Prendre soin des familles en deuil
Deborah Ummel est psychologue au Programme de soins palliatifs et de soutien pour les patients atteints de cancer de l'Hôpital Royal Victoria du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Elle fait partie d'une équipe dévouée qui soigne les patients tout au long de leur traitement, de la gestion de la douleur à la réadaptation, de la survie au deuil.
« Il y a beaucoup de questionnements pour les membres de la famille à la fin de la vie. Nos rencontres sont décisives et empreintes d’humanité. » – Deborah Ummel, psychologue au Programme de soins palliatifs et de soutien pour les patients atteints de cancer.
Comment avez-vous découvert les soins palliatifs?
Deborah Ummel : C’était vers la fin de ma formation en psychologie, lors d’un stage au Programme de soins palliatifs et de soutien pour les patients atteints de cancer du CUSM. À l’époque, il était situé à l’Hôpital général de Montréal. J’ai eu la piqûre : on rencontre des gens à un moment crucial de leur vie, où on peut avoir peur de côtoyer la mort, mais ces moments sont pleins d’humanité et d’intensité. Des fois, nous verrons un patient qu’une seule fois, mais cette rencontre sera décisive et très touchante. À la fin de mon stage, j’avais envie de rester. Comme la psychologue de l’unité prenait sa retraite, j’ai eu l’opportunité de lui succéder. »
Quelle sorte de soutien offrez-vous?
D. U. : On travaille autant, voire plus souvent avec les familles qu’avec les patients, car quand ceux-ci arrivent aux soins palliatifs, ils sont déjà très malades et fatigués, et parfois même inconscients, et ce ne sont pas toujours eux qui ont le plus besoin de soutien psychologique. Pour leur part, les membres de la famille ont un grand besoin d’être soutenus, parce que c’est difficile d’être le soignant de quelqu’un qui va mourir. Il peut y avoir des conflits à régler, des choses à pardonner. Il peut aussi être difficile de dire au revoir à l’être aimé ou de savoir comment parler de la mort à un enfant.
Défis et projets pour éduquer sur la douleur liée au cancer
Au cours de la Semaine nationale des soins palliatifs, la clinique de soins de soutien et palliatifs invite ses patients, leur famille et toute la communauté à assister à la conférence Éducation sur la douleur liée au cancer, défis actuels et projets futurs, présentée par le Dr Uri Hochberg, boursier au programme en gestion de la douleur.
Date : Jeudi 11 mai 2017
Heure : 13 h à 14 h
Endroit : Site Glen, 1001 Boulevard Décarie, local D02.1312
Des rafraîchissements seront servis
Comment se déroulent les rencontres avec les membres de la famille?
D. U. : Nous les rencontrons pendant que les patients sont hospitalisés et leur offrons un espace où ils peuvent exprimer leurs émotions qui sont parfois paradoxales. Ils peuvent ressentir de la tristesse, de la colère, de la culpabilité. Des fois, ils sont au bord de l’épuisement et peuvent avoir hâte que le patient s’en aille. C’est très difficile. Ils ont alors besoin qu’on les rassure et qu’on leur explique que ce qu’ils vivent est normal. Nous les encourageons aussi à prendre soin d’eux, à ne pas s’oublier. Ils ont le droit de prendre une journée de congé, de ne pas être continuellement au chevet du patient.
Comment se passe un suivi de deuil?
D. U. : C’est variable. Ça peut aller de quelques rencontres à environ un an dans les cas les plus complexes. Certaines personnes n’ont besoin que d’une ou deux rencontres pour qu’on leur explique le processus de deuil, qu’on leur propose des outils et qu’on normalise leur vécu. D’autres peuvent vivre un deuil compliqué et avoir davantage besoin de soutien pour passer au travers.
Quels sont les moments les plus difficiles pendant un deuil?
D. U. : La première année est souvent la plus éprouvante, parce qu’on vit toutes les premières fois sans l’autre : le premier Noël, le premier anniversaire, la première fête des Mères. On fait le tour du calendrier sans l’être aimé, et à chacune de ces occasions, on peut revivre des moments difficiles.