes sont plus prédisposés, pourquoi certaines personnes se débarrassent du virus et pourquoi d’autres développent un cancer.

Les oncologues de la tête et du cou cherchent aussi de traitements moins nocifs et avec moins d’effets secondaires pour combattre ce cancer de l'oropharynx. Des études cliniques sont en cours pour développer des traitements plus personnalisés selon le stade de cancer du patient, en changeant les doses de radiothérapie ou le type de chimiothérapie, par exemple.

La piste chirurgicale est aussi exploitée. Au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), le directeur de l’équipe d’oncologie de la tête et du cou, Dr Anthony Zeitouni, espère bientôt pouvoir réaliser des chirurgies de l’amygdale à l’aide du robot médical DaVinci. Déjà utilisé en urologie et en gynécologie au CUSM, ce robot permet des opérations moins invasives et pourra enlever la tumeur sans causer des effets secondaires.