Jeff Smith fait le bilan de ses 51 ans de carrière au CUSM
Nous sommes en été 1974. Le métro de Montréal, mis en service pour l’Expo 67, est encore tout récent. La ligne verte est plus courte qu’aujourd’hui et l’adolescent Jeff Smith doit se rendre de LaSalle au centre-ville en autobus. Il gravit une colline qui ne lui est pas familière, au cœur du centre-ville de Montréal. Il passe les doigts dans ses cheveux d’un noir de jais et se demande : « Comment ça va être de travailler dans un hôpital ? »
Sa première affectation le prend par surprise. Il doit faire son travail au sous-sol de l’Hôpital général de Montréal (HGM), qui lui apparaît un peu lugubre. Jeff est un adolescent de seize ans qui a plein de projets en tête. Il est bien content de pouvoir faire quelque chose de payant pendant l’été. Il ne voit pas nécessairement, pour lui, un avenir sérieux à l’hôpital. Ce n’est qu’un emploi d’été après tout ?
Comment tout a commencé
Pour ceux qui connaissent Jeff, ce qui fait sourire dans cette histoire, c’est qu’il a ensuite mené une carrière impressionnante de cinq décennies — plus de 50 ans ! — au CUSM. Aujourd’hui coordonnateur de la performance clinique et de la transformation, il dirige certains de nos projets les plus importants en matière de qualité et de performance. Alors, pouvez-vous deviner ce qu’on a bien pu demander à quelqu’un d’aussi talentueux lors de son tout premier jour ?
« Mon superviseur m’a tendu un morceau de carton plat. Il m’a regardé dans les yeux et m’a dit : Mon garçon, fabrique cette boîte ! »

Jeff, jeune homme de 16 ans, se rend désormais chaque semaine à l’HGM pour assembler 40 à 50 boîtes d’archives avec couvercle. Il fait ce qu’on lui demande. Il apprend à ranger correctement les dossiers des patients dans des boîtes. À la fin de l’été, on lui propose de travailler le week-end. Il accepte et, en même temps, il commence des études financées par l’argent qu’il a gagné pendant l’été.
Son budget est restreint. À ce moment de sa vie, Jeff est aussi secoué par un bouleversement familial important.
Grandir rapidement
Cet été-là, Jeff doit faire face au diagnostic médical inattendu que reçoit sa mère. Il est témoin des effets de la maladie et son monde est bouleversé. Entre les visites à l’hôpital avec sa mère et son travail à l’HGM, il a l’occasion de rencontrer de nombreux professionnels de santé et les trouve incroyables.
« Je voyais les professionnels de santé comme des personnes vraiment très douées », explique Jeff. « Mon gestionnaire est aussi devenu très compréhensif à mon égard en raison de ce que je vivais chez moi. Cela m’a donné envie de rester dans le secteur de la santé. »
Cet été-là, Jeff commence à sortir de son bureau pour visiter d’autres départements, notamment l’admission et l’urgence. Il est heureux de collaborer (ou simplement de discuter) avec les autres membres du personnel et se réjouit de ses interactions avec les médecins. De plus, Jeff prend plaisir à interagir avec les patients.
« Je me suis dit : Qu’est-ce qui pourrait bien leur être utile ? Quelle fonction est-ce que je peux bien avoir dans tout cela ? »
On demande à Jeff de faire un quart de nuit pour rendre service. Il accepte volontiers et, comme le hasard fait bien les choses, il rencontre encore davantage de gens qui gagnent son respect. À l’aube de l’âge adulte, il commence à penser qu’il pourrait avoir un avenir à l’hôpital.
Avance rapide sur plusieurs années : Jeff devient superviseur du département des dossiers médicaux à l’HGM, au Royal Victoria (HRV), au Neuro et à l’institut thoracique de Montréal (ITM). Alors que sa carrière prend son envol, Jeff garde dans son cœur le souvenir de sa mère bien-aimée, désormais décédée. Il est maintenant devenu un jeune adulte dont la vie est florissante.

Travailler et acquérir de la sagesse
Au fil des ans, Jeff a participé et dirigé certains des projets les plus innovants du CUSM. Aujourd’hui, il se souvient des modestes débuts des bases de données électroniques sur les patients à la fin des années 1970 (pour ceux qui se souviennent des systèmes informatiques d’entreprises qui n’enregistraient que le nom et la date de naissance d’une personne sur d’énormes bandes IBM). Il se souvient aussi du lancement de O-word à la fin des années 1990, un logiciel qui a fini par devenir une précieuse mine de données pour les médecins et les chercheurs. La technologie prenait son essor sous ses yeux, avec des avantages clairs et mesurables.
« Quand je pense que je n’ai commencé avec rien d’autre qu’un stylo, du papier… et des boîtes », dit-il en riant. « On est témoin de nombreuses avancées incroyables quand on travaille dans le domaine de la santé. Avec tout ce que j’ai vu s’améliorer, je sais que nous sommes à l’aube de nombreuses autres innovations importantes dans le domaine médical. »
En plus de son travail au CUSM, Jeff adore faire du bénévolat pour Scouts Canada, la principale organisation de scouts pour filles et garçons au pays. Le mentorat des jeunes est essentiel pour lui. Il veut que les jeunes sachent faire face à tous les défis personnels. Il salue la compassion et le courage de la nouvelle génération :
« Le plus important, c’est d’avoir des conversations significatives avec les gens. Si vous faites preuve d’empathie et que vous écoutez avec empathie, vous pouvez réellement vous mettre dans la peau de l’autre personne. Parfois, c’est la meilleure façon de résoudre un problème. Essayez d’être empathique. »
Jeff encourage les jeunes à envisager de trouver leur place dans le domaine des soins de santé. En fait, il invite toute personne à la recherche d’un nouveau départ dans sa carrière à mettre ses talents et ses compétences au service du CUSM.
« Je recommande vivement une carrière dans les dossiers médicaux ou dans un domaine administratif connexe à tous ceux qui souhaitent faire une différence dans le domaine des soins de santé d’une manière discrète et particulière. Tous les rôles de soutien au sein d’un hôpital, en particulier les rôles administratifs, ont un impact important sur les patients et leurs familles. »
Et Jeff parle avec son cœur ! Pas seulement comme professionnel chevronné qui a aimé sa carrière au CUSM, mais aussi en tant qu’homme qui garde un souvenir vif de ce que c’était que d’avoir seize ans.
