Fin prêts à remporter le match de la vie, ils l’ont gagné
C’est arrivé le 13 septembre 2006. La salle d’attente à l’urgence de l’Hôpital général de Montréal était bondée. Une quarantaine de personnes étaient étendues sur des civières. Dans l’aire de traumatologie, on soignait un cycliste frappé par une voiture ainsi qu’un homme ayant fait une mauvaise chute.
C’est alors que l’appel d’Urgences-santé est entré.
« Il y a eu fusillade au Collège Dawson. Nous avons trois patients pour l’instant. Nous en aurons peut-être cinq de plus. Combien pouvez-vous en accepter ? »
« Emmenez-en autant que nécessaire. »
Il était 12 h 57. Le plus important plan d’action traumatologique de l’histoire de l’Hôpital général de Montréal allait bientôt être mis en branle.
13 h 02. Une première victime arrive – un jeune homme de 22 ans, grièvement atteint à la tête, en deux endroits.
13 h 06. Un étudiant de 18 ans suit, blessé à l’épaule et au rein.
13 h 12. Une ado est transportée, victime de tirs à l’avant-bras et à la hanche.
On déclenche le code orange, l’alerte la plus élevée, le signal d’un sinistre externe. Et voilà que commence un travail d’équipe des mieux orchestrés. Sur-le-champ, tous les médecins de garde en traumatologie et le personnel disponible, jusqu’aux aides-soignants, accourent vers l’aire de réanimation. Le Dr Bruno Bernardin est le chef d’équipe de la traumatologie ce jour-là.
De 13 h 25 à 13 h 43, sept autres collégiens et un homme de 47 ans sont conduits à l’hôpital. En quelque 45 minutes, onze victimes seront reçues dans l’aire de traumatologie de l’Hôpital général de Montréal. Les aides-soignants attendent à la porte, prêts à remplacer le matériel chaque fois que nécessaire; les infirmières s’activent, installant des intraveineuses, épongeant les blessures; même un préposé à l’entretien s’empresse d’étendre un drap sur le sol pour absorber le sang qui se répand. Les médecins font vite des radios, scrutent les blessés; le chef d’équipe établit les priorités; des spécialistes en soins critiques, assistés d’infirmières, d’inhalothérapeutes, de résidents en chirurgie, prennent soin des victimes, stabilisant les lésions, extrayant les projectiles, maîtrisant les hémorragies. Aux salles d’opération et à l’unité des soins intensifs, tout est mis en œuvre pour prendre rapidement le relais. Au total, 85 employés de l’hôpital ont contribué à la prise en charge des onze victimes du tireur.
Vers 15 h, à peine deux heures après le début du drame, tout est bel et bien sous contrôle. Lorsque le directeur médical du programme de traumatologie, Dr Tarek Razek, et le Dr Bruno Bernardin félicitent l’équipe pour ce match remporté avec tant d’énergie, un tonnerre d’applaudissements se fait entendre dans toute l’unité d’urgence.
Pour en apprendre plus sur le travail de l’équipe de traumatologie de l’Hôpital général de Montréal lors de la fusillade de Dawson, nous vous invitons à visionner le reportage de Michel Rochon et Yves Lévesque, Dawson : Code orange, diffusé à l’émission Découverte de Radio-Canada, le 8 septembre 2007.