L'espoir de devenir père après un cancer des testicules
Greg Star avait 22 ans lorsqu’il a détecté ce qu’il soupçonnait être une tumeur dans un testicule.
« J’ai eu un excellent pédiatre qui m’a appris à faire l’auto-examen, raconte-t-il. En 2004, je ressentais un léger inconfort dans le testicule gauche. J’ai vérifié et je me suis rendu compte que ça n’allait pas du tout. »
Après certains tests réalisés à l’Hôpital Royal Victoria du Centre universitaire de santé McGill (HRV-CUSM), le diagnostic est tombé : M. Star avait un cancer du testicule, la principale forme de cancer chez les hommes de 15 à 34 ;ans. Il a été opéré le jour même.
« J’étais affolé. Ils voulaient retirer la tumeur le plus vite possible pour éviter que le cancer ne se propage. J’ai été en convalescence pendant un mois, puis la chimiothérapie a commencé. »
Une semaine après l’opération, le Dr Peter Chan, l’un des urologues de M. Star, lui a proposé de mettre son sperme en banque.
« Le Dr Chan m’a dit : “Tu n’y penses probablement pas en ce moment, mais tu devrais mettre du sperme en banque, parce que la chimiothérapie peut nuire à la fertilité.” J’avais d’autres projets à l’époque, mais j’ai fait des recherches et décidé que je ne regretterais pas de le faire. J’ai donc pris rendez-vous au Centre de la reproduction du CUSM pour congeler une partie de mon sperme. »
« Dès qu’ils nous appellent, les patients atteints du cancer peuvent nous remettre un, deux ou trois échantillons qui peuvent être congelés avant le début des traitements du cancer. Nous leur donnons la possibilité d’avoir un enfant biologique, même s’ils deviennent stériles. » – Dr William Buckett, directeur médical du Centre de la reproduction du CUSM.
« La cryopréservation du sperme, ou mise en banque du sperme, est essentielle, renchérit le Dr Chan, qui est également directeur de la médecine reproductive masculine au CUSM et professeur agrégé de chirurgie à l’Université McGill. Même si le traitement du cancer des testicules est très efficace puisque le taux de survie dépasse les 90 % sur cinq ans, la chirurgie, la chimiothérapie ou la radiothérapie peuvent avoir des effets graves et durables sur les organes reproducteurs et sur la fertilité. »
L’un des objectifs du Dr Chan consiste à mieux sensibiliser le personnel des services d’oncologie, des services psychosociaux et des services de reproduction à l’importance d’informer les patients du CUSM atteints du cancer de la possibilité de recourir à la cryopréservation du sperme.
« Ces jeunes hommes luttent contre le cancer. Ils ne pensent pas à leur fertilité ou à fonder une famille, explique le Dr Chan, mais ils le pourraient plus tard. »
« Les oncologues pourraient certainement améliorer la qualité de vie des survivants du cancer s’ils les informaient de la possibilité de mettre en banque leur sperme avant le début des thérapies anticancéreuses. »
Un service gratuit et rapide
La décision du patient de recourir à la cryoconservation du sperme après un diagnostic de cancer dépend non seulement des conseils qu’il reçoit, mais aussi des coûts reliés à la collecte et à la conservation des échantillons. En effet, une récente étude réalisée en collaboration par le Dr Chan, le Dr William Buckett, directeur médical du Centre de la reproduction du CUSM et María Belén Herrero, détentrice d’un doctorat et andrologue en chef au Centre de la reproduction du CUSM, a démontré que depuis que la préservation de la fertilité est gratuite pour les hommes atteints du cancer (soit depuis le financement public des services de reproduction assistée au Québec, en 2010), les patients sont prêts à participer à un plus grand nombre de séances de mise en banque de sperme.
« Le service de mise en banque du sperme, qui est remboursé par la RAMQ, est rapide et facile d’accès », précise Mme Herrero.
Une autre étude, également menée par Mme Herrero et les Drs Chan et Buckett, a démontré que les survivants du cancer qui ont mis du sperme en banque et qui l’ont utilisé pour des traitements de fertilité plus tard ont obtenu des résultats similaires à ceux qui ont utilisé la banque de sperme sans être atteints d’un cancer.
« Ces résultats soulignent combien il est important que les professionnels de la santé en oncologie parlent aux patients des conséquences possibles des traitements du cancer sur leur fertilité, ainsi que des avantages de la préservation de la fertilité, note Mme Herrero. »
Un bébé pour un survivant du cancer
Après son traitement du cancer, Greg Star a poursuivi ses études en pathologie – il travaille aux ventes dans une société de biotechnologie – et s’est marié. Mais le plus beau de cette histoire, c’est peut-être qu’il est devenu père.
« La plus belle partie de ma journée a lieu quand je me réveille le matin et que je joue avec mon fils Thomas, né il y a neuf mois, raconte M. Star. Je ne savais pas si j’allais être fertile ou non après mes traitements. Heureusement, je l’étais, mais la décision de congeler mon sperme plus jeune était néanmoins la meilleure garantie de bonheur pour l’avenir. »