Deux perfusionnistes du CUSM honorées par l'Association des perfusionnistes du Québec
Véritables spécialistes des soins d’assistance cardiaque, pulmonaire et circulatoire, les perfusionnistes maintiennent les patients en vie à l’aide d’appareils spécialisés lors d’interventions chirurgicales ou de traitement requérant le soutien ou le remplacement des fonctions vitales. Deux perfusionnistes du CUSM, May Tam et France Denis, ont accepté, le 1er juin dernier, deux des trois prix remis par l’Association des perfusionnistes du Québec Inc (APQI) lors de la soirée banquet tenue pour son 50e anniversaire, conjointement avec l’Association des chirurgiens cardiovasculaires et thoraciques du Québec. Un grand honneur pour le CUSM, et une formidable occasion de mettre en valeur leur expertise pointue et méconnue du grand public.
May Tam, chef d’équipe du service de perfusion du CUSM depuis 2012, a reçu le prix Implication dans son milieu et France Denis, perfusionniste cardiovasculaire, a reçu le prix Innovation (conjointement avec Ramzi Majaj, ex-perfusionniste au CUSM).
Le prix Implication dans son milieu
May s’est mérité le prix Implication dans son milieu pour ses multiples accomplissements. Elle a activement participé au design des salles d’opération au site Glen ainsi qu’à la logistique entourant le transfert de patients de l’ancien Hôpital Royal Victoria au site Glen en 2015.
Leader appréciée, toujours à l’écoute des besoins de ses pairs, elle est ensuite devenue chef de tous les services de perfusion du site Glen, incluant celui de l’Hôpital de Montréal pour enfants. Excellente communicatrice, elle contribue par ailleurs à faire rayonner la profession au sein du CUSM en s’impliquant dans plusieurs comités.
Au cours de la dernière année, May a développé le programme d’eCPR au CUSM, qui permet la mise en place efficace et rapide, 24 h sur 24, de l’oxygénation par membrane extra-corporelle, une thérapie communément appelée ECMO qui ajoute de l'oxygène au sang et le pompe dans l'organisme. Grâce à elle, ce service a aussi été offert au marathon de Montréal en 2017, pour la toute première fois.
«Je suis satisfaite de ce prix, bien sûr, mais surtout du fait qu'il reflète bien le travail exceptionnel de toutes nos équipes. C'est tout un honneur que de pouvoir travailler à la fine pointe de la perfusion et de savoir que nous faisons une grande différence dans la vie de nos patients », dit May.
Le prix Innovation
France Denis et Ramzi Majaj, de leur côté, ont reçu le prix Innovation pour avoir contribué à sauver in extremis une patiente en insuffisance hépatique sévère et en attente d’une transplantation, à l’aide d’un foie de porc. Même s’ils datent de 25 ans, ces travaux qui ont mené à la publication « Successful Use of Ex-Vivo Pig Liver Perfusion as a Bridge to Liver Transplant » demeurent extrêmement novateurs.
« La patiente, âgée de 56 ans, s’était présentée à l’hôpital avec des nausées et vomissements, et son état s’était rapidement dégradé, se remémore France. Elle avait sombré dans un coma encéphalopathique profond en raison d’une insuffisance hépatique sévère et avait nécessité un transfert aux soins intensifs, où elle est restée pendant 8 jours ».
Le Dr John Tchervenkov, alors directeur du programme de transplantation de l’Hôpital Royal Victoria, avait lu un article portant sur une technique expérimentale consistant à effectuer une dialyse à l’aide d’un foie de porc, dans le New England Journal of Medicine. Il a donc proposé ce traitement comme ultime recours afin de détoxifier le sang de cette patiente à l’article de la mort.
« L’idée était d’utiliser un foie de cochon en le perfusant au préalable à 4C avec une solution de préservation d’organe, pour ensuite le prélever et le relier aux veines de la patiente à l’aide d’un circuit afin de libérer les toxines de son sang », explique-t-elle.
France et Ramzi ont utilisé un système de circulation extra-corporelle afin de connecter le foie de porc à la patiente via des tubulures de perfusion. Ce circuit qui est normalement utilisé lors des chirurgies cardiaques permet de régulariser le débit de perfusion et de maintenir la température et l’oxygénation du sang.
« La perfusion a duré un peu plus de 4 heures, dit France. Une demi-heure après avoir commencé le traitement, la patiente a ouvert les yeux, et une heure et demie plus tard, elle répondait aux stimuli. C’était la preuve que l’intervention avait réussi.»
Cela a permis à la patiente de demeurer en vie le temps qu’un donneur soit trouvé, 14 heures plus tard.
« Au surlendemain de la greffe, elle s’est réveillée comme si de rien n’était ou presque, dit France. Et après sa sortie de l’hôpital, elle a pu reprendre le cours normal de sa vie. »
Ce genre d’expérimentation demeure exceptionnel, bien entendu. Mais si les techniques ont évolué et que les possibilités de maintenir des gens en vie, de les réanimer et de les sauver sont bien plus grandes aujourd’hui, c’est grâce à la recherche, à l’amélioration des soins et au dévouement des perfusionnistes auprès des patients, comme France et May.
Comme le dit Antoinette DiRe, directrice des Services multidisciplinaires du CUSM, sites adultes (DSM) et de la mission santé mentale; et responsable trajectoire NSA/SAPA: « Il n'y a pas assez de mots pour remercier nos perfusionnistes, qui vont toujours au-delà du devoir. Elles nous font toujours briller. »